(Actualisé avec déclaration d'Agnès Pannier-Runacher)
Au surlendemain de la reconduction de Sébastien Lecornu à Matignon, l'incertitude continue de planer sur les perspectives de son gouvernement, dont la composition reste inconnue et qui peine à rallier des soutiens.
Avec l'implosion du "socle commun", le Premier ministre, doté d'une "carte blanche" par l'Élysée, voit sa marge de manœuvre considérablement réduite pour former son équipe, alors que le temps presse s'il veut faire adopter un budget 2026 d'ici le 31 décembre.
Dans un entretien accordé à La Tribune Dimanche, il n'a pas exclu de démissionner à nouveau si les conditions ne sont pas réunies pour mener à bien sa mission.
"J'ai démissionné lundi dernier car les conditions n'étaient plus remplies. Si les conditions n'étaient plus remplies de nouveau, je partirais. Je ne ferai pas n'importe quoi", a-t-il dit.
"On ne peut pas continuer comme avant. Il faut un gouvernement plus libre, y compris dans la relation aux partis politiques", a-t-il ajouté.
Plusieurs titres de presse se risquent ce dimanche à évoquer quelques noms qui pourraient rejoindre le gouvernement "Lecornu II", à commencer par Jean-Noël Barrot qui resterait au Quai d'Orsay ou Laurent Nuñez qui remplacerait Bruno Retailleau à l'Intérieur.
A la liste des partants, s'ajoute le nom d'Agnès Pannier-Runacher qui a annoncé sur France 3 qu'elle n'entrerait pas dans le gouvernement conduit par Sébastien Lecornu.
"J'entends quand les Français disent qu'ils veulent une rupture. Ils veulent du renouveau et je me l'applique à moi-même. C'est pour cela que j'ai décidé de ne pas être du prochain Gouvernement", a-t-elle déclaré
Dans une interview, également accordée à La Tribune Dimanche, le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, maintient la pression sur Sébastien Lecornu, le menaçant à son tour d'une censure "si les actes ne suivent pas".
Parmi les mesures exigées par les socialistes figure, en tête de liste, la suspension de la réforme des retraites. Sans aller jusque-là, Sébastien Lecornu a rappelé samedi avoir déclaré il y a plusieurs semaines "que la réforme Borne n'était pas achevée."
L'hypothèse demeure farouchement combattue par de nombreux membres d'EPR qui déplorent que l'on s'attaque ainsi à la réforme majeure du second mandat d'Emmanuel Macron, mais aussi chez LR ou Horizons, dont est issu l'ancien Premier ministre Edouard Philippe.
Vendredi, le porte-parole d'Horizons, Arnaud Péricard, déclarait d'ailleurs sur BFM TV qu'il n'y aurait "pas de ministre Horizons dans un gouvernement qui revient sur la réforme des retraites".
FESNEAU ATTEND DES ÉCLAIRCISSEMENTS
Marc Fesneau, président du groupe MoDem au Palais-Bourbon, s'est dit dimanche favorable "à un débat sur notre système de retraites, dès lors que les solutions proposées en assurent la pérennité sur le moyen et le long terme, sans sacrifier l'avenir au présent".
Il a toutefois demandé "de connaître plus clairement les intentions du gouvernement".
"C'est sur cette base que nous déterminerons, en toute loyauté et en toute transparence, la nature de notre soutien. C'est sur cette base, enfin, que nous pourrons décider de nous engager totalement, avec en ligne de mire : la réussite du futur gouvernement et un budget pour la France."
Interrogé sur France 3 sur la présence du Modem au gouvernement, le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, qui appartient à la formation dirigée par François Bayrou, a éludé la question.
"Nous n'allons pas nous dérober, mais il faudrait que d'autres suivent notre exemple", a-t-il dit tout en restant vague sur l'implication du Modem dans un gouvernement "Lecornu II".
Il a par ailleurs dénoncé les appels à la dissolution, jugeant qu'ils cachaient des intentions néfastes.
"C'est d'un côté le camp du chaos pré-révolutionnaire, celui de Jean-Luc Mélenchon, et de l'autre, celui de Marine Le Pen dont on a vu l'attitude des amis. Ailleurs en Europe, lorsqu'ils ont pris le pouvoir, le seul objectif réel, c'est de capter le pouvoir pour ne plus jamais le rendre."
TANGUY JUGE QUE LA CENSURE N'EST PAS AUTOMATIQUE
L'hypothèse d'une nouvelle dissolution, qui semblait s'éloigner la semaine dernière, gagne désormais en consistance.
Déjà réclamée par le Rassemblement national, elle est à nouveau évoquée par le chef de file du Parti socialiste, qui juge qu'elle constitue désormais "l'hypothèse la plus vraisemblable".
"Depuis un an, nous sommes les seuls à faire l'effort de stabiliser le pays. Ça suffit. La balle est dans le camp du gouvernement. Nous ne sommes pas là pour sauver un pouvoir discrédité", prévient-il.
Invité sur le plateau de BFM TV, le porte-parole du Rassemblement national Jean-Philippe Tanguy a de son côté déclaré que la censure d'un éventuel nouveau gouvernement Lecornu ne serait pas automatique tout en fixant ses conditions.
"Evidemment que si monsieur Lecornu annonce des mesures qui vont dans le sens de la maîtrise des comptes publics (...) imaginez que monsieur Lecornu annonce la baisse de la TVA comme nous le proposons de 20% à 5,5% sur les énergies, je ne vais pas censurer une des mesures principales (du Rassemblement national).
Prié de commenter les propos tenus par Marine Le Pen qui promettait vendredi de "tout censurer", il a assuré que ces propos visaient à exiger qu'on "arrête avec ce casting permanent."
Chez Les Républicains, la gêne est palpable. Si le principe d'une non-participation au gouvernement a été acté par le Bureau politique, on indiquait samedi ne pas vouloir s'afficher en "artisans du chaos".
En coulisse, un fossé se creuse entre les députés élus qui sont nombreux à redouter les conséquences d'une dissolution et une direction décidée à ne plus faire le moindre cadeau à Emmanuel Macron et à son camp.
(Nicolas Delame, avec la contribution d'Elizabeth Pineau)
0 commentaire
Vous devez être membre pour ajouter un commentaire.
Vous êtes déjà membre ? Connectez-vous
Pas encore membre ? Devenez membre gratuitement
Signaler le commentaire
Fermer