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Guerre en Ukraine : les alliés de Kiev mal à l'aise avec l'idée de frappes en profondeur sur le territoire russe
information fournie par Boursorama avec Media Services 29/05/2024 à 11:59

Le Kremlin a dénoncé les "têtes brûlées en Occident qui font des déclarations provocatrices absolument irresponsables".

Capture d'écran d'une vidéo publiée sur Telegram montrant des opérations de secours après une frappe ukrainienne à Belgorod, en Russie, le 12 mai 2024. ( Telegram / @vvgladkov / HANDOUT )

Capture d'écran d'une vidéo publiée sur Telegram montrant des opérations de secours après une frappe ukrainienne à Belgorod, en Russie, le 12 mai 2024. ( Telegram / @vvgladkov / HANDOUT )

L'Ukraine doit-elle être autorisée à utiliser les armes occidentales pour frapper le territoire russe en profondeur ? Kiev et l'Otan le demandent, tandis que Moscou menace d'une escalade du conflit. Les alliés, de leur côté, n'arrivent pas à s'accorder sur une réponse claire.

Le sujet divise profondément les soutiens de Kiev, jusqu'à parfois entraîner des déclarations contradictoires au sein d'un même pays. "Nous constatons qu'il n'y a pas de consensus sur cette question dans le camp occidental" , a relevé mardi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, sur la chaîne de télévision Izvestia .

Il a fustigé les "têtes brûlées en Occident qui font des déclarations provocatrices absolument irresponsables", face à "ceux qui se demandent s'il est nécessaire d'aller plus loin dans l'escalade".

L'Otan pousse les capitales occidentales à lever des restrictions qui "lient les mains dans le dos des Ukrainiens", selon les termes de son secrétaire général, Jens Stoltenberg.

Mais les chancelleries restent divisées, les plus réticentes -Rome et Berlin notamment - brandissant le risque d'escalade, d'extension du conflit, avec en filigrane le risque de l'utilisation de l'arme nucléaire par Vladimir Poutine. L'histoire témoigne pourtant de ce que jamais l'aide militaire d'une puissance à une autre n'a entraîné son entrée dans un conflit, selon l'historien militaire Michel Goya.

En outre, des armes occidentales ont déjà été utilisées dans les provinces annexées du Donbass (Est) et en Crimée. Et Moscou a récemment accusé Kiev d'une attaque avec des bombes guidées françaises Hammer et avec des missiles anti-radar américains HARM dans la région russe de Belgorod. Moscou "avait affirmé que la Crimée (annexée en 2014, ndlr) était intouchable. Les Ukrainiens l'ont frappée avec des armes américaines et il ne s'est rien passé" , souligne à l' AFP l'ex-colonel français.

L'enjeu, pour Kiev, est fondamental avec l'offensive russe sur le nord qui menace Kharkiv, deuxième ville d'Ukraine. L'armée ukrainienne dispose de moins de soldats et de munitions que son ennemi. Mais pourrait le faire reculer avec les armes modernes lui apportant précision et longue portée.

Un temps précieux perdu

Kiev "se plaint que les limitations des alliés facilitent la capacité russe à acquérir un avantage stratégique, opérationnel et tactique", explique à l' AFP le général à la retraite britannique James Everard, ex-commandant suprême adjoint de l'Otan en Europe. Car l'offensive russe est orchestrée depuis l'autre côté de la frontière. Moscou déplace des troupes, dispose des batteries, fait décoller ses avions dans des conditions de sécurité enviables. Kiev vise depuis longtemps l'arrière du front , fait valoir Ivan Klyszcz, du Centre international pour la défense et la sécurité en Estonie. Des frappes "essentielles pour user les forces ennemies, perturber l'approvisionnement et les chaînes logistiques, faire de la contre-artillerie et perturber le commandement".

Mais la question "est de savoir si ces frappes devraient aussi se produire à l'intérieur de la Russie". Depuis le début de la guerre, l'hésitation occidentale a déjà été observée pour les missiles longue portée, les chars lourds, les avions de chasse. À chaque fois, Kiev réclame, les Occidentaux commencent par refuser, l'Ukraine pointe du doigt certaines chancelleries, qui finissent par céder. Entretemps, du temps précieux a été perdu.

"Rétrospectivement, on se dit que s'ils avaient lâché dès le départ, cela aurait été plus efficace", note Michel Goya, soulignant que "le droit international autorise le pays agressé à frapper le pays agresseur à condition de respecter le droit humanitaire".

Le général Everard déplore, lui, que les dirigeants occidentaux soient "réticents au risque, financièrement contraints et tellement auto-dissuadés par la Russie". La situation est d'autant plus complexe que ce n'est pas l'OTAN qui décide, mais chaque pays via des accords bilatéraux. "Cela produit un ensemble hétérogène de libertés et de contraintes difficiles à interpréter".

Envoyer des hommes ?

Le prochain dossier, déjà sur la table, concerne l'envoi en Ukraine de soldats occidentaux. Le président français, Emmanuel Macron, a ouvert le débat fin février en refusant d'exclure l'option.

Il a d'abord été fraîchement accueilli avant de voir des alliés -République Tchèque, Pologne, États baltes notamment- le rejoindre. Et certains observateurs considèrent que la question n'est plus de savoir si, mais quand, des soldats européens seront déployés. "La rupture du tabou par le président Macron a affaibli la dissuasion russe", estime Ivan Klyszcz, "de nombreux alliés évoquant désormais la possibilité d'une forme de présence au sol" pour une assistance technique ou des formations.

Et si l'option peut rebuter certains Européens, beaucoup d'observateurs plaident pour maintenir l'ambiguïté stratégique, qui consiste à cacher à son ennemi ce que l'on n'est pas prêt à faire.

"Exclure publiquement la présence de troupes occidentales en Ukraine n'a pas de sens (...). La simple possibilité est une des plus grandes craintes du Kremlin" , estime Keir Giles, pour le think tank britannique Chatham House.

12 commentaires

  • 29 mai 18:12

    Effectivement les ruSSes.


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