"Une légalisation de l'aide active à mourir "changerait profondément notre société et notre rapport à la mort", avait estimé en avril le ministre de la Santé.

( AFP / FRED DUFOUR )
Après le ministre de la Santé, François Braun, c'est au tour du ministre des Solidarités, Jean-Christophe Combe, de faire part de ses réticences sur une loi sur l'aide active à mourir, telle qu'envisagée par Emmanuel Macron. Une telle évolution risque d'envoyer un message dangereux aux personnes vulnérables, a-t-il estimé jeudi 22 juin.
"L'aide active à mourir n'est pas seulement une question individuelle, médicale ou philosophique", a jugé Jean-Christophe Combe dans un entretien publié jeudi soir sur le site du Figaro . "Il faut être très vigilant au signal que nous envoyons aux personnes qui se sentent fragiles ou désespérées et à leurs familles", a-t-il insisté.
Ces propos interviennent alors que le gouvernement, à la demande du président Emmanuel Macron, travaille pour la rentrée de septembre à un projet de loi sur la fin de vie. Celui-ci doit tenir compte des conclusions d'une convention citoyenne qui s'est prononcée en début d'année pour la légalisation sous condition d'une "aide active à mourir", un terme qui regroupe potentiellement l'assistance au suicide ou l'euthanasie.
Emmanuel Macron ne s'est toutefois pas engagé explicitement à légaliser une telle aide , évoquant la mise en place d'un "modèle français" de la fin de vie et en renvoyant les détails au gouvernement et aux parlementaires.
Un "changement profond" de la société
Jean-Christophe Combe est le second ministre à exprimer ses réserves après son homologue de la Santé, François Braun, qui avait jugé en avril qu'une légalisation de l'aide active à mourir "changerait profondément notre société et notre rapport à la mort".
Hors du gouvernement, François Bayrou, membre éminent de la majorité, a, lui, dit s'opposer à "un service public pour donner la mort".
Une loi actant l'aide active à mourir "risquerait surtout de nous faire basculer dans un autre rapport à la vulnérabilité", a renchéri jeudi Jean-Christophe Combe. "Le risque que nous devons éviter, c'est le message implicite qui pourrait conduire les personnes vulnérables à l'auto-effacement."
La législation actuelle, fixée par la loi Claeys-Leonetti de 2016, permet aux soignants de mettre sous sédation irréversible des patients proches de la mort , dont les souffrances sont intolérables. Mais elle ne va pas jusqu'à autoriser une assistance au suicide ou l'euthanasie.
Cette loi "n'est pas encore pleinement appliquée", a jugé Jean-Christophe Combe, se prononçant par ailleurs sur la mise en place de "soins palliatifs mieux connus et plus précoces", idée faisant l'unanimité mais dont la traduction concrète reste difficile.
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