Les États-Unis ont mené 1.054 essais nucléaires entre 1945 et le moratoire imposé par le président Bush en 1992, et deux bombardements sur les villes japonaises d'Hiroshima et Nagasaki en 1945.
Donald Trump à Busan, en Cordée du Sud, le 30 octobre 2025. ( AFP / ANDREW CABALLERO-REYNOLDS )
Dans un geste perçu comme une démonstration de force à destination des la Russie et de la Chine, Donald Trump a ordonné jeudi 30 octobre la reprise des essais nucléaires aux États-Unis, pour la première fois depuis 30 ans.
Cette déclaration du président américain, sans détails concrets, a été faite quelques minutes avant sa rencontre très attendue à Busan, en Corée du Sud, avec son homologue chinois Xi Jinping. Elle intervient aussi alors que le milliardaire républicain a haussé le ton contre le Kremlin, alors que ses efforts pour mettre fin à la guerre qui fait rage en Ukraine depuis plus de trois ans et demi n'ont donné aucun résultat concret.
"En raison des programmes d'essais menés par d'autres pays , j'ai demandé au ministère de la Guerre de commencer à tester nos armes nucléaires sur un pied d'égalité. Ce processus commencera immédiatement", a déclaré le président américain sur son réseau Truth Social. "Les États-Unis possèdent plus d'armes nucléaires que tout autre pays", s'est-il réjoui. "La Russie arrive en deuxième position et la Chine loin derrière en troisième, mais elle rattrapera son retard d'ici cinq ans".
"La Chine espère que les États-Unis respecteront sérieusement les obligations du traité d'interdiction complète des essais nucléaires et l'engagement à interdire les essais nucléaires , et qu'ils prendront des mesures concrètes pour préserver le système mondial de désarmement et de non-prolifération nucléaires et pour préserver l'équilibre et la stabilité stratégiques mondiaux", a déclaré jeudi un porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Guo Jiakun, lors d'un point presse régulier.
Selon le dernier rapport annuel de l'Institut de recherche international pour la paix de Stockholm (Sipri), les Russes affichent 5.489 ogives nucléaires contre 5.177 pour les Américains et 600 pour les Chinois . Au total, cette organisation estime à plus de 12.200 le nombre d'ogives détenues par les neuf pays disposant de l'arme atomique: la Russie, les Etats-Unis, la Chine, la France, le Royaume-Uni, le Pakistan, l'Inde, Israël et la Corée du Nord.
À son arrivée à son entretien avec Xi Jinping, Donald Trump n'a pas répondu à une journaliste qui lui demandait de commenter sa toute fraîche et surprenante annonce nucléaire.
Elle suit une série d'annonces de la part de Vladimir Poutine, qui ces dernières années n'a cessé de vanter les nouvelles capacités militaires de son pays. Dimanche, le président russe s'était félicité de l'essai final réussi du missile de croisière à propulsion nucléaire Bourevestnik , d'"une portée illimitée" et capable de tenir en échec, selon lui, quasiment tous les systèmes d'interception.
"Président de la paix" ?
"C'est inapproprié", avait réagi Donald Trump, appelant Vladimir Poutine à plutôt "mettre fin à la guerre en Ukraine". Mais le dirigeant russe n'a pas tenu compte de ces reproches. "Hier, nous avons effectué encore un essai, d'un autre système prometteur -un drone sous-marin Poséidon", a dit Vladimir Poutine lors de la visite d'un hôpital militaire, une déclaration diffusée mercredi à la télévision publique russe.
Le drone Poséidon, selon Moscou, est doté d'un système de propulsion nucléaire et peut également transporter des charges atomiques. "Aucun autre appareil dans le monde n'est égal à celui-là par sa vitesse et la profondeur" à laquelle il opère, a assuré le maître du Kremlin, en affirmant qu'il n'existait "aucun moyen de l'intercepter".
Donald Trump, qui se pose en président de la paix depuis son retour à la Maison Blanche, semble durcir le ton contre Moscou depuis l'échec de son sommet en Alaska avec Vladimir Poutine cet été. La semaine dernière, il a reporté sine die un projet de rencontre, tout juste annoncé, avec Vladimir Poutine à Budapest, disant ne pas vouloir de discussions "pour rien" et les États-Unis ont ensuite imposé de nouvelles sanctions sur les hydrocarbures russes.
Le 1er août dernier, Donald Trump avait annoncé avoir ordonné que "deux sous-marins nucléaires soient positionnés dans les zones appropriées" après des commentaires "provocateurs" de l'ancien président russe Dmitri Medvedev.
Après son entretien avec Xi Jinping, devenu un proche allié du maître du Kremlin, le milliardaire a cependant assuré que Washington et Pékin allaient "travailler ensemble" sur la guerre en Ukraine.
Traités de désarmement
Washington et Moscou restent liés par le traité de désarmement New Start, qui limite chaque partie à 1.550 ogives stratégiques offensives déployées et prévoit un mécanisme de vérifications, interrompues depuis deux ans. Alors que le traité doit expirer en février prochain, Vladimir Poutine a proposé début octobre de le prolonger d'un an mais n'a pas mentionné une possible reprise des inspections des arsenaux.
En 2019, pendant le premier mandat de Donald Trump, les États-Unis s'étaient retirés d'un autre traité majeur conclu en 1987 avec la Russie, sur les armes nucléaires de portée intermédiaire (INF).
En 2020, la presse américaine avait déjà évoqué un projet supposé du président américain de relance des essais nucléaires, en guise d'avertissement à la Russie et à la Chine.
Entre le premier essai nucléaire américain en juillet 1945 dans le désert du Nouveau Mexique et le moratoire imposé par le président George H. W. Bush en 1992 , les États-Unis ont conduit 1.054 essais nucléaires, et deux bombardements sur les villes japonaises d'Hiroshima et Nagasaki en 1945.
5 commentaires
Vous devez être membre pour ajouter un commentaire.
Vous êtes déjà membre ? Connectez-vous
Pas encore membre ? Devenez membre gratuitement
Signaler le commentaire
Fermer