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Défié par Poutine, Trump ordonne de refaire des essais d'armes nucléaires
information fournie par AFP 30/10/2025 à 14:01

Le président américain Donald Trump parle à la presse à bord de l'avion présidentiel Air Force One, en vol pour les Etats-Unis, le 30 octobre 2025 ( AFP / ANDREW CABALLERO-REYNOLDS )

Le président américain Donald Trump parle à la presse à bord de l'avion présidentiel Air Force One, en vol pour les Etats-Unis, le 30 octobre 2025 ( AFP / ANDREW CABALLERO-REYNOLDS )

Donald Trump a ordonné jeudi la reprise par les Etats-Unis d'essais d'armes nucléaires, poussant Moscou à préciser de récentes annonces de Vladimir Poutine sur le développement de nouvelles capacités atomiques.

L'annonce, lapidaire, du président américain ressemblait à une déclaration de force juste avant sa rencontre à Busan, en Corée du Sud, avec son homologue chinois Xi Jinping. Elle s'inscrit dans le cadre d'un durcissement de M. Trump vis-à-vis du Kremlin, alors que ses efforts piétinent pour mettre fin à la guerre en Ukraine.

Dans un message sur son réseau Truth Social, il a justifié sa décision par les "programmes d'essais" d'autres pays, assurant que les Etats-Unis commenceraient "immédiatement" à "tester (leurs) armes nucléaires".

Il a par ailleurs revendiqué la suprématie américaine dans ce domaine. "Les Etats-Unis possèdent plus d'armes nucléaires que tout autre pays", s'est-il assuré. "La Russie arrive en deuxième position et la Chine loin derrière en troisième, mais elle rattrapera son retard d'ici cinq ans".

Une affirmation démentie par l'Institut de recherche international sur la paix de Stockholm (Sipri), qui fait référence, et selon lequel la Russie dispose de 4.309 ogives nucléaires déployées ou stockées contre 3.700 pour les Etats-Unis et 600 pour les Chinois. Ces chiffres ne prennent pas en compte les ogives en attente de démantèlement ou de destruction.

Photo fournie par l'armée américaine montrