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Grande-Bretagne: La BoE, divisée, abaisse son principal taux directeur
information fournie par Reuters 07/08/2025 à 14:41

Le siège de la Banque d'Angleterre à Londres

Le siège de la Banque d'Angleterre à Londres

par William Schomberg, David Milliken et Suban Abdulla

La Banque d'Angleterre (BoE) a abaissé jeudi ses taux directeurs comme prévu, mais quatre de ses neuf responsables de la politique monétaire, inquiets d'une inflation élevée, ont opté pour une pause dans la baisse des coûts d'emprunt.

La difficulté de parvenir à un accord a contraint le Comité de politique monétaire (MPC) à procéder à deux votes sur les taux pour la première fois de son histoire.

Le MPC a été divisé sur la manière de réagir à un taux d'inflation qui, selon les prévisions de la BoE, atteindra bientôt le double de l'objectif de 2% et à une détérioration récente du marché de l'emploi. Le gouverneur de la BoE, Andrew Bailey et quatre de ses collègues se sont prononcés en faveur d'un assouplissement du taux directeur pour qu'il passe de 4,25% à 4,0%.

Mais ce n'est qu'après un premier tour de vote qui s'est soldé par une répartition en 4-4-1 qu'un deuxième tour a permis de trancher avec cinq voix pour et quatre contre.

Alan Taylor, membre externe du MPC, avait au préalable soutenu une réduction d'un demi-point.

Parmi les quatre membres du comité de politique monétaire qui se sont prononcés en faveur d'un maintien des taux, Clare Lombardelli, gouverneure adjoint chargé de la politique monétaire, s'est écartée de la majorité pour la première fois. Huw Pill, le chef économiste de la BoE, a également voté pour le maintien du principal taux directeur à 4,25%.

La BoE a réitéré sa formulation sur "une approche graduelle et prudente" pour de nouvelles réductions des coûts d'emprunt, mais a ajouté une nouvelle ligne à son message sur les perspectives, laissant entendre que sa série de baisses de taux pourrait approcher de sa fin.

"Le caractère restrictif de la politique monétaire a diminué au fur et à mesure que le taux d'escompte a été réduit", écrit la banque centrale dans son communiqué de politique monétaire, qui ne stipule plus directement que la politique est toujours restrictive. La BoE a redit qu'il n'y avait pas de trajectoire préétablie pour les coûts d'emprunt.

Un arrêt de l'assouplissement des taux de la BoE constituerait un coup dur pour la ministre des Finances, Rachel Reeves, et le Premier ministre, Keir Starmer, qui avaient promis aux électeurs, lors des législatives, d'accélérer la croissance économique du pays.

Andrew Bailey a déclaré que la décision de réduire les taux pour la cinquième fois depuis août 2024 était "finement équilibrée", tout en estimant que ceux-ci sont toujours sur une trajectoire descendante.

"Mais toute réduction future des taux devra se faire de manière progressive et prudente", a-t-il ajouté, cité dans un communiqué.

Prié de dire si les taux étaient toujours sur une trajectoire descendante, lors de la conférence de presse qui a suivi la décision de la banque centrale, Andrew Bailey a répondu : "Oui (...) Je pense que la trajectoire continue d'être à la baisse."

"Il existe cependant une réelle incertitude quant à l'évolution des taux. Pour être honnête, je voulais dire que je pense que cette évolution est devenue plus incertaine", a-t-il ajouté.

HAUSSE DES RENDEMENTS OBLIGATAIRES

Immédiatement après la décision des la Banque d'Angleterre, les rendements des obligations d'Etat britanniques, ont augmenté, avec un dix ans prenant six points de base, à 4,59%, tandis que le deux ans, plus sensible, montait également de six points de base, à 3,89%.

A la Bourse de Londres, le principal indice, le FTSE 100 <.FTSE 100> accentuait son repli, cédant 0,81%. L'indice FTSE 250 des capitalisations moyennes, quant à lui, avait effacé ses gains initiaux, s'affichant en baisse de 0,05%.

Sur le marché des changes, la tension dans les rendements soutenait la livre sterling, en hausse de 0,5% face au dollar, à 1,3407 dollar. La monnaie britannique s'est également renforcée face à l'euro, à 87 pence.

Selon les analystes, le Comité de politique monétaire de la BoE reste attaché à son approche "progressive et prudente" en matière d'assouplissement monétaire, atténuant ainsi les craintes d'une approche plus agressive.

"Avec quatre dissidents, la future baisse des taux d'intérêt au Royaume-Uni reste incertaine", a déclaré Michael Metcalfe, responsable de la stratégie macroéconomie chez State Street Markets.

"Il est peu probable que les sceptiques du MPC soient apaisés de sitôt, à moins que la politique budgétaire ne devienne nettement plus restrictive", a-t-il ajouté.

DES RISQUES CONTRADICTOIRES

La BoE est tiraillée quant à la direction à prendre, laissant les analystes comme ses propres décideurs politiques divisés sur ses actions les plus probables à mener dans les mois à venir.

Le marché de l'emploi britannique s'est affaibli ces derniers mois, en partie à cause d'une hausse des impôts sur les entreprises et par la guerre commerciale du président américain Donald Trump.

L'inflation réaccélère cependant, la BoE ayant révisé à la hausse sa prévision en la matière avec désormais un pic à 4% en septembre, contre 3,7% auparavant. Elle a souligné rester attentive au risque que l'augmentation des prix - en particulier ceux de l'alimentation - exercent une pression dans les négociations salariales et les prix à plus long terme.

"Dans l'ensemble, le comité de politique monétaire estime que les risques de hausse des pressions inflationnistes à moyen terme se sont légèrement accrus depuis le mois de mai", peut-on lire dans le résumé de la réunion du MPC.

S'exprimant en conférence de presse après la décision de la BoE, Andrew Bailey a également noté que les consommateurs avaient été plus prudents que prévu.

"Les consommateurs semblent rester plus prudents que prévu, peut-être échaudés par des risques de baisse plus importantes de l'activité et le risque d'évolutions défavorables plus soudaines sur le marché du travail", a-t-il déclaré.

"Les prix des denrées alimentaires et de l’énergie sont importants pour les consommateurs et affectent souvent les anticipations d’inflation plus que les autres prix. Nous devons donc être très prudents afin que cela n’entraîne pas d’effets secondaires supplémentaires sur la fixation des salaires et des prix dans l’économie", a-t-il ajouté.

La BoE a dit s'attendre à ce que l'inflation ne revienne à son objectif de 2% qu'au deuxième trimestre 2027, soit un retard de trois mois par rapport aux prévisions précédentes.

En comparaison, la Banque centrale européenne (BCE) s'attend à ce que l'inflation en zone euro se maintienne en dessous de 2%. La BCE a réduit ses coûts d'emprunt à huit reprises depuis juin 2024, soit trois baisses de plus que la BoE.

L'inflation a été presque constamment supérieure à l'objectif de 2% de la BoE depuis mai 2021.

Concernant les projections sur le produit intérieur brut (PIB), la banque centrale britannique a dit anticiper une croissance économique de 0,3% entre juillet et septembre, contre 0,1% au deuxième trimestre.

Ses prévisions de croissance à plus long terme n'ont guère changé par rapport aux perspectives données en mai, avec une croissance annuelle d'un peu plus de 1% attendue dans les années à venir.

Avant la baisse des taux de jeudi, les investisseurs tablaient principalement sur une nouvelle baisse des coûts d'emprunt en novembre, mais seulement sur une ou deux autres baisses en 2026.

Dans une enquête Reuters publiée en juillet, 83% des économistes interrogés, soit 62 sur 75, prévoyaient une baisse de 25 points de base des taux de la BoE ce mois-ci.

(Avec la contribution de Stefano Rebaudo, Sarah Young, Alistair Smout et Alun John; version française Claude Chendjou, édité par Blandine Hénault et Kate Entringer)

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