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France-La mobilisation contre la réforme des retraites en net recul
information fournie par Reuters 11/03/2023 à 19:09

(Actualisé avec nombre de manifestants)

PARIS, 11 mars (Reuters) - La mobilisation contre la réforme des retraites a faibli samedi en France lors de la septième journée depuis le début de la contestation, malgré l'appel des syndicats à une nouvelle "démonstration de force" contre un projet gouvernemental qui prévoit de reporter de l'âge légal de départ de 62 à 64 ans.

Selon la CGT, les quelque 250 rassemblements et défilés ont réuni plus d'un million de personnes en France, dont 300.000 à Paris.

Le ministère de l'Intérieur a pour sa part comptabilisé 368.000 manifestants, dont 48.000 dans la capitale.

Il s'agit de la plus faible mobilisation contre le projet de réforme des retraites. Le précédent plus bas datait du 16 février avec, selon la CGT, 1,3 million de personnes rassemblées dans la rue à travers le pays et 440.000 selon la police.

La mobilisation du

7 mars

avait été à l'inverse particulièrement suivie en France avec quelque 1,28 million de manifestants d'après les données du ministère et 3,5 millions pour l'intersyndicale.

Le Sénat devrait se prononcer d'ici dimanche soir sur le texte de loi prévoyant le report de l'âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans, et que le président Emmanuel Macron a dit vendredi refuser de recevoir l'intersyndicale pour "préserver ce temps parlementaire".

Le secrétaire général de la CGT a qualifié cette fin de non recevoir du chef de l'Etat de "bras d'honneur aux syndicats et au mouvement social".

"S'il est si sûr de lui, le président n'a qu'à consulter le peuple (par référendum). On verra la réponse du peuple", a lancé Philippe Martinez samedi dans la manifestation parisienne.

Son homologue de la CFDT, lui aussi présent dans le cortège, a jugé la décision présidentielle méprisante pour les travailleurs qui exercent des métiers difficiles ou qui s'étaient sacrifiés pendant le confinement lié à la pandémie de COVID-19 pour assurer les tâches essentielles.

"On ne peut pas leur dire en guise de reconnaissance et de remerciement derrière que c'est deux ans de plus, point barre et circulez. Encore plus quand ils se mobilisent", s'est indigné Laurent Berger.

"Aujourd'hui, rien que le fait de ne pas nous recevoir ou de ne pas vouloir écouter ce qui s'exprime dans les cortèges, c'est une forme de déni de la démocratie sociale", a-t-il poursuivi à l'intention du chef de l'Etat.

"Nous, on n'est pas dans le déni démocratique. Il y a une légitimité du gouvernement, il y a légitimité des parlementaires mais il y a aussi une forme de légitimité dans la démocratie sociale", a insisté le dirigeant du syndicat réformiste.

L'intersyndicale, qui appelle à une nouvelle journée de manifestations le 15 mars, demande au gouvernement dans un communiqué d'organiser une consultation citoyenne "dans les plus brefs délais" sur cette réforme.

ACCÉLÉRATION PARLEMENTAIRE

Face à cette colère qu'Emmanuel Macron a dit dans sa lettre aux syndicats ne pas "sous-estimer", l'exécutif a choisi pour le moment de camper sur sa position, celle d'une réforme qu'il juge "indispensable" pour assurer l'équilibre financier du régime de retraites et, par conséquent, l'avenir du système par répartition.

Signe de sa détermination, le gouvernement d'Elisabeth Borne a eu recours vendredi à l'article 44 alinéa 3 pour imposer au Sénat un "vote bloqué" sur l'ensemble du projet de loi de financement rectificatif de la Sécurité Sociale, qui comprend la réforme des retraites, et non sur chaque amendement qu'il lui reste à examiner d'ici dimanche soir.

Le ministre du Travail, Olivier Dussopt, a justifié cette initiative par ce qu'il qualifie d'"obstruction systématique" de la gauche, alors que les sénateurs ont déjà adopté la mesure emblématique de la réforme - le recul de l'âge légal.

