*
Pressions pour la deuxième phase de plan américain
*
Le cessez-le-feu à Gaza reste précaire
*
Le Hamas et les médiateurs s'entretiennent au Caire
*
Optimiste, Vance salue la coopération israélienne
(Actualisé avec déclarations de JD Vance §§1, 4-5)
par Maayan Lubell et Nidal al-Mughrabi
Le vice-président américain JD Vance a fait part mardi en Israël de son optimisme et salué ce qu'il a qualifié de coopération du gouvernement israélien à la mise en oeuvre du plan de paix de Donald Trump pour Gaza, alors que Washington tente de stabiliser la première phase du cessez-le-feu et de faire pression sur le Hamas et l'Etat hébreu pour les prochains pourparlers.
Depuis la conclusion du cessez-le-feu plus tôt ce mois-ci, le Hamas et Israël se sont mutuellement accusés de violer l'accord avec des actes de violence et des bombardements, ou en ne respectant pas les clauses sur la restitution du corps des otages ou l'acheminement de l'aide dans la bande de Gaza.
Les prochaines étapes du plan en 20 points du président américain Donald Trump nécessiteront ainsi des concessions plus difficiles pour les deux parties, notamment sur le désarmement du Hamas, les mesures en faveur d'un État palestinien et le retrait de Tsahal de l'enclave.
Le vice-président américain s'est montré optimiste sur le fait que le cessez-le-feu tiendrait dans la bande de Gaza, à la suite de son déplacement, saluant la coopération du gouvernement de Benjamin Netanyahu.
"Le gouvernement israélien a été remarquablement coopératif dans la mise en place du plan de Gaza", a déclaré JD Vance lors d'une conférence de presse au Centre de coordination à Kiryat Gat, dans le sud d'Israël, où des soldats américains ont été déployés pour surveiller la mise en place de l'accord de paix.
PRESSION POUR LE PASSAGE À LA DEUXIÈME PHASE DU PLAN
La visite de JD Vance en Israël fait suite à la rencontre lundi entre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et les émissaires américains Steve Witkoff et Jared Kushner, le gendre de Donald Trump, et intervient alors que le Hamas rencontre des médiateurs au Caire.
Un haut responsable israélien a déclaré que la visite du vice-président américain avait pour but de faire avancer les pourparlers vers la deuxième phase du plan américain pour Gaza.
Les négociations du Hamas au Caire, menées par le chef en exil du groupe, Khalil al Hayya, portent également sur la prochaine phase de la trêve mais aussi sur les arrangements d'après-guerre et la stabilisation du cessez-le-feu existant.
Le chef du renseignement égyptien, Hassan Mahmoud Rachad, a rencontré tôt mardi Benjamin Netanyahu, a rapporté la partie israélienne. Il doit aussi rencontrer Steve Witkoff, selon la télévision égyptienne.
Soulignant la fragilité de l'accord entre Israël et le Hamas, le Qatar, un médiateur clé, a accusé mardi Israël de "violations continues" du cessez-le-feu.
Le plan de Donald Trump pour l'enclave palestinienne prévoit la création d'un comité palestinien technocratique supervisé par un conseil international, excluant de facto le Hamas de tout rôle dans la gouvernance de Gaza.
Un responsable palestinien au fait des négociations a déclaré que le Hamas encourageait la formation d'un tel comité, mais que le consentement du groupe, des factions armées palestiniennes et de l'Autorité palestinienne était nécessaire.
La semaine dernière, Mohammed Nazzal, haut responsable du Hamas, a déclaré à Reuters que le groupe comptait conserver un rôle de sécurité à Gaza au cours d'une période intérimaire non définie.
Israël insiste sur le fait que le Hamas ne peut jouer aucun rôle dans la bande de Gaza, et continue à appeler au désarmement du groupe. Mohammed Nazzal n'a fait aucun commentaire sur un possible dépôt des armes du Hamas.
Le groupe armé palestinien a affronté des gangs rivaux à Gaza la semaine dernière et a publiquement exécuté des hommes qu'il accusait d'avoir collaboré avec Israël.
