Le taux d’épargne des Français reste l’un des plus élevés d’Europe, atteignant 18,8 % au premier trimestre selon l’Insee. Une situation jugée préoccupante par le gouvernement et la Banque de France, qui y voient un frein à la reprise de la consommation et à la croissance économique.

( AFP / FRED TANNEAU )
Les Français sont plus fourmis que cigales: ils épargnent davantage que leurs voisins européens et, selon le gouvernement, ne consomment pas assez, une situation qui pèse sur la croissance économique et complique le redressement des finances publiques.
Le taux d'épargne des Français, mesuré par l'Insee à 18,8% au premier trimestre , est à son pic en 45 ans, hors crise sanitaire.
Il "pourrait laisser place à une reprise de la consommation" , pilier traditionnel de la croissance française, estimait mardi le gouvernement dans le support de présentation accompagnant le discours du Premier ministre François Bayrou sur le budget 2026.
La hausse récente du taux d'épargne s'explique par plusieurs facteurs, ont analysé les économistes de la Banque de France.
D'abord, les épargnants conservent plus facilement les intérêts engrangés sur leurs produits d'épargne dans une période de rendement élevé, comme c'était le cas ces dernières années.
Les retraités ont placé les hausses de pension
Les retraités, dont les pensions ont augmenté l'an dernier , ont massivement placé ce supplément de revenu dans des produits d'épargne au lieu de consommer davantage.
Enfin, "il y a un contexte d'incertitude" , à la fois national et international, "qui renforce les comportements attentistes des ménages" , a observé jeudi le gouverneur de la Banque de France François Villeroy de Galhau, à l'occasion de la présentation du rapport annuel sur l'épargne réglementée.
Si le cap budgétaire présenté mardi par le Premier ministre François Bayrou est de nature à la faire diminuer, affirme-t-il, il est cependant difficile d'en mesurer l'impact.
Lutter contre l'inflation
Limiter le rendement d'un produit d'épargne grand public, une option cependant difficile à assumer politiquement, peut figurer parmi les outils du gouvernement pour faire revenir le taux d'épargne au moins à son niveau d'avant Covid-19, c'est-à-dire sous les 15%.
Le président du Cercle de l'épargne Philippe Crevel a par exemple vu mercredi dans l'absence de coup de pouce au taux du Livret A, qui tombera au 1er août de 2,4% à 1,7% , en application stricte de la formule de calcul, une volonté gouvernementale de relance de la consommation.
Les services d’Éric Lombard à Bercy le réfutent totalement , et soulignent que la reprise de la consommation est davantage liée au recul de l'inflation, participant à l'amélioration du pouvoir d'achat.
La jursiprudence 81
"Le message que veut faire passer le gouvernement c'est 'consommer plus, comme ça, ça créera de la croissance'" , analysait la semaine dernière auprès de l'AFP le patron d’une grande banque française, qui soutient la promotion de placements financiers plus risqués pour soutenir le monde entrepreneurial.
Selon lui "c'est suicidaire de faire une relance de la croissance par la consommation parce que ça va surtout déséquilibrer notre balance extérieure" , via l'achat de biens importés.
"Aujourd'hui il est vraiment temps de recréer de la croissance par de la création de richesse et de l'investissement" , ajoutait-il, "et il y a de la place en plus en France (...) via la mobilisation de l'épargne vers l'investissement" .
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