Vers 12h GMT mardi, des centaines de bipeurs, un système de radiomessagerie, portés par des membres du Hezbollah, ont explosé simultanément dans des bastions de la formation islamiste libanaise.

Une ambulance à Beyrouth, au Liban, le 17 septembre 2024. ( AFP / ANWAR AMRO )
Au moins douze morts et plus de 2.700 blessés. Les explosions coordonnées de bipeurs, notamment utilisés par le Hezbollah, sont le signe d'une opération de grande envergure. Le groupe taïwanais Gold Apollo, dont la marque figure sur les bipeurs concernés, a rejeté mercredi18 septembre toute responsabilité dans leur fabrication sur son partenaire hongrois BAC, qui affirme lui-même n'être qu'un intermédiaire.
"En vertu d'un accord de coopération, nous autorisons BAC à utiliser notre marque pour la vente de produits dans certaines régions, mais la conception et la fabrication des produits sont de l'unique responsabilité de BAC ", a indiqué dans un communiqué Gold Apollo.
La PDG de la société hongroise, Cristiana Barsony-Arcidiacono, interrogée par la chaîne américaine NBC , a confirmé travailler avec Gold Apollo mais a nié être impliquée dans la fabrication. "Je ne fais pas les bipeurs. Je suis juste une intermédiaire. Vous faites erreur", a-t-elle déclaré par téléphone. L' AFP n'a pas pu la joindre dans l'immédiat.
Fondée en 2022, la compagnie BAC Consulting est enregistrée à Budapest, dans un bâtiment de deux étages situé en périphérie de la capitale hongroise appartenant à une entreprise qui fournit des adresses de domiciliation, selon une femme présente sur les lieux mercredi matin. Cristiana Barsony-Arcidiacono apparaît comme la seule employée , selon les documents légaux consultés par l' AFP qui font par ailleurs état d'un chiffre d'affaires annuel de 210 millions de forints (530.000 euros) pour des bénéfices de quelque 45.000 euros.
"Ce ne sont pas nos produits"
Sur son site internet, désormais inaccessible mais dont l' AFP a pu consulter une version archivée, BAC dit "œuvrer à l'échelle internationale en tant qu'acteur de changement avec un réseau de consultants". La PDG se présente elle-même comme une "conseillère stratégique pour des organisations internationales".
Le groupe taïwanais a démenti des informations du quotidien américain New York Times , selon lesquelles il avait lui-même fabriqué et vendu au Hezbollah les bipeurs, du modèle AR924. "Notre entreprise n'apporte que l'autorisation d'utiliser la marque et n'est pas impliquée dans leur conception et leur fabrication", a-t-il insisté. "Ce ne sont pas nos produits (...) du début à la fin", avait affirmé plus tôt mercredi le directeur de l'entreprise, Hsu Ching-kuang, à des journalistes à Taipei.
Le parquet taïwanais a annoncé l'ouverture d'une enquête. "Nous avons confié l'affaire au procureur général de l'équipe de sécurité nationale (...). Nous allons clarifier les faits au plus vite et si nous constatons des faits illégaux, ils seront sévèrement punis conformément à la loi", selon un communiqué.
La chaîne logistique infiltrée par les Israéliens ?
Citant des responsables américains et d'autres nationalités, le New York Times a affirmé que les services secrets israéliens étaient parvenus à intercepter les bipeurs avant leur arrivée au Liban et à cacher de petites quantités d'explosifs et un détonateur à côté de la batterie.
Toujours selon le New York Times , un message apparaissant comme venant de la direction du Hezbollah a fait biper l'appareil mardi pendant plusieurs secondes avant de déclencher l'explosif. Les informations du quotidien américain vont dans le sens de la théorie, avancée mardi par plusieurs experts, selon laquelle les services israéliens seraient parvenus à infiltrer la chaîne logistique du Hezbollah pour planifier cette attaque.
Depuis le début de ce conflit dans la bande de Gaza, déclenchée par une attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien sur le sol israélien le 7 octobre 2023, le Hezbollah et l'armée israélienne échangent presque quotidiennement des tirs à la frontière israélo-libanaise. L'explosion simultanée mardi à travers le Liban de bipeurs utilisés par le mouvement islamiste pro-iranien du Hezbollah a fait douze morts et au moins 2.750 blessés, selon le ministère de la Santé, un événement sans précédent.
6 commentaires
Vous devez être membre pour ajouter un commentaire.
Vous êtes déjà membre ? Connectez-vous
Pas encore membre ? Devenez membre gratuitement
Signaler le commentaire
Fermer