
Peimane Ghaleh-Marzban, alors président judiciaire de Bobigny, lors d'une audience de rentrée à Bobigny, le 22 janvier 2024 ( AFP / Ludovic MARIN )
À l'occasion de son installation officielle, le nouveau président du tribunal judiciaire de Paris, Peimane Ghaleh-Marzban, a appelé lundi la plus grande juridiction de France à "mériter la confiance" et à "évoluer" dans sa communication à l'heure des attaques qui la visent.
En poste depuis le début de l'été, le magistrat de 54 ans a été installé lundi à la tête du premier tribunal du pays, avec 60.000 décisions civiles et 30.000 décisions pénales rendues chaque année, lors d'une audience solennelle à laquelle ont assisté le garde des Sceaux démissionnaire Gérald Darmanin et la maire de Paris Anne Hidalgo.
Les virulentes accusations de "justice politique" à l'occasion des condamnations distinctes cette année par le tribunal de Paris de Marine Le Pen et de Nicolas Sarkozy "sapent les bases de notre droit et les fondements de notre démocratie", a mis en garde M. Ghaleh-Marzban d'un ton sombre.
L'ex-président de la République doit être prochainement incarcéré après sa condamnation jeudi à cinq ans de prison dans le procès libyen, tandis que la patronne de l'extrême droite est actuellement inéligible en raison de sa condamnation en mars dans l'affaire des assistants européens du FN. Tous deux ont fait appel.
Dans les deux cas, des menaces envers les présidentes de la formation de jugement ont entraîné des ouvertures d'enquêtes judiciaires.
"Il y a un péril certain, pendant que de manière invraisemblable, des magistrats sont menacés, parce qu'ils n'auraient commis qu'une seule faute: celle d'appliquer la règle de droit et d'avoir rempli leur office", a regretté M. Ghaleh-Marzban, précédemment président du tribunal de Bobigny.
"L'heure n'est pas à la résignation, mais à l'action. C'est au prix d'un travail que nous accomplissons au quotidien avec engagement, rigueur et enthousiasme que, selon les mots de (l'ex-président du tribunal) Pierre Drai, nous méritons la confiance de nos concitoyens", a-t-il déclaré à l'intention de ses collègues.
Le nouveau chef de la juridiction parisienne relève une "véritable asymétrie" dans le débat public autour des décisions de justice, du fait du devoir de réserve des magistrats: "on constate, sur des plateaux de télévision, des prises de position qui ne trouvent aucune contradiction".
Or dans la société actuelle de "l'hyper-information et de la communication instantanée", "le temps est venu" pour la communication judiciaire d'"évoluer", estime-t-il.
Parmi les "pistes", Peimane Ghaleh-Marzban envisage de généraliser les communiqués dans les affaires les plus importantes et d'instituer des "porte-paroles de la juridiction, qui seront des pédagogues de la décision".
Ces derniers "n'auraient évidemment pas participé à la délibération, mais auraient (...) toute qualité pour en expliquer les termes, sans en ajouter ni retrancher", a décrit le président du tribunal.
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