La modification des règles en matière d'arrêts de travail pour les fonctionnaires est "une bonne piste" pour freiner l'absentéisme de courte durée et réduire les dépenses, a déclaré lundi Frédéric Valletoux, député Horizons et président de la commission des Affaires sociales de l'Assemblée nationale, alors que la commission des finances doit examiner le second volet sur les dépenses.
"Je crois que c'est une bonne piste de vouloir mettre au même niveau ce que connaissent les salariés du privé et ce que connaissent les salariés du public, surtout qu'on a constaté dans le public une explosion de l'absentéisme, dans des chiffres importants", a-t-il dit sur TF1.
Laurent Saint-Martin, ministre du Budget et des Comptes publics, a dit dimanche dans un entretien accordé au quotidien Le Parisien que le gouvernement déposerait une série d'amendements pour réaliser cinq milliards d'euros d'économies supplémentaires, dont un durcissement des règles en matière d'arrêts de travail dans la fonction publique, qui passerait d'un à trois jours de carence pour s'aligner sur la pratique du secteur privé.
L'exécutif veut également réduire le paiement des arrêts-maladies à 90% du salaire de l'agent public, contre 100% actuellement.
Ces mesures, qui n'avaient pas été précisées dans le projet de loi de finance (PLF) pour 2025, feront l'objet de débats dans le cadre de l'examen du volet dépenses du budget, qui commence ce lundi en commission des finances à l'Assemblée nationale.
Jordan Bardella, président du Rassemblement national (RN), a également dit soutenir la mesure, mais à condition que les économies réalisées soient utilisées pour des mesures visant à augmenter le pouvoir d'achat.
"Je suis favorable à cet ajustement entre les fonctionnaires du public et du privé, mais à une condition, c'est que ces potentiels 900 millions d'euros qui seraient économisés par cette batterie de mesures puissent être utilisés pour financer des mesures en faveur du pouvoir d'achat et notamment puissent permettre de payer les heures supplémentaires d'un certain nombre d'agents de la fonction publique qui ne sont pas payées, je pense notamment aux agences de la pénitentiaire et nos forces de l'ordre", a-t-il dit sur France 2 lundi.
"SOUFFRANCE AU TRAVAIL"
Manuel Bompard, coordinateur national de La France Insoumise (LFI), a en revanche déploré les annonces, ajoutant que la priorité devait être de lutter contre les causes de la souffrance au travail qui conduisent à l'absentéisme dans la fonction publique.
"C'est une manière scandaleuse de faire des économies en pointant du doigt les fonctionnaires", a-t-il dit dans une interview accordée à France Inter.
"Si on veut lutter contre ces difficultés, il faut renforcer les moyens de la fonction publique et certainement pas taper sur les doigts de ceux qui sont absents. S'ils sont en congé maladie, c'est parce qu'il y a de la souffrance travail".
L'examen du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) par les députés débute par ailleurs lundi, avec des questions au programme telle que la baisse du taux de remboursement des consultations médicales, que Frédéric Valletoux considère comme un risque de privatisation du système de santé.
"Si jamais on met en oeuvre ce qui a été annoncé, ça serait le plus gros mouvement vers la privatisation de notre système de santé qu'on n'ait jamais connu. Dérembourser, ça veut dire qu'on fait moins peser sur l'assurance maladie obligatoire au bénéfice du financement complémentaire, les mutuelles, le système assurantiel", a-t-il averti.
L'examen de la partie recettes doit pour sa part reprendre le 5 novembre dans l'hémicycle, après que l'examen débuté il y a une semaine n'a pas pu arriver à son terme samedi à minuit alors qu'il restait encore quelque 1.500 amendements à étudier.
(Rédigé Diana Mandiá, édité par Zhifan Liu)
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