L'article 44.3 présente aussi l'avantage pour le gouvernement de lui permettre de ne retenir dans la version finale du texte que les amendements qui lui conviennent, et non tous ceux qui ont été votés jusqu'à présent.

Bruno Retailleau, le chef des sénateurs Les Républicains (LR, droite), a annoncé de son côté samedi le retrait de son amendement controversé - auquel le gouvernement était opposé - prévoyant la suppression des régimes spéciaux de retraite pour tous les salariés, et pas seulement les futurs embauchés dans les secteurs concernés.

Cette décision a eu pour effet d'accélérer l'examen du texte au Sénat, où LR détient la majorité, en faisant tomber plus de 300 amendements déposés par la gauche.

Une fois que le texte aura été voté, il incombera à une commission mixte paritaire réunissant sept députés et sept sénateurs de se réunir - sans doute mercredi - pour essayer de s'entendre sur une version commune du projet de loi et, si tel est le cas, celui-ci pourrait être soumis au vote définitif de l'Assemblée nationale et du Sénat jeudi prochain.

Le député Sylvain Maillard, qui participera à la commission mixte paritaire en tant que vice-président du groupe Renaissance d'Emmanuel Macron, s'est dit samedi sur franceinfo convaincu que le gouvernement disposerait d'une majorité pour faire adopter son texte aussi bien à l'Assemblée qu'au Sénat.

"SI C'EST ÇA QU'ILS VEULENT..."

Les syndicats n'entendent pas désarmer pour autant et mettent en garde contre une radicalisation du mouvement de contestation face à un gouvernement "aveugle" face à la plus forte mobilisation sociale depuis des décennies.

"L'exécutif fait comme si les manifestations n'existaient pas... La violence on la cautionne pas, jamais. Maintenant, bien évidemment, sur le terrain, la base dit : "Si c'est ça qu'ils veulent, on va leur montrer qu'on peut être plus déterminé que ça", a déclaré Frédéric Souillot, le secrétaire général de Force Ouvrière, sur RMC.

"Nous ne tomberons pas dans la violence et la radicalité", a assuré de son côté Laurent Berger au départ de la manifestation parisienne, alors que de plus en plus de syndicalistes parlent de blocage des ronds-points ou des zones industrielles.

Plusieurs incidents provoqués semble-t-il par des "black blocs" ont néanmoins été rapportés en tête de cortège, rompant avec le calme jusqu'alors observé lors de la plupart des récents rassemblements syndicaux.

Les transports restent perturbés ce week-end, tandis que la grève a été reconduite samedi matin dans les raffineries et les dépôts de carburant de TotalEnergies, a déclaré à Reuters un porte-parole du groupe.

Les syndicats sont confortés par le soutien d'une nette majorité de Français à leur mobilisation, approuvée à 63% (-1 point en une semaine), selon un sondage Elabe pour BFMTV publié samedi. Ils sont moins nombreux (54%) à approuver le blocage de secteurs comme les raffineries, les transports ou la collecte de déchets.

Face au risque de durcissement et alors que la grève semble marquer le pas dans certains secteurs, dans un contexte de forte inflation, la secrétaire générale adjointe de la CFDT, Marylise Léon, a une nouvelle fois exprimé les doutes de son syndicat sur l'opportunité de décréter une grève reconductible.

"Il y a un principe de réalité. Dire grève reconductible durant dix jours, c'est demander l'impossible à certains travailleurs", a-t-elle souligné, tout en refusant de dire si la CFDT continuera d'appeler à la mobilisation si la réforme des retraites est votée au Parlement.

(Rédigé par Tangi Salaün, avec la contribution de Laetitia Volga)

1 commentaire

  • 11 mars 16:59

    Les syndicats se veulent "porte parole du peuple" alors que la loi est débattue par les assemblées. Ils court-circuitent la démocratie parlementaire par un" bras de fer " avec l'exécutif. Le président donne le cap, le gouvernement l mets en œuvre avec les assemblées et les syndicats gèrent leurs relations avec les employeurs, y compris l'état, mais ils ne remplacent pas les organes élus par des manifs et des blocages. C'est la 5eme république et non pas l'autogestion trotskiste.


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