
FRANCE: UN 1ER-MAI TRÈS POLITIQUE AVANT LE "TROISIÈME TOUR" DES LÉGISLATIVES
par Noemie Olive et Sarah Meyssonnier
PARIS (Reuters) - Les traditionnelles manifestations du 1er-mai ont pris dimanche une tonalité particulièrement politique en France, les opposants de droite comme de gauche au président Emmanuel Macron tentant d'accréditer l'idée d'un "troisième tour" après la présidentielle, à quelques semaines des élections législatives.
Troisième tour politique mais également social pour les organisations syndicales, qui appellent le président tout juste réélu à entendre la grogne populaire, alimentée par la question lancinante du pouvoir d'achat mais également par le projet controversé du chef de l'Etat visant à porter l'âge légal de la retraite à 65 ans.
Avant le départ du cortège parisien, qui reliait dans l'après-midi la place de la République à celle de la Nation, Jean-Luc Mélenchon a exhorté les autres formations de gauche et les écologistes à rejoindre sans tarder La France Insoumise (LFI) au sein de son "Union Populaire" afin de dégager une majorité opposée à Emmanuel Macron à l'Assemblée.
Le Parti communiste a jugé samedi les propositions de LFI insuffisantes, le Parti socialiste ayant lui-même suspendu la veille les discussions sur une alliance.
"Je ne comprends pas pourquoi les camarades du Parti communiste ont annoncé ce matin qu'ils se retiraient des négociations. Je forme le voeu qu'ils reviennent vite", a déclaré le député des Bouches-du-Rhône, se déclarant néanmoins optimiste sur la conclusion d'une union de la gauche.
"Le sujet c'est de savoir si on se donne pour objectif la victoire", a ajouté Jean-Luc Mélenchon, qui se voit dans cette hypothèse comme le Premier ministre de cohabitation d'Emmanuel Macron.
Olivier Faure, le premier secrétaire du PS, a déclaré dimanche sur France Inter souhaiter cette union de la gauche, reconnaissant toutefois des divergences et récusant notamment le terme de "désobéissance européenne" utilisé par LFI pour contester la politique de Bruxelles.
A quelques dizaines de mètres de Jean-Luc Mélenchon, des militants LFI brandissaient une banderole appelant à élire des députés avec pour programme "Blocage des prix, retraite à 60 ans, Smic à 1.400 euros".
"Tous les 1er-mai sont importants depuis que (...) la gauche n'est plus au pouvoir pour moi" déclare Pascale Priami, une retraitée de 69 ans qui dit ne rien attendre de positif du second quinquennat d'Emmanuel Macron.
Joshua Antunes, un étudiant de 19 ans, abonde dans ce sens.
"Je pense que c'est important de montrer à Macron, et même à l'ensemble du monde politique, qu'on est prêt à se mobiliser pour défendre nos acquis sociaux", observe-t-il, dénonçant également "l'inactivité" du chef de l'Etat en matière d'environnement.
Dans l'après-midi, quelques affrontements ont eu lieu entre les forces de l'ordre et des manifestants vêtus de noir, l'uniforme habituel des "black blocks", qui tentaient selon la préfecture de police d'ériger des barricades et d'attaquer un restaurant McDonald's sur le parcours du cortège parisien.
Des manifestants, qui scandaient des slogans "anti-capitalistes", ont également attaqué des agences immobilières situées boulevard Voltaire dans le XIe arrondissement, ont constaté des journalistes de Reuters sur place.
CONTRE-POUVOIRS À EMMANUEL MACRON
A l'autre extrémité de l'échiquier politique, Marine Le Pen, candidate Rassemblement national (RN) battue par Emmanuel Macron au second tour de l'élection présidentielle, espère également tenir sa revanche les 12 et 19 juin prochains.
"Vous aurez le choix entre des députés soumis à Emmanuel Macron qui feront passer aveuglément toutes ses décisions sans contre-pouvoir, et les députés qui soutiennent mon projet et mes valeurs pour la France", a-t-elle déclaré dans une vidéo postée sur son compte Twitter.
Marine Le Pen avait exceptionnellement laissé cette année à Jordan Bardella, président du RN par intérim, le soin de déposer dans la matinée la traditionnelle gerbe de fleurs devant la statue de Jeanne d'Arc à Paris.
Ce dernier a répété à cette occasion que le RN présenterait des candidats dans toutes les circonscriptions, rejetant ainsi une nouvelle fois les appels à l'union de Reconquête!, le mouvement d'extrême droite de l'ancien journaliste Eric Zemmour.
Sur le front syndical, Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, a estimé que le chef de l'Etat devrait être à l'écoute de la population, ayant été selon lui élu sans réelle adhésion.
"Il est essentiel qu’il ne fasse pas semblant d’écouter mais qu’il réponde par des actes aux attentes des citoyens et au monde du travail", a-t-il indiqué lors d'un entretien cette semaine avec Reuters.
Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, la première organisation syndicale du pays, a également appelé de son côté Emmanuel Macron à organiser un "grand rendez-vous social" afin d'associer le plus grand nombre aux décisions.
(Reportage Noémie Olive et Sarah Meyssonnier, rédigé par Jean-Michel Bélot, édité par Sophie Louet)
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