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Données de l'enquête sur le PIB: lien
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Données de l'enquête sur les prix à la consommation: lien
par Vivek Mishra
BANGALORE, 12 septembre (Reuters) - L'économie chinoise
devrait enregistrer une croissance plus faible que prévu cette
année et l'an prochain en raison notamment des difficultés
persistantes du marché clé de l'immobilier, montre une enquête
de Reuters auprès d'économistes qui jugent les risques orientés
à la hausse.
La deuxième économie mondiale continue à tourner au ralenti
après la brève accélération née de la reprise post-COVID-19, la
Chine étant plombée par une énorme dette liée des décennies
d'investissements dans les infrastructures et à un
ralentissement du marché de l'immobilier. Ce fardeau constitue
non seulement un risque pour la Chine mais aussi pour l'économie
mondiale.
Les responsables politiques en Chine peinent à relancer la
croissance car 70% de la richesse des ménages est bloquée dans
le secteur en difficulté de l'immobilier, tandis que le chômage
des jeunes ne cesse de croître, que la consommation faiblit et
que les entreprises privées montrent peu d'entrain à investir.
"Le premier coupable est le secteur immobilier. Cette source
de croissance s'est évaporée et ne reviendra pas", a déclaré
Julian Evans-Pritchard, responsable de l'économie chinoise chez
Capital Economics à Singapour.
"Nous sommes depuis longtemps plus baissiers (sur l'économie
chinoise) que la plupart des observateurs (...) mais nous-mêmes
avons été surpris par la vitesse à laquelle la croissance a
décéléré. Il y a encore probablement de la place pour une
nouvelle décélération", a-t-il ajouté.
L'enquête Reuters a été réalisée du 4 au 11 septembre auprès
de 76 analystes, basés en Chine continentale et à l'étranger.
Ils prévoient que l'économie chinoise va croître de 5,0% cette
année, contre une estimation de croissance de 5,5% dans
l'enquête effectuée en juillet. Les nouvelles prévisions varient
de 4,5% à 5,5%.
Même si la plupart des économistes ont abaissé leurs
perspectives de croissance pour cette année et l'année prochaine
par rapport à l'enquête précédente, l'ampleur de ces baisses
reste marginale, ce qui laisse augurer d'autres dégradations.
Pour certains économistes, l'objectif de croissance
d'environ 5% fixé par le gouvernement pour cette année pourrait
ne pas être atteint, car les mesures de relance prises au
compte-gouttes par Pékin ne devraient pas suffire à stabiliser
l'économie.
UN SOUTIEN PLUS IMPORTANT NÉCESSAIRE
Alors que les dernières données montrent des signes
d'amélioration de l'économie, certains économistes estiment
qu'un soutien politique plus important est nécessaire dans le
secteur de l'immobilier, qui représente environ un quart de
l'économie chinoise.
La croissance de l'économie chinoise devrait ralentir à 4,5%
en 2024 et à 4,3% en 2025, selon les économistes. Après une
croissance de 6,3% au deuxième trimestre, l'économie devrait
croître de 4,2% au trimestre, puis de 4,9% au quatrième et de
3,9% au premier trimestre 2024.
"Ce ralentissement pourrait n'être que la partie émergée de
l'iceberg", prévient Bingnan Ye, économiste à la China Merchants
Bank International à Hong Kong. Selon lui, "la consommation des
ménages pourrait s'améliorer plus lentement que ce que beaucoup
prévoient", ce qui représente un nouveau risque.
"Outre le ralentissement du secteur immobilier et des
exportations, les tensions commerciales entre les Etats-Unis et
la Chine persistent, et la récente diversification des chaînes
d'approvisionnement hors de Chine accentuera la pression à la
baisse", ajoute-t-il.
Selon une large majorité d'économistes ayant répondu à une
question supplémentaire, leurs prévisions de croissance du PIB
pour 2023 et 2024 pourraient être revues à la baisse.
Les économistes ont également abaissé leurs prévisions
d'inflation des prix à la consommation, à 0,6% pour cette année
et à 1,9 % pour l'an prochain, contre respectivement 1,1% et
2,1% dans l'enquête de juillet.
Malgré la faiblesse de l'inflation, la Banque populaire de
Chine devrait opter pour le statu quo sur ses taux directeurs
cette année.
À la question de savoir si les autorités allaient mettre en
place un plan de relance économique plus important, plus des
trois quarts des économistes, soit 17 sur 21, ont répondu par la
négative.
"Les gouvernements locaux, qui sont responsables d'environ
85% des dépenses, sont lourdement endettés. Cela limite leur
capacité ... à proposer des mesures de relance significatives
sans miner davantage leurs finances déjà fragiles", a expliqué
Teeuwe Mevissen, stratège macroéconomique chez Rabobank aux
Pays-Bas.
(Reportage Vivek Mishra; avec la contribution de Devayani
Sathyan; analyse par Anant Chandak; sondages par Veronica
Khongwir à Bangalore et par Jing Wang à Shanghai; version
française Claude Chendjou, édité par Blandine Hénault)
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