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Dermatose: la France suspend pour 15 jours ses exportations de bovins
information fournie par AFP 17/10/2025 à 14:37

Face à la propagation de la dermatose nodulaire contagieuse dans les troupeaux bovins de trois régions françaises, le gouvernement a décidé de suspendre les exportations d'animaux vivants pendant quinze jours ( AFP / PHILIPPE DESMAZES )

Face à la propagation de la dermatose nodulaire contagieuse dans les troupeaux bovins de trois régions françaises, le gouvernement a décidé de suspendre les exportations d'animaux vivants pendant quinze jours ( AFP / PHILIPPE DESMAZES )

"Coup de massue" pour les éleveurs: face à la propagation de la dermatose nodulaire contagieuse dans les troupeaux bovins de trois régions françaises, le gouvernement a décidé vendredi de suspendre les exportations d'animaux vivants pendant quinze jours, alors que la France est le premier exportateur mondial.

En 2024, la France a envoyé à l'étranger 940.000 broutards, des bovins de quatre à quinze mois destinés à produire de la viande, et 356.000 veaux de moins de deux mois de type laitier, selon l'Institut de l'élevage.

Cela représente plus d'un milliard d'euros selon les chiffres agrégés des douanes, sur les 2,8 milliards d'euros générés en 2024 par les exportations d'animaux vivants et de génétique.

Ces animaux partent principalement en Espagne et en Italie pour être engraissés, pour parfois revenir en France à l'abattage.

Ces deux pays frontaliers ont aussi enregistré des cas de dermatose nodulaire contagieuse, l'Italie quelques jours avant l'arrivée de la maladie en France en juin et l'Espagne plus récemment.

"Pour 15 jours, nous fermons les marchés à l'export. Il n'y aura pas de sortie d'animaux en dehors du territoire national", a confirmé la ministre de l'Agriculture, Annie Genevard, en déplacement dans le Jura, où trois foyers ont été détectés ces dernières semaines.

La ministre avait réuni vendredi un "Parlement du sanitaire" (éleveurs, vétérinaires, spécialistes, autorités...), au cours duquel elle a annoncé un renforcement des contrôles et des restrictions de mouvement des animaux dans les zones réglementées autour des foyers.

"Les mouvements illégaux seront sévèrement sanctionnés", a-t-elle ajouté, après avoir dit que les éleveurs qui refuseraient la vaccination se la verraient imposée. Rassemblements festifs avec animaux en France et marché à bestiaux dans les zones réglementées sont aussi interdits.

Ces sanctions pourront prendre la forme d'amende ou du non dédommagement par l'Etat pour l'abattage du troupeau ainsi infecté.

Selon un communiqué du ministère, les foyers recensés dans l'Ain, dans le Rhône, dans le Jura ou dans les Pyrénées-Orientales, alors que l'épicentre de la maladie se situait en Savoie et Haute-Savoie, "résultent probablement de mouvements d'animaux, dont certains illicites".

Pour la Confédération paysanne et la Coordination rurale, syndicats agricoles qui n'ont eu de cesse de dénoncer l'abattage total systématique et une réglementation "intenable", notamment pour ceux dont les bovins étaient coincés en altitude, il est "insupportable" d'accuser ainsi les éleveurs.

L'alliance syndicale dominante, FNSEA-JA, qui a jusqu'ici soutenu la stratégie du gouvernement, doit s'exprimer dans l'après-midi.

- Confiance fragilisée -

"C'est un coup de massue", a dénoncé Sylvie Colas, de la Confédération paysanne, troisième syndicat agricole.

L'administration a expliqué lors de la réunion matinale prendre les devants avant une réunion mardi à Bruxelles, qui pourrait aboutir sur une décision encore plus stricte de restriction d'exports pour la France, raconte-t-elle.

L'Italie et l'Espagne sont disposées à importer des jeunes bovins vaccinés, ajoute-t-elle, quand le ministère invoque une confiance "fragilisée" des partenaires européens de la France.

Une restriction plus stricte décidée par l'Union européenne aurait un impact conséquent sur une filière déjà en difficulté.

Les deux syndicats appellent donc à la vaccination de l'ensemble du cheptel français et pas seulement dans les zones réglementées.

Le gouvernement leur a opposé une fin de non-recevoir et a indiqué avoir commandé 800.000 vaccins à 1,40 euro l'unité (soit 1,12 million d'euros) pour un cheptel français de 15,7 millions de têtes, selon Sylvie Colas.

Le secrétaire national de la Coordination rurale Christian Convers ajoute qu'une réunion doit se tenir au ministère lundi pour discuter notamment de la vaccination et, il l'espère, de la stratégie d'abattage pour éviter les dépeuplements complets de foyers.

Sur les indemnisations des pertes de production - car la maladie a un impact sur la lactation des vaches tandis que les restrictions de mouvements et d'exportation creusent les trous dans les trésoreries des éleveurs - les "choses avancent", tout comme sur les dérogations accordées pour rentrer les bêtes en estive à l'étable, ajoute-t-il.

Il s'inquiète en revanche du repeuplement des troupeaux savoyards - plus de 1.700 animaux ont été abattus en France depuis juin - puisque les éleveurs devaient s'approvisionner notamment dans le Jura, désormais bloqué.

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