Si Donald Trump a cautionné ces exécutions, le commandement de l'armée américaine pour le Moyen-Orient a exhorté le Hamas à mettre fin à ces violences "sans délai".
JD Vance devait se rendre mardi au quartier général des forces conjointes dirigées par l'armée américaine et destinées à contribuer aux efforts de stabilisation de la bande de Gaza.
RETOUR DES CORPS ET ACHEMINEMENT DE L'AIDE
S'exprimant à la télévision égyptienne lundi en fin de journée, Khalil al Hayya a réaffirmé que le Hamas respectait la trêve et qu'il remplirait ses obligations en vertu de la première phase du plan américain.
"Que les corps (des otages) soient rendus à leurs familles, et que les corps de nos martyrs soient rendus à leurs familles pour être enterrés dans la dignité", a-t-il déclaré.
Une quinzaine de corps d'otages israéliens se trouveraient encore à Gaza. Israël s'attend à ce que cinq d'entre eux soient restitués rapidement mais retrouver les autres dépouilles pourrait nécessiter un processus plus lent et plus complexe.
Le corps d'un otage capturé par le Hamas lors de l'attaque du 7 octobre 2023 a été restitué lundi et identifié par les autorités israéliennes tandis que l'Etat hébreu a restitué 15 corps palestiniens mardi, selon les autorités sanitaires locales. Au total, 165 corps de Palestiniens ont été restitués à Gaza.
Des responsables palestiniens et des Nations unies ont indiqué mardi que l'aide humanitaire affluait de plus en plus dans la bande de Gaza, via les deux points de passage contrôlés par Israël.
Les Gazaouis sont malgré tout toujours confrontés à des conditions catastrophiques, les agences d'aide exhortant à l'acheminement de plus d'aide.
Ismaïl al Thawabta, directeur du bureau des médias du gouvernement de Gaza, dirigé par le Hamas, a déclaré que le nombre de camions entrés était bien inférieur à ce qui avait été convenu. Il a qualifié ce chiffre de "goutte d'eau dans l'océan de ce dont les gens ont besoin".
Près de 750 tonnes de nourriture transitent quotidiennement dans l'enclave palestinienne, selon le Programme alimentaire mondial (PAM), mais ce chiffre est bien insuffisant pour répondre aux besoins, ajoute l'agence onusienne.
"Pour atteindre l'objectif, nous devons utiliser tous les points de passage dès maintenant", a déclaré Abeer Etefa, porte-parole du PAM, lors d'une conférence de presse à Genève en Suisse.
Seuls deux postes-frontières sont ouverts, celui de Kerem Shalom au sud et celui de Kissoufim dans le centre de la bande de Gaza, selon elle.
Les Gazaouis ne mangent qu'une partie des denrées alimentaires livrées, préférant entreposer la nourriture par peur de reprise des bombardements, indique Abeer Etefa.
"Ils n'en mangent qu'une partie et ils rationnent pour garder des vivres en cas d'urgence parce qu'ils ne savent pas combien de temps va durer le cessez-le-feu et ce qu'il va arriver ensuite."
Depuis la trêve, les violences à Gaza se sont principalement concentrées autour de la "ligne jaune" délimitant le retrait militaire partiel d'Israël. Mardi, la radio publique israélienne Kan a annoncé que les troupes avaient tué une personne qui avait franchi la ligne.
Les Gazaouis qui se trouvent à proximité de cette ligne, qui traverse des zones dévastées proches des grandes villes, ont déclaré qu'elle n'était pas clairement délimitée et qu'il était difficile de savoir où commençait la zone d'exclusion.
Les bulldozers israéliens ont commencé à placer des blocs de béton jaunes le long de la ligne lundi.
(Reportages Nidal al-Mughrabi au Caire et Maayan Lubell, Steven Scheer et Alex Cornwell à Jérusalem ; rédigé par Angus McDowall ; version française Etienne Breban et Zhifan Liu ; édité par Augustin Turpin et Blandine Hénault)
0 commentaire
Vous devez être membre pour ajouter un commentaire.
Vous êtes déjà membre ? Connectez-vous
Pas encore membre ? Devenez membre gratuitement
Signaler le commentaire
Fermer