
Gaza-Début des pourparlers en Égypte au sujet du plan de Trump
par Ahmed Fahmy, Nidal al-Mughrabi et Andrew Mills
Des délégations d'Israël et du Hamas ont entamé lundi des négociations indirectes en Égypte dont les États-Unis espèrent qu'elles permettront de mettre fin à la guerre à Gaza, avec au coeur de leurs échanges des questions sensibles telles que le retrait israélien de l'enclave et le désarmement du Hamas.
Israël et le Hamas ont tous deux approuvé les grandes lignes du plan du président américain Donald Trump, qui prévoit notamment la fin des combats, la libération des otages et l'acheminement de l'aide à Gaza.
Alors que ce plan est également soutenu par les États arabes et occidentaux, Donald Trump a appelé à des négociations rapides en vue d'un accord final, Washington considérant que la possibilité de mettre fin au conflit - qui dure depuis deux ans - n'a jamais été aussi grande.
"On me dit que la première phase devrait être achevée cette semaine, et je demande à tout le monde d'AGIR RAPIDEMENT", a déclaré le locataire de la Maison blanche dans un message publié sur les réseaux sociaux.
Les deux parties cherchent cependant à clarifier des détails cruciaux du plan, notamment sur des sujets qui ont fait échouer toutes les tentatives précédentes de mettre fin à la guerre et qui pourraient empêcher la conclusion rapide d'un accord.
Alors que Donald Trump a pressé Israël de suspendre ses bombardements sur Gaza dans le cadre des pourparlers, les habitants de l'enclave ont déclaré que l'Etat hébreu avait considérablement réduit son offensive, sans toutefois l'arrêter complètement.
Les autorités sanitaires de Gaza ont fait état de 19 personnes tuées par les frappes israéliennes au cours des dernières 24 heures, soit environ un tiers du bilan quotidien habituel de ces dernières semaines, au cours desquelles Israël a lancé l'une de ses plus importantes offensives avec un assaut sur la ville de Gaza.
DES POURPARLERS D'AU MOINS QUELQUES JOURS
La télévision d'État égyptienne a indiqué que des pourparlers indirects avaient commencé dans la station balnéaire de Charm El Cheikh, sur la mer Rouge, avec des délégations de l'Égypte, des États-Unis et du Qatar également présentes en tant qu'intermédiaires.
Ces discussions ont débuté à la veille du deuxième anniversaire de l'attaque du Hamas contre Israël à l'origine du conflit, au cours de laquelle les combattants du groupe palestinien ont tué 1.200 personnes et fait 251 otages.
La campagne militaire de représailles d'Israël a depuis tué plus de 67.000 Palestiniens et laissé la majorité des 2,2 millions d'habitants de Gaza sans abri et affamés dans les décombres de l'enclave détruite par des bombardements incessants.
Des sources égyptiennes ont indiqué que le Hamas souhaitait obtenir des éclaircissements sur plusieurs points, notamment des garanties qu'Israël tiendrait sa promesse de retirer ses troupes de Gaza une fois que les combattants du groupe palestinien auraient renoncé à leur moyen de pression en libérant les otages.
Une source sécuritaire israélienne de haut rang a toutefois déclaré que les pourparlers ne porteraient initialement que sur la libération des otages et qu'ils donneraient au Hamas quelques jours pour achever cette phase.
Israël ne fera pas de compromis en retirant uniquement ses troupes jusqu'à la "ligne jaune" à Gaza - une limite pour un premier retrait prévu dans le cadre du plan Trump, a déclaré la source. Cette ligne créerait une zone tampon stratégique et la poursuite du retrait dépendrait du respect par le Hamas de certaines conditions.
Bien que Donald Trump affirme vouloir un accord rapide, un responsable informé des négociations, s'exprimant sous couvert d'anonymat, a déclaré qu'il s'attendait à ce que le cycle de pourparlers dure au moins quelques jours.
LA DIFFICILE RESTITUTION DES OTAGES DÉCÉDÉS
Un responsable impliqué dans la planification du cessez-le-feu et une source palestinienne ont en outre déclaré que la date limite fixée par Donald Trump pour la restitution des otages dans les 72 heures pourrait être impossible à respecter en ce qui concerne les dépouilles des otages décédés, dont certaines devraient être auparavant localisées et récupérées sur des sites situés sur le champ de bataille.
Un responsable palestinien proche des pourparlers s'est montré sceptique quant aux perspectives d'une percée compte tenu de la profonde méfiance mutuelle, affirmant que le Hamas et d'autres factions palestiniennes craignaient qu'Israël ne cesse de négocier une fois qu'il aurait récupéré les otages.
La délégation israélienne comprend des responsables des agences d'espionnage Mossad et Shin Bet, le conseiller en politique étrangère de Benjamin Netanyahu, Ophir Falk, et le coordinateur des otages, Gal Hirsch.
Le négociateur en chef d'Israël, le ministre des Affaires stratégiques Ron Dermer, devrait rejoindre la délégation dans le courant de la semaine en fonction de l'évolution des négociations, selon trois responsables israéliens.
La délégation du Hamas est dirigée par le chef du groupe en exil, Khalil Al Hayya, qui a survécu à une frappe aérienne israélienne ayant tué son fils à Doha, la capitale du Qatar, il y a un mois.
Selon la Maison blanche, les États-Unis sont représentés par l'envoyé spécial Steve Witkoff et Jared Kushner, le gendre du président qui a des liens étroits avec le Moyen-Orient.
Les parties "examinent les listes des otages israéliens et des prisonniers politiques qui seront libérés", a déclaré lundi la porte-parole de la Maison blanche, Karoline Leavitt.
"L'administration travaille d'arrache-pied pour faire avancer les choses aussi vite que possible", a-t-elle ajouté.
(Reportage Ahmed Fahmy à Charm El Cheikh, Nidal al-Mughrabi au Caire, Andrew Mills à Dubaï ; Ludwig Burger et Ayhan Uyanik à Francfort, Ahmed Elimam et Tala Ramadan à Dubaï, rédigé par Michael Georgy et James Oliphant, version française Benjamin Mallet)
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