
Jordan Bardella et Marine Le Pen parlent aux journalistes en quittant l'Hôtel Matignon
Un déjeuner a réuni mardi à l'Elysée le Premier ministre et les chefs de file du "socle commun" autour d'Emmanuel Macron, à six jours du scrutin à l'Assemblée nationale susceptible de faire tomber le gouvernement de François Bayrou.
Outre le Premier ministre centriste, Gabriel Attal (Renaissance), Édouard Philippe (Horizons) et Bruno Retailleau (Les Républicains) ont été conviés, selon des médias français et l'entourage d'un participant, à cette réunion que l'Elysée n'a pas confirmée dans l'immédiat.
Invitée à Matignon dans la matinée, la cheffe de file des députés Rassemblement national (RN), Marine Le Pen, a réaffirmé que son parti n'accorderait pas sa confiance à François Bayrou lundi à l'Assemblée, appelant en outre à une dissolution "ultra rapide" pour rebattre le jeu politique.
Le Premier ministre multiplie les entretiens avec les responsables politiques de tous bords après avoir engagé la responsabilité de son gouvernement sur la question de la lutte contre l'endettement du pays.
En cas d'absence de majorité lors du vote du 8 septembre au Palais Bourbon, le gouvernement sera renversé.
"Nous sommes en désaccord absolument total sur les solutions apportées par M. Bayrou qui sont soit anecdotiques, soit profondément nocives (...) Pour nous c'est simple, nous n'avons pas confiance", a déclaré Marine Le Pen dans la cour de Matignon après son entretien avec le chef du gouvernement.
"Nous appelons à une dissolution ultra rapide, il faut que la nouvelle majorité issue de ces nouvelles élections puisse bâtir un budget", a-t-elle ajouté devant la presse.
La députée du Pas-de-Calais a déploré les "consultations a priori" du Premier ministre, arguant que François Bayrou avait "fait le choix d'appuyer sur le siège éjectable".
A ses côtés, le président du RN Jordan Bardella a déclaré que "le miracle n'a pas eu lieu" à Matignon.
"Cet entretien ne fera pas changer le Rassemblement national d'avis", a-t-il souligné, appelant lui aussi à une dissolution synonyme d'élections législatives anticipées.
"Plus tôt on retournera aux urnes, plus tôt la France aura un budget", a estimé Jordan Bardella, qui vise le poste de Premier ministre en cas de victoire de son camp aux législatives.
Outre le RN, François Bayrou a reçu mardi les dirigeants de Place Publique et il s'entretiendra dans l'après-midi avec ceux des Républicains (LR), de Renaissance et d'Horizons.
Le chef du gouvernement recevra mercredi les responsables de l'Union des droites pour la République (UDR), alliés du RN, du MoDem et du groupe centriste Liot, puis le Parti socialiste (PS) et l'Union des démocrates et indépendants (UDI) le lendemain.
LES RÉPUBLICAINS DIVISÉS
Le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, a d'ores et déjà qualifié dimanche d'"irrévocable" la décision de son parti de voter contre François Bayrou le 8 septembre.
Avec l'opposition du RN, du PS ou encore de la France insoumise (LFI), le Premier ministre semble voué à l'échec et contraint à présenter sa démission au président de la République.
Les Républicains, présents au gouvernement tout en ne cachant pas leurs ambitions pour les élections municipales de 2026 et présidentielle du printemps suivant, sont divisés sur la question du soutien à François Bayrou lors du vote l'Assemblée.
"On ne va pas rejoindre les incendiaires qui voudraient allumer la mèche de ce qui pourrait être demain une explosion financière et budgétaire", a estimé lundi soir sur TF1 le ministre de l'Intérieur et président de LR, Bruno Retailleau.
"La question qui sera posée aux députés lundi prochain, c'est : est-ce qu'on fait ce constat qu'on a une dette qui menace dangereusement les Français ? Personne ne me fera dire que la dette ne menace pas la France", a-t-il expliqué.
Une position distincte de celle du patron des députés LR, Laurent Wauquiez, qui a pris ses distances en réclamant une consultation des adhérents sur François Bayrou, qui devra selon lui "corriger" la copie de son budget pour 2026.
L'ancien chef de LR Jean-François Copé et la présidente LR de la région Ile-de-France Valérie Pécresse sont quant à eux partisans d'une élection présidentielle anticipée, qui suppose une démission d'Emmanuel Macron que le chef de l'Etat a dit ne pas envisager.
La perspective d'une nouvelle crise politique inquiète les marchés financiers où le rendement de l'obligation souveraine française (OAT) à 30 ans a atteint mardi un plus haut depuis 2011.
(Rédigé par Zhifan Liu, Blandine Hénault et Elizabeth Pineau)
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