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GB-"Garder la tête froide", la stratégie de Starmer au sujet de l'Ukraine
information fournie par Reuters 05/03/2025 à 18:08

par Elizabeth Piper

"Garder la tête froide", telle est la stratégie du Premier ministre britannique Keir Starmer, qui a endossé un rôle de médiateur sur la question de l'Ukraine afin de maintenir les liens entre l'Europe et les Etats-Unis et protéger la Grande-Bretagne de potentiels droits de douane américains.

Il a formé une alliance inattendue avec le président français Emmanuel Macron, qui a critiqué le départ de la Grande-Bretagne de l'Union européenne, et créé des liens avec Donald Trump, qui, selon des responsables britanniques, apprécie l'absence de prétention de Keir Starmer.

"Vous êtes un négociateur très coriace (...) Je ne suis pas sûr d'aimer ça, mais d'accord", a déclaré Donald Trump à Keir Starmer lors d'une conférence de presse après leur rencontre à la Maison blanche jeudi.

Le Premier ministre britannique a mérité son salaire avec ses efforts pour tenter d'éviter des droits de douane supplémentaires américains, a déclaré Donald Trump, sans dire s'il l'avait convaincu.

Depuis que Donald Trump a bouleversé l'approche de Washington à l'égard de l'Ukraine au début de l'année, Keir Starmer a contribué à défendre la position de Kyiv sans offenser le dirigeant américain, qui souhaite un accord de paix rapide, avec ou sans le président Volodimir Zelensky.

Après s'être entretenu avec les dirigeants européens à Londres dimanche, Keir Starmer a déclaré que la Grande-Bretagne, la France et d'autres pays travailleraient sur une proposition d'accord de paix à présenter à Donald Trump et sur une "coalition de volontaires" pour le défendre.

Keir Starmer et Emmanuel Macron espèrent que leur initiative les aidera à consolider la sécurité européenne, alors que l'Allemagne se remet de plusieurs mois d'incertitude politique intérieure.

Toutefois, le Premier ministre britannique n'a pas précisé quelles autres nations pourraient envoyer des troupes de maintien de la paix ou accélérer leurs livraisons d'armes.

Certains pays émettent des réserves quant à l'envoi de soldats. La Pologne, qui, selon une source au fait de la sécurité nationale, subit des "pressions importantes" pour envoyer ses forces en Ukraine, affirme qu'aucune décision ne sera prise avant l'élection présidentielle en mai.

La Grande-Bretagne espère toujours obtenir l'adhésion d'autres pays, mais le temps presse car Donald Trump a augmenté la pression en interrompant l'aide américaine à l'Ukraine.

Dimanche, Keir Starmer a exhorté les nations à "maintenir le rythme de ces actions", ajoutant que "ce n'est pas le moment de parler davantage - il est temps d'agir".

APPROCHE SEREINE ET MÉTHODIQUE

Avocat de formation, parfois critiqué pour son manque d'humour, Keir Starmer a été largement salué pour son approche sereine et méthodique lors des discussions à la Maison blanche et des réunions qui ont suivi à Londres avec Volodimir Zelensky et les dirigeants européens ce week-end.

"Ce week-end, il n'a pas vraiment fait de faux-pas", a déclaré l'ancien ministre des Affaires étrangères James Cleverly, du Parti conservateur d'opposition, au Parlement lundi.

Bien que le Premier ministre britannique n'ait pas encore obtenu de garanties de sécurité américaines pour l'Ukraine, il s'est efforcé de réparer la rupture sans précédent dans les relations entre les États-Unis et l'Ukraine, comme en témoigne l'échange entre Volodimir Zelenskiy et Donald Trump dans le Bureau ovale vendredi dernier.

Selon une source britannique, Keir Starmer a conseillé Volodimir Zelensky sur les moyens de surmonter le désaccord avec Donald Trump.

Le dirigeant ukrainien a écrit à Donald Trump mardi pour lui dire qu'il était prêt à négocier. Keir Starmer a appelé Volodimir Zelensky plus tôt dans la journée, faisant l'éloge de son engagement en faveur de la paix.

C'est l'appel téléphonique surprise entre Donald Trump et le président russe Vladimir Poutine, le 12 février, qui a poussé Keir Starmer à agir.

"Il est temps de garder la tête froide", a déclaré une source gouvernementale à l'époque, utilisant une expression que les responsables répètent.

Un jour plus tard, le président américain a appelé Keir Starmer qui se trouvait avec l'émissaire de Donald Trump au Royaume-Uni, Mark Burnett. Il se sont ensuite appelés quatre fois et vus à la Maison blanche.

Ces conversations ont été entrecoupées d'appels avec Volodimir Zelensky et Emmanuel Macron.

"PRINCE DES TÉNÈBRES"

L'équipe de Keir Starmer a déclaré que le dirigeant britannique avait fait quelques progrès avec Donald Trump, citant la réitération par le leader américain de l'engagement de Washington envers l'article 5 de l'Otan, qui stipule que si un pays membre est attaqué, tous les membres considéreront qu'il s'agit d'une attaque contre eux-mêmes.

Malgré ces revers, Keir Starmer poursuit la rédaction d'un plan de paix, tandis que son nouvel ambassadeur aux États-Unis, le vétéran travailliste Peter Mandelson, veille à ce que l'administration Trump reste sur ses positions.

Peter Mandelson, surnommé le "prince des ténèbres" par les médias britanniques pour ses talents de négociateur en coulisses, a suggéré dimanche à la télévision américaine que Volodimir Zelensky soutienne l'accord sur les minerais avec les États-Unis et se remette "sur la même longueur d'onde" que Donald Trump.

Keir Starmer mise sur le fait que si les pays européens s'engagent à augmenter leurs dépenses de défense et à mettre en place un plan pour assurer la sécurité de l'Ukraine, Donald Trump offrira le soutien des États-Unis en matière de sécurité, ce qui, selon lui, est essentiel pour dissuader le président russe d'attaquer à nouveau.

Tobias Ellwood, un ancien parlementaire conservateur qui a présidé la commission sur la défense, a déclaré qu'il était important de trouver un juste équilibre et de se préparer à travailler sans Washington si nécessaire.

"De la même manière que Trump respecte les brutes qui lui tiennent tête, nous devons rester fermes sur ce en quoi nous croyons", a-t-il déclaré à Reuters.

S'adressant à ses principaux ministres mardi, Keir Starmer a déclaré, à propos de ses sept jours de navette diplomatique, que "tout le monde était aligné sur la poursuite d'un plan qui apportera une paix durable à l'Ukraine".

Il a déclaré aux ministres, selon son porte-parole, "qu'il continuerait à avoir des conversations à un rythme soutenu".

(Reportage Elizabeth Piper, avec Kate Holton à Londres, Barbara Erling à Varsovie et Michel Rose à Paris ; Mara Vîlcu et Leo Marchandon pour la version française, édité par Kate Entringer)

1 commentaire

  • 05 mars 21:58

    Et pendant ce temps,
    où en est l'enquête sur les milliers de viols de petites filles anglaises issues de milieux défavorisés par des gangs pakistanais et sur le silence des autorités politiques et judiciaires?


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