- D’un rôle de jeune indolent chez Lisa Azuelos à celui de flic écorché qu’il tient actuellement sur Netflix, dans
Tous ceux qui ont croisé sa route sont unanimes : Victor Belmondo est un garçon gentil, bien élevé, humble, capable de rire de tout – notamment de lui-même – et doté d’une grande délicatesse. En décidant, à 22 ans, de mettre ses pas dans ceux de son illustre grand-père , le gamin franco-italien pouvait ainsi s’appuyer sur sa principale qualité pour se confronter à l’art de l’infiniment petit : le cinéma.
Chez Michel Leclerc, dans La Vie très privée de monsieur Sim , il a illustré la fragilité de la jeunesse. Dans Mon bébé , de Lisa Azuelos, le cadet des trois fils de Paul a su exprimer la tendresse fraternelle. Avec Envole-moi , de Christophe Barratier, il transformait l’insolence d’un enfant gâté en bienveillance. Puis Xavier Beauvois a vu en ce gaillard d’1,86 mètre un flic capable d’apporter sa part d’humanité à la brigade d’ Albatros . Par sa manière subtile de révéler la psychologie de ses personnages, et par ses choix réfléchis et ambitieux, Victor imposait alors un nouveau style Belmondo.
«J’ai dû réaliser en trois semaines ce qui nécessitait deux mois de travail»
Chez Olivier Marchal, il pouvait donc se frotter à l’art délicat de la baston . Antoine Cerda, qu’il incarne dans Bastion 36 , est un commandant de police de la BRI muté à la BAC suite à une sanction de l’inspection générale. « Il ne s’agissait pas là de jouer les gros bras, assure-t-il, alors que nous partageons un poulet rôti dans un restaurant de son quartier de la gare de Lyon . Marchal voulait que j’apporte une vulnérabilité à ce personnage et que sa rage ne s’exprime qu’à travers les combats qu’il dispute clandestinement. Pour illustrer sa pensée, il m’avait notamment donné comme référence Le Samouraï, de Melville. »
Demander à un Belmondo de jouer comme Delon, l’ironie n’était pas pour lui déplaire. Mais le jeune acteur ayant hérité de son aïeul, outre l’aspect rieur, son caractère sportif, il s’est entraîné sérieusement. « Débarqué sur ce projet à la dernière minute, j’ai dû réaliser en trois semaines ce qui nécessitait deux mois de travail. Six jours sur sept, du matin au soir, je me suis entraîné à me battre, à manier les armes, à faire des filatures, tout en apprenant mon texte. Résultat, je suis arrivé sur le plateau lessivé, ce qui correspondait bien à l’état de mon personnage. »
Il rêve d’un rôle en italien
Pour plonger dans les ténèbres de cet homme, l’ancien ado rageux pouvait aussi raviver des souvenirs intimes. « Ce rôle est le plus physique, le plus engagé et le plus éloigné de moi dans son aspect formel : la police, le passé, la violence, les combats. Pourtant, je comprends les tourments de ce gars, sa sensibilité et son ambivalence car jusqu’à mes 21 ans, j’ai été un ado en colère ; je me bagarrais volontiers jusqu’à ce que je découvre le cinéma, qui a canalisé cette énergie et cette rage. »
Sans faire disparaître toutes ses angoisses, ce métier lui permet d’en tirer leur substantifique moelle pour les rendre fécondes. Mais l’acteur se garde bien de faire de son art un refuge. Pesant chaque proposition avec soin, il prépare sérieusement les castings des projets qui l’intéressent. Le reste du temps, le nouvel ambassadeur de Berluti rallie dès que possible Rome où il profite de sa grand-mère maternelle , de sa tante et de sa cousine en attendant, pourquoi pas, de décrocher un rôle chez Sorrentino ou Garrone. À Paris, il court, nage, squatte les salles de cinéma, dévore les interviews de ses pairs et enfourche volontiers sa moto pour retrouver des copains avec lesquels il aime « manger gras et boire du bon vin » . Bref, il prend le temps de vivre sa vie de trentenaire, convaincu que l’expérience personnelle est le meilleur moyen d’affiner son jeu.
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