Faute de soutien européen, l'Ukraine se retrouvera à court d'argent dès la fin du premier trimestre de l'an prochain.
( AFP / JOHN THYS )
Confrontée à l'invasion russe, l'Ukraine va avoir besoin de plus de 70 milliards d'euros pour financer la guerre. Cette somme va principalement être fournie par l'Union européenne, selon un document de la Commission européenne détaillant trois options pour y parvenir.
"L'ampleur du déficit de financement de l'Ukraine est significative" , avertit la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, dans une lettre accompagnant ce document, consulté lundi par l' AFP .
L'Union européenne s'est engagée lors d'un sommet de ses dirigeants en octobre à financer l'effort de guerre de l'Ukraine pour la période 2026-2027. Selon les estimations du Fonds monétaire international (FMI), citées dans ce document, les besoins de financement de l'Ukraine vont atteindre, au total, au cours de cette période quelque 135,7 milliards d'euros, dont 51,6 milliards en soutien militaire pour la seule année 2026.
Faute de soutien européen, l'Ukraine se retrouvera à court d'argent dès la fin du premier trimestre de l'an prochain, a averti la Commission européenne.
Face à l'urgence, Bruxelles propose trois options, dont une utilisation des avoirs gelés russes dans l'UE , clairement favorisée par plusieurs pays, dont l'Allemagne, en raison de son impact nul sur les finances publiques.
Avoirs russes
Quelque 210 milliards d'euros d'avoirs de la banque centrale russe sont actuellement sous la garde de la société Euroclear, basée à Bruxelles. La Commission propose d'en utiliser quelque 140 milliards pour financer un prêt du même montant à l'Ukraine, qu'elle ne remboursera que si la Russie lui paie des réparations. Totalement inédite, cette solution se heurte toutefois à l'hostilité de la Belgique, qui redoute de se retrouver seule à payer les pots cassés en cas de problème, et à l'extrême méfiance ce la Banque centrale européenne (BCE), qui redoute ses effets sur les marchés financiers.
Les deux autres options n'ont pas cet inconvénient mais elles représentent un "impact" beaucoup plus important pour les États membres.
La Commission européenne propose ainsi que les pays de l'UE financent directement l'Ukraine sous forme de dons, en fonction de leur propre Produit intérieur brut (PIB). Dans ce cas, un minimum de 90 milliards d'euros d'ici 2027 sera nécessaire, à condition que la guerre prenne fin en 2026, et que les autres pays alliés de l'Ukraine assument le reste, indique la Commission.
Autre solution, un emprunt européen, qui aurait l'avantage de limiter l'impact direct sur les budgets nationaux. Mais, avertit Bruxelles, les intérêts de cet emprunt devront être payés par les États membres. Ils devront également apporter des garanties solides, et donc représentant un coût pour leurs budgets, au cas où l'Ukraine ne serait pas en mesure de rembourser ce prêt, a précisé la Commission.
Le document présentant ces options sera sur la table des 27 lors d'un sommet crucial les 18 et 19 décembre à Bruxelles.
La Belgique est sous pression de la part des autres pays de l'UE, et de la Commission européenne, pour accepter la solution la moins coûteuse, mais rien ne dit qu'elle cédera d'ici là. Un compromis pourrait alors être de mélanger les différentes solutions, au moins à court terme, en ayant recours à des dons directs et à un emprunt limité, indique encore ce document.
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