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Dermatose: Genevard attendue dans le Sud-Ouest où la crise se cristallise
information fournie par AFP 15/12/2025 à 11:58

Des agriculteurs bloquent l'autoroute A63 pour protester contre les mesures sanitaires mises en place pour éradiquer la dermatose nodulaire contagieuse qui affecte les bovins, le 14 décembre 2025 à Cestas, près de Bordeaux, en Gironde ( AFP / ROMAIN PERROCHEAU )

Des agriculteurs bloquent l'autoroute A63 pour protester contre les mesures sanitaires mises en place pour éradiquer la dermatose nodulaire contagieuse qui affecte les bovins, le 14 décembre 2025 à Cestas, près de Bordeaux, en Gironde ( AFP / ROMAIN PERROCHEAU )

Une situation officiellement "sous contrôle" et une colère qui s'amplifie: la ministre de l'Agriculture Annie Genevard se rend lundi à Toulouse pour défendre sa gestion de la dermatose nodulaire contagieuse (DNC) critiquée par une partie des agriculteurs et de la classe politique.

La ministre a répété lundi matin sur France 2 que la discussion était "ouverte" avec la profession, y compris sur les modalités de la politique sanitaire, mais a défendu sa stratégie: la situation est actuellement "sous contrôle" et les foyers de maladie, éradiqués.

Elle a rappelé les "trois piliers" de cette stratégie: "le dépeuplement (l'abattage, NDLR), la vaccination et la restriction de mouvement", seuls à même de venir à bout de cette maladie animale très contagieuse, non transmissible à l'homme mais qui peut toucher très durement le cheptel.

La ministre est attendue dans l'après-midi en Haute-Garonne "afin de lancer la campagne de vaccination" de près d'un million de bêtes, dans une région frondeuse où la colère s'est vite convertie en actions de blocages.

- "Zéro proposition" -

En pointe de la mobilisation: les syndicats Coordination rurale et Confédération paysanne qui convergent, de façon inhabituelle, pour réclamer la fin de l'abattage systématique et l'extension générale de la vaccination.

Interrogé par l'AFP sur le barrage de Carbonne sur l'A64, où était née la mobilisation agricole de janvier 2024, Jérôme Bayle, l'un des porte-voix de cette colère paysanne, a dit ne pas attendre "grand-chose" de la visite de la ministre.

"On sait très bien qu'aujourd'hui, elle arrive avec zéro proposition", a-t-il déclaré, soulignant que plusieurs éleveurs de Haute-Garonne avaient refusé de la recevoir lundi.

D'autres, comme Frédéric Meynard, céréalier participant au blocage de l'autoroute, attend avec ses camarades "surtout d'être entendus" par la ministre, dans ce "pays de la résistance agricole", comme le proclame une banderole.

La crise n'est pas née dans le Sud-Ouest, qui n'est pas le coeur de l'élevage français, mais c'est ici que se cristallise la colère depuis deux ans, face à la crise de la viticulture et la flambée des crises sanitaires, alimentées par le changement climatique.

En Gironde, une cinquantaine d'agriculteurs, équipés de tracteurs, bloquaient l'A63 à 15km au sud de Bordeaux, en direction de l'Espagne, selon la préfecture, qui "déconseille" d'emprunter le secteur.

Dans les Landes, plusieurs dizaines d'agriculteurs occupent depuis samedi deux ronds-points sur deux axes majeurs, près de la rocade de Mont-de-Marsan.

Tout en reconnaissant le drame individuel que constitue l'abattage d'un troupeau pour un éleveur, le gouvernement tente d'en appeler "à la science" et à la "responsabilité".

- "Désinformation" -

"Mon devoir est aussi de protéger 125.000 autres éleveurs qui ne veulent pas voir arriver la maladie chez eux, et de préserver 16 millions de bovidés", déclarait dimanche la ministre de l'Agriculture à L'Opinion.

Rappelant que les protocoles sanitaires en vigueur ont été "mis en place par des vétérinaires, par des scientifiques, par des épidémiologistes", le ministre de la Recherche Philippe Baptiste a appelé lundi à "la responsabilité et à la confiance", sur Franceinfo TV.

La stratégie mise en place implique l'abattage de toutes les bêtes des foyers affectés, des restrictions de mouvements des troupeaux et la vaccination des bovins sur 50km autour des foyers. La zone vaccinale a été étendue vendredi à tout le sud du pays, face à la progression de la maladie.

Des agriculteurs assis devant une bâche sur laquelle est écrit "Genevard nous a tués" (d) lors du blocage de l'autoroute A75 à Séverac-d'Aveyron, le 14 décembre 2025 dans l'Aveyron ( AFP / Idriss Bigou-Gilles )

Des agriculteurs assis devant une bâche sur laquelle est écrit "Genevard nous a tués" (d) lors du blocage de l'autoroute A75 à Séverac-d'Aveyron, le 14 décembre 2025 dans l'Aveyron ( AFP / Idriss Bigou-Gilles )

Cette politique est jusqu'à présent soutenue par la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs, première force syndicale agricole.

La FNSEA estime qu'il n'y a actuellement aucune autre solution que l'abattage des troupeaux touchés, pour "éradiquer totalement" la maladie et fustige la "désinformation" qui circule sur cette crise.

Son syndicat redoute par ailleurs les conséquences "qu'il faut bien mesurer" en terme économique pour les éleveurs, d'une vaccination généralisée: une vaccination nationale priverait en effet le pays de son statut "indemne" et donc de sa capacité d'export de bovins vivants pendant de longs mois.

Mais dans de nombreuses fermes, l'abattage total d'un troupeau pour une vache malade ne passe pas.

Syndicat héritier des luttes altermondialistes, la Confédération paysanne dit porter "toujours le même message", qui est la demande d'"élargissement de la vaccination et l'arrêt des abattages totaux".

La ministre de l'Agriculture Annie Genevard à la sortie de l'Elysée, le 10 décembre 2025 à Paris ( AFP / Bertrand GUAY )

La ministre de l'Agriculture Annie Genevard à la sortie de l'Elysée, le 10 décembre 2025 à Paris ( AFP / Bertrand GUAY )

Quant à la Coordination rurale, où s'est imposée une ligne dure, anti-écologiste et parfois proche de l'extrême droite, elle ne veut "rien lâcher" et encourage les actions coup de poing devant les préfectures ou sur les ronds-points.

Dimanche, une trentaine d'actions avaient été recensées dans le pays en fin d'après-midi, dont un déversement de pneus, lisier et paille devant la sous-préfecture de Millau (Aveyron), selon le ministère de l'Intérieur.

Des responsables politiques, du Rassemblement national à LFI, ont critiqué ce weekend la gestion du gouvernement face à la colère montante d'une partie des agriculteurs.

3 commentaires

  • 12:49

    Et vous pouvez compter sur une licenciée en lettres (je sais pas les quelles) pour comprendre l'agriculture et les campagnes.


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