Depuis les années 70, les forces aériennes suisses testent leur capacité de "décentralisation" en utilisant des tronçons d'autoroute comme piste de décollage et d'atterrissage. Cette pratique constitue la simulation d'une situation d'urgence, dans le cas où les bases aériennes seraient inexploitables en raison d'une attaque ennemie.

Un F18 de l'armée de l'air suisse, en octobre 2022 ( AFP / FABRICE COFFRINI )
L'armée de l'air suisse a réalisé mercredi 5 juin avec succès des atterrissages et décollages sur une autoroute. Cet exercice, relativement courant au sein de l'OTAN, n'avait pas été tenté depuis des décennies dans le pays helvétique.
Parti de l'aérodrome militaire de Payerne, qui se trouve juste à côté de la portion d'autoroute A1 qui a été coupée à la circulation pour l'occasion, le premier chasseur bombardier F/A-18 s'est posé en milieu de matinée, comme prévu et sans accroc. Les décollages deux heures plus tard, de même. Après le premier atterrissage, l'état de la piste a été contrôlé.
Un F/A-18 pèse une quinzaine de tonnes sans armement et l'atterrissage représente un choc non négligeable Des pierres ou des débris de taille relativement modeste peuvent faire des dégâts considérables aux pales des turbines des moteurs à réaction. Avec 25 mètres de large, une autoroute à 4 voies comme l'A1 est aussi plus étroite qu'une piste d'atterrissage et il ne faut pas oublier d'enlever le rail de sécurité central. Les trois autres appareils du même type ont atterri successivement sur cette autoroute qui traverse le pays de la frontière française à l'ouest, près de Genève, à la frontière avec l'Autriche à l'est. Les opérations reprendront dans l'après-midi avec un cycle atterrissage - décollage.
En septembre 2023, des avions F-35 norvégiens ont atterri pour la première fois sur une autoroute finlandaise. La Finlande avait rejoint l'OTAN cinq mois, le 4 avril 2023, après un processus d'adhésion précipité par l'invasion russe en Ukraine.
La Suisse a préféré le F-35 au Rafale
Avec cet exercice "Alpha Uno", l'armée de l'air suisse veut s'assurer de sa capacité à opérer en cas de conflit et d'endommagement de ses bases. Elle opère une trentaine de F/A-18 qui arrivent rapidement en fin de vie.
Pour remplacer la flotte de F/A-18, le gouvernement Suisse a choisi le F-35 américain -un chasseur multirôle furtif de dernière génération- au détriment du Rafale français notamment . La manière dont le choix avait été annoncé avait refroidi considérablement les relations entre Paris et Berne avant un réchauffement l'année dernière et la visite d'Etat du président Emmanuel Macron. La Suisse va acheter 36 F-35 A pour quelque 6 milliards de francs suisses (environ le même montant en euros). Les livraisons de Lockheed-Martin doivent débuter en 2027 et s'étaler jusqu'en 2030.
Si le gouvernement suisse affirme que l'avion était de loin le meilleur, au prix le plus bas de tous les jets en lice pour le contrat (Rafale, F/A-18 et Eurofighter), les innombrables difficultés techniques et dépassements budgétaires du programme F-35 aux Etats-Unis avaient incité deux commissions parlementaires suisses à lancer une enquête sur le choix de l'appareil, qui n'ont in fine pas fondamentalement remis en cause le choix.
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