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Guerre en Ukraine : ce que l'on sait des sanctions américaines contre les piliers de la rente pétrolière russe
information fournie par Boursorama avec Media Services 23/10/2025 à 16:37

La porte-parole de la diplomatie russe a assuré que le pays était "immunisé" contre ces pressions économiques.

Vladimir Poutine et Donald Trump à Anchorage, aux États-Unis, le 15 août 2025. ( AFP / ANDREW CABALLERO-REYNOLDS )

Vladimir Poutine et Donald Trump à Anchorage, aux États-Unis, le 15 août 2025. ( AFP / ANDREW CABALLERO-REYNOLDS )

Rosneft et Lukoil. À eux deux, ces géants du secteur des hydrocarbures représentent plus de la moitié de la production russe de pétrole. Quelle portée vont avoir les sanctions annoncées par Donald Trump -ses premières contre la Russie depuis son retour au pouvoir- contre ces piliers de la rente russe des hydrocarbures.

Voici ce que l'on sait sur ces mesures et leurs possibles conséquences économiques et politiques, alors que l'UE a annoncé parallèlement un arrêt total des importations de gaz naturel liquéfié (GNL) russe d'ici fin 2026.

• Deux groupes stratégiques visés

Les sanctions américaines impliquent un gel de tous les actifs de Rosneft et Lukoil aux États-Unis ainsi qu'une interdiction à toutes les entreprises américaines de faire des affaires avec ces sociétés.

Rosneft, dont le gouvernement russe est l'actionnaire majoritaire , affirme produire environ 40% du pétrole russe. Pour sa part, Lukoil, une entreprise privée, revendique autour de 15% de la production pétrolière russe. Les deux groupes produisent aussi du gaz. Ils sont des piliers de la rente des hydrocarbures permettant à l'État russe de financer son effort de guerre contre l'Ukraine.

Pour cette raison, plusieurs raffineries de Rosneft et Lukoil ont été endommagées ces derniers mois par des attaques de drones ukrainiens, entraînant d'importantes baisses de production et une hausse du prix de l'essence en Russie.

Les Européens ont également ciblé le secteur pétrolier russe en annonçant mercredi soir un nouveau train de mesures, notamment un arrêt total des importations de gaz naturel liquéfié (GNL) russe d'ici fin 2026 et des mesures contre la flotte fantôme de pétroliers que Moscou utilise pour contourner les sanctions. L'UE a réduit de manière drastique sa dépendance au gaz naturel russe depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie. La part du gaz russe dans les importations du bloc est passée de 38% avant le conflit à seulement 7% aujourd’hui, selon un calcul de l’AFP sur les chiffres fournis par l’institut Bruegel.

Risque de sanctions secondaires

Lukoil et Rosneft se trouvent désormais sur la liste des entités sanctionnées par les États-Unis (SDN list) qui est suivie également par de nombreux pays.

Les sociétés travaillant avec Rosneft et Lukoil peuvent être sanctionnées par ricochet, notamment privées d'accès à des banques américaines, négociants, expéditeurs et assureurs qui forment l'ossature du marché des matières premières. La menace de sanctions secondaires est "très importante" parce que personne ne veut être "privé de relations" avec le secteur bancaire américain, très puissant et essentiel dans les transactions en dollars, souligne auprès de l' AFP Maia Nikoladze, expert au centre de réflexion Atlantic Council, basé aux États-Unis.

Ces sanctions visent ainsi principalement, selon l'expert russe Alexeï Gromov, à empêcher la Russie et l'Inde d'échanger en dollars, alors que New Delhi est devenu l'un des principaux importateurs de pétrole russe. "C'est un coup important qui entraînera des difficultés dans les livraisons de pétrole russe en Inde", affirme à l'AFP Alexeï Gromov, directeur de l'Institut de l'énergie et des finances, basé à Moscou.

Cependant, selon lui, ces sanctions n'auront a priori pas d'effet sur les échanges entre la Russie et la Chine , le premier acheteur d'hydrocarbures russes, car leurs transactions ne sont pas en dollars mais en yuans.

Mais "Lukoil et Rosneft ont beaucoup de projets à l'étranger, qui seront affectés, car les partenaires ne voudront pas travailler dans de telles conditions", a commenté pour sa part l'analyste Georguï Bovt, interrogé par la radio russe BFM . Selon Alexeï Gromov, les efforts pour contourner ces sanctions entraîneront des "coûts" et, d'après lui, les revenus des hydrocarbures russes vont baisser.

• Portée politique et économique

"Trump a choisi les sanctions économiques plutôt que l'escalade militaire", note Georguï Bovt, alors que le dirigeant ukrainien Volodymyr Zelensky a échoué à le convaincre de lui fournir des missiles de croisière américains Tomahawk lors de leur rencontre vendredi à Washington.

Mais Donald Trump est allé plus loin que son prédécesseur démocrate Joe Biden , qui avait sanctionné deux compagnies pétrolières russes de moindre envergure, Gazprom Neft et Surgutneftegas, avant son départ de la Maison Blanche. "Inclure les plus grandes entreprises pétrolières de Russie dans la SDN list, même Biden n'avait pas décidé d'aller jusque là", pointe Georguï Bovt.

"C'est un tournant concernant la pression politique exercée sur la Russie", abonde auprès de l' AFP Jorge Leon, analyste au centre de recherche Rystad Energy, basé en Norvège.

Selon lui, il n'est pas acquis que la Chine seule compense le manque à gagner des exportations normalement destinées à l'Inde et la Turquie, un autre acheteur majeur, du fait des sanctions touchant Lukoil et Rosneft. "Nous allons assister à une diminution des achats officiels de brut russe et probablement à une augmentation du trafic commercial de la flotte fantôme russe", estime-t-il.

De son côté, la porte-parole de la diplomatie russe a assuré que le pays était "immunisé" contre ces pressions économiques, tandis que Volodymyr Zelensky a estimé qu'elles envoyaient un "message fort" à Moscou pour mettre fin à la guerre.

5 commentaires

  • 17:36

    Avec Trump, ce sont toujours des menaces sans suites ou bien des sanctions dont la douleur n'est qu'apparente, pour le petit peuple démocrate... Sa compromission et sa faiblesse sont totales.


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