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Face aux mercenaires russes de l'Africa Corps, les rebelles maliens utilisent les tactiques militaires ukrainiennes
information fournie par Boursorama avec Media Services 07/10/2025 à 13:57

"Le régime ukrainien est devenu l'un des principaux fournisseurs de drones kamikazes aux groupes terroristes dans le monde", a dénoncé le régime malien.

Des combattants du Front de libération de l'Azawad à Ménaka, au Mali, le 14 mars 2020. ( AFP / SOULEYMANE AG ANARA )

Des combattants du Front de libération de l'Azawad à Ménaka, au Mali, le 14 mars 2020. ( AFP / SOULEYMANE AG ANARA )

Face à la "barbarie et l'impérialisme" russe, les rebelles touareg maliens du Front de Libération de l'Azawad (FLA) utilisent des méthodes de guerre asymétriques apprises auprès des services ukrainiens pour combattre l'armée malienne et ses supplétifs russes de l'Africa Corps.

Un transfert de tactique discret qui remodèle les équilibres militaires dans le conflit qui oppose l'État malien au FLA, coalition de groupes armés indépendantistes à dominante touareg créée en novembre 2024, qui revendiquent le territoire de l'Azawad dans le nord du pays. "Ce qui nous lie peut-être davantage à l'Ukraine, c'est que, comme nous, elle subit la barbarie et l'impérialisme russes. À ce titre, nous lui tendons la main comme à tous les peuples libres pour nous soutenir", déclare à l' AFP Mohamed Elmaouloud Ramadane, porte-parole des rebelles maliens.

En juillet 2024, un responsable du renseignement militaire ukrainien, Andriï Ioussov, avait sous-entendu que Kiev avait fourni des informations aux rebelles pour qu'ils puissent mener à bien une attaque, au côté des jihadistes , qui avait tué des dizaines de mercenaires russes et de soldats maliens lors de combats à Tinzaouatène (nord-est du Mali). "L'Ukraine voulait impressionner ses partenaires occidentaux en affirmant qu'elle aidait les rebelles à attaquer la Russie également en Afrique, mais elle a sous-estimé l'opinion publique, car les rebelles sont considérés comme des terroristes dans les capitales du Sahel", explique Ulf Laessing, directeur du Programme Sahel à la Fondation Konrad Adenauer au Mali.

"Formation spécialisée en Ukraine"

Le Mali, le Niger et le Burkina, tous dirigés par des juntes militaires souverainistes qui ont tourné le dos à la France pour se rapprocher de la Russie , ont rompu leurs relations diplomatiques avec Kiev, qu'ils accusent de fournir des armes au FLA.

"Aussi éloignés qu'il paraissent, la guerre en Ukraine et le terrorisme dans le Sahel ont des connexions", a accusé fin septembre à la tribune de l'ONU le Premier ministre malien, le général Abdoulaye Maïga. "Le régime ukrainien est devenu l'un des principaux fournisseurs de drones kamikazes aux groupes terroristes dans le monde" , a-t-il affirmé.

L'Ukraine et les rebelles maliens ont toujours démenti ces accusations. "Nous n'avons reçu aucune aide matérielle de la part de l'Ukraine , ni drones, ni armes, ni aucun autre équipement. Notre force repose sur notre détermination, notre ingéniosité et notre capacité à nous former et à nous organiser par nous mêmes", balaie le porte-parole des séparatistes. Cependant, "certains éléments du FLA ont reçu une formation spécialisée en Ukraine sur l'utilisation des drones" armés FPV ("First person view" en anglais, soit pilotage en immersion), confirme Mohamed Elmaouloud Ramadane.

"De retour sur le terrain, ils ont considérablement renforcé leurs compétences opérationnelles et, à leur tour, ont formé d'autres combattants dans ce domaine stratégique. Aujourd'hui, cette maîtrise technologique est pleinement intégrée dans nos capacités de combat", ajoute-t-il. Ces petits appareils volants montés d'une charge explosive sont pilotés en temps réel via un casque de réalité virtuelle. Ils permettent aux séparatistes maliens de mener régulièrement des attaques ciblées contre les convois de l'armée malienne ou des bases abritant des éléments russes de l'Africa Corps, une force composée d'ex-mercenaires de Wagner placée sous contrôle direct du ministère russe de la Défense.

Le FLA avait revendiqué en février avoir abattu à l'aide d'un drone un hélicoptère malien dans le nord, ce que l'armée malienne a nié, évoquant de son côté "un drone terroriste (...) intercepté et récupéré."

"Adopter cette tactique permet au FLA d'éviter une confrontation directe avec l'armée malienne et l'Africa Corps qui sont mieux équipés", explique Rida Lyammouri, chercheur au Policy Center for the New South (PCNS).

Leurres gonflables

Autre innovation venue d'Ukraine: les drones à fibre optique -commandés par un cordon très fin pouvant faire des dizaines de kilomètres et non pas par des ondes radio- quasiment impossibles à brouiller. En juillet, les rebelles ont publié des images d'un de ces drones, qui feraient désormais partie intégrante de leur arsenal.

En outre, dans son conflit face à la Russie, l'armée ukrainienne a aussi recours à des leurres gonflables, imitant des chars ou systèmes de défense, pour attirer les frappes russes. En juillet, le Mali a présenté des faux pick-ups gonflables qui appartiendraient aux séparatistes pour tromper les drones maliens, ce que le FLA ne reconnaît pas officiellement.

"Les drones turcs ont donné à l'armée malienne et à son partenaire russe un avantage sur les rebelles touareg lorsqu'ils ont pris Kidal (bastion rebelle) en 2023. Le FLA et les jihadistes ont suivi en utilisant des drones disponibles dans le commerce qu'ils ont améliorés. Mais ils restent inférieurs aux modèles turcs", relève Ulf Laessing.

Le groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (JNIM, son acronyme en arabe), affilié à Al-Qaïda, utilise aussi des drones explosifs pour frapper les forces maliennes.

4 commentaires

  • 16:11

    Tout ce qui est contre les russes supplétifs et des juntes sont de valeureux combattants, et la roue tourne suivant les pouvoirs en place Aiki


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