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Droits de douane : luxe, vin... quelles conséquences aura l'accord UE/USA pour les fleurons européens ?
information fournie par Boursorama avec Media Services 28/07/2025 à 11:37

Donald Trump à Turnberry, en Ecosse, le 27 juillet 2025. ( AFP / BRENDAN SMIALOWSKI )

Donald Trump à Turnberry, en Ecosse, le 27 juillet 2025. ( AFP / BRENDAN SMIALOWSKI )

En 2024, les Etats-Unis et l'Union européenne se sont échangé 1.680 milliards d'euros de biens et services, selon le Conseil européen.

Dimanche 27 juillet, Donald Trump et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, réunis en Ecosse, ont trouvé un accord douanier prévoyant que les produits européens exportés aux Etats-Unis seront taxés à 15%, les Européens espérant à ce prix éviter une escalade commerciale. Un accord qui ne sera pas sans conséquence pour les secteurs essentiels de l'économie européenne.

Pour l'Europe, cette difficulté supplémentaire à l'export, bien qu'inférieure aux 30% dont menaçait Donald Trump, s'ajoute à la remontée de l'euro face au dollar, qui depuis le début de l'année a déjà renchéri pour les clients américains les biens qu'elle produit. Stratégique, le secteur aéronautique en revanche est exempté, tout comme "certains produits chimiques", "certains produits agricoles et des matières premières critiques". La taxation de l'automobile européenne redescend à 15%, au lieu de 2,5% avant l'administration Trump 2 et contre 27,5% depuis avril.

La relation commerciale USA-UE représente 30% des échanges mondiaux, avec 1.680 milliards d'euros de biens et services échangés en 2024, selon le Conseil européen. Sur les biens (867 milliards d'euros), les Etats-Unis, premier partenaire de l'UE (plus de 20% de ses exportations), affichaient en 2024 un déficit de 198 milliards d'euros. En revanche sur les services, les Etats-Unis étaient excédentaires, à 148 milliards.

Médicaments

Les produits pharmaceutiques sont les produits aujourd'hui les plus exportés depuis l'Europe vers les Etats-Unis, pour près de 120 milliards d'euros en 2024 (22,5% du total des biens exportés), selon Eurostat. Jusqu'ici exemptés de droits de douane, ils ne bénéficieront pas de traitement particulier, a prévenu Donald Trump dimanche, sans toutefois donner davantage de précisions.

Transports

Près de 70 milliards d'euros d'équipements de transport ont été exportés par des sociétés européennes aux Etats-Unis en 2024. L'industrie automobile y a vendu près de 750.000 voitures pour 38,5 milliards d'euros, selon l'Association européenne des constructeurs (ACEA). L'Allemagne en produit la majorité, notamment des berlines, SUV et sportives premium de chez Audi, Porsche, BMW, Mercedes. Pour le secteur, l'accord de dimanche est une amélioration. Après la surtaxe de 25%, les livraisons de Volkswagen avaient reculé au premier semestre.

Aéronautique

Les droits de douane américains pesaient lourd sur ce secteur très mondialisé. Depuis mars, une surtaxe de 50% s'appliquait sur les importations d'aluminium et d'acier, matériaux phares de l'aéronautique. Et l'ensemble des équipements (dont les avions) importés d'Europe devaient s'acquitter d'une surtaxe de 10%. L'accord annoncé dimanche prévoit de ramener à zéro les taxes sur les équipements d'aéronautique, selon Ursula von der Leyen.

Au salon du Bourget début juin en France, le patron d'Airbus Guillaume Faury avait espéré leur remise à zéro, tout comme son homologue chez l'américain Boeing, Kelly Ortberg : "Nous ne sommes pas en mesure de répercuter ces coûts sur nos clients", avait déclaré Kelly Ortberg à Aviation Week.

Luxe et cosmétiques

Ces dernières semaines ont vu Bernard Arnault, patron du géant français LVMH, se démener pour limiter les surtaxes, auprès des dirigeants européens comme de Donald Trump. Le luxe ne devrait a priori pas faire l'objet d'un régime d'exception, les 15% devraient donc s'appliquer. Pour LVMH, un droit de douane de 15% "serait un bon résultat", avait estimé jeudi sa directrice financière, le groupe estimant pouvoir compenser par une hausse de prix et une "optimisation de production", notamment aux Etats-Unis, où il réalise un quart de ses ventes. Le numéro un mondial du luxe a annoncé l'ouverture d'un 4e atelier Louis Vuitton, au Texas.

En mai, son concurrent François-Henri Pinault, du groupe Kering qui détient Gucci ou Balenciaga, avait lui déclaré que "ça n'aurait pas de sens d'avoir des sacs Gucci italiens fabriqués au Texas". Les cosmétiques de marques françaises et italiennes sont aussi très vendus aux Etats-Unis : en 2024, L'Oréal y a réalisé 38% de son chiffre d'affaires. Son directeur général évoquait en avril la possibilité d'y relocaliser une part de la production.

Agroalimentaire

"Certains produits agricoles" seront exemptés de taxation à 15%, a dit Ursula von der Leyen. Mais aucune précision n'a été fournie dimanche soir. En 2024, l'UE a exporté pour 8 milliards d'euros d'alcools, dont plus de 5 milliards de vin, aux Etats-Unis, son premier marché à l'exportation. La France représente environ la moitié : 2,4 milliards d'euros de vin et 1,5 milliard de spiritueux ont été écoulés aux Etats-Unis (environ 25% de ses exportations). Pour l'Italie c'est environ 2 milliards d'euros de vin exportés. La Suède écoule aux États-Unis sa vodka, l'Irlande son whisky...

Les vins de Bordeaux par exemple y réalisent 20% de leur chiffre d'affaires. "A 10% ou 15% (de droits de douane), on trouvera des solutions", expliquait Philippe Tapie, président de Bordeaux Négoce, avant l'annonce de dimanche. Mais "à 30%, non. C'est la fin de l'histoire", craignait-il. D'autres produits alimentaires (fromages, conserverie, etc.) forment un poste d'exportation majeure.

Mais aussi...

Machines et équipements industriels, ainsi que des équipements électriques et électroniques sont largement exportés vers les USA (90 et 45 milliards d'euros annuels respectivement, selon Eurostat). A ce stade, l'impact sur les sociétés semble inégal. Le français Legrand (équipements électriques) estimait en mai le coût des surtaxes entre 150 et 200 millions d'euros, mais a confirmé ses objectifs. Il compte compenser par des hausses de prix ponctuels et des pays de fabrication à plus faibles tarifs, mais pas de "rapatriation massive aux Etats-Unis", a dit son directeur général. En juillet, Nokia, équipementier finlandais de télécommunications qui réalise 30% de ses ventes aux Etats-Unis, a en revanche revu à la baisse ses perspectives pour 2025, du fait en partie de ces droits de douane.

4 commentaires

  • 13:14

    C'est à nous, citoyens européens de faire regretter à Trump sa brutalité, en n'achetant plus de services (Netflix, Disney, ...) ni de produits (voitures, Nikes, bourbons, ...) qui viennent de leurs entreprises. Les canadiens y arrivent. Pourquoi pas nous ?


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