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Deux détenus s'évadent de la prison de Dijon en sciant les barreaux de leur cellule
information fournie par AFP 27/11/2025 à 12:58

La prison de Dijon, d'où se sont évadés deux détenus en détention provisoire, date de 1853 ( AFP / ARNAUD FINISTRE )

La prison de Dijon, d'où se sont évadés deux détenus en détention provisoire, date de 1853 ( AFP / ARNAUD FINISTRE )

Une évasion "à l'ancienne": deux détenus se sont évadés dans la nuit de mercredi à jeudi de la vétuste prison de Dijon après avoir eu raison des barreaux de leur cellule avec une simple lame de scie à métaux puis en utilisant des draps.

La double évasion a été constatée à 07H00 lors des contrôles des effectifs au quartier disciplinaire de la petite maison d'arrêt proche du centre-ville, selon l'administration pénitentiaire.

Les deux hommes se sont évadés après avoir "vraisemblablement scié des barreaux" et ils ont "pris la fuite à l'aide de draps", a précisé le procureur de Dijon dans un communiqué.

Il s'agit de deux détenus en détention provisoire: un homme de 19 ans, mis en examen pour "des faits de tentative d'assassinat et association de malfaiteurs", et un autre de 32 ans écroué "pour des menaces et violences habituelles aggravées sur conjointe", selon le procureur Olivier Caracotch.

"Ils ont utilisé des lames de scie à l'ancienne, manuelles", a précisé Ahmed Saih, délégué FO Justice à la prison de Dijon.

"Je ne suis pas surpris parce que le résultat de l'évasion de ce matin, on le dénonce depuis de longs mois maintenant. On a fait plusieurs communiqués sur le sujet, notamment sur les lames de scie découvertes au sein de l'établissement", a-t-il ajouté à la presse devant la porte de la maison d'arrêt.

Outre "des moyens humains", afin de permettre d'effectuer plus de fouilles, le syndicaliste réclament aussi "du matériel, des brouilleurs de téléphones, de drones, des caillebotis qui ne se font pas scier en une nuit...".

Des membres des Équipes régionales d'intervention et de sécurité (ERIS) montent la garde à la porte d'entrée de la prison de Dijon, le 27 novembre 2025 ( AFP / ARNAUD FINISTRE )

Des membres des Équipes régionales d'intervention et de sécurité (ERIS) montent la garde à la porte d'entrée de la prison de Dijon, le 27 novembre 2025 ( AFP / ARNAUD FINISTRE )

"Cette maison d'arrêt est ancienne et date de 1853", rappelle la députée socialiste de Dijon, Océane Godard, qui devait initialement visiter la prison ce jeudi après-midi pour justement se rendre compte de sa surpopulation, une visite qui a bien entendu été reportée.

- "Le mépris" -

La maison d'arrêt de Dijon est vétuste et compte 311 détenus pour 180 places, soit un taux d’occupation de 173% selon le ministère de la Justice.

Elle figure parmi les six établissements pénitentiaires qui doivent bénéficier d'un plan "zéro portable" annoncé vendredi par le ministre de la Justice Gérald Darmanin. Dans le cadre de ce plan, 6,34 millions d'euros doivent être alloués à la maison d'arrêt de Dijon.

Installation de caillebotis renforcés aux fenêtres des cellules, couverture des cours de promenade, renforcement de la vidéosurveillance, dispositifs anti-drones, brouilleurs téléphoniques... : "ces travaux débuteront dans les prochains jours" dans la prison dijonnaise, a promis le ministre dans un communiqué, ajoutant qu'une inspection administrative a été lancée "pour faire toute la lumière sur cette évasion".

"On prend les 6 millions d'euros car c'est urgent", souligne Mme Godard. "Nombre de parlementaires, dont je fais partie, hurlons depuis des mois voire des années sur les conséquences de la surpopulation carcérale, sur le manque de moyens pour la justice", a-t-elle rappelé. "On n'a plus le temps d'attendre".

"La prison est très dure ici", témoigne auprès de l'AFP un détenu libéré ce jeudi matin après huit mois d'incarcération. "On était à trois dans une cellule: deux sur des lits superposés et un qui dormait par terre", ajoute-t-il devant la porte de l'établissement sans vouloir donner son nom.

Un véhicule de l'unité canine de la gendarmerie arrive à la prison de Dijon, le 27 novembre 2025, d'où se sont échappés deux détenus dans la nuit ( AFP / ARNAUD FINISTRE )

Un véhicule de l'unité canine de la gendarmerie arrive à la prison de Dijon, le 27 novembre 2025, d'où se sont échappés deux détenus dans la nuit ( AFP / ARNAUD FINISTRE )

"On en demande beaucoup plus", a déclaré le délégué FO Ahmed Saih, en référence aux 6,34 M EUR annoncés. "On a pris du retard concernant la sécurisation. On a su le faire pendant les Jeux Olympiques, maintenant on veut le faire pour l'administration pénitentiaire", a-t-il ajouté.

La double évasion dijonnaise survient quelques jours après celle d'un détenu du centre pénitentiaire de Rennes-Vézin (Ille-et-Vilaine), dont le directeur avait aussitôt été démis de ses fonctions par les garde des Sceaux.

Mercredi, trois organisations professionnelles de directeurs de prison ont fustigé le "mépris" de Gérald Darmanin qui "parade dans des structures surdotées" pendant que "les autres services agonisent".

Le nombre de détenus dans les prisons françaises était de 84.862 au 1er octobre 2025, contre 62.501 places opérationnelles, soit une densité carcérale de 135,8% qui classe la France figure parmi les plus mauvais élèves en Europe, derrière la Slovénie et Chypre.

1 commentaire

  • 13:22

    A l'ancienne... comme la prison!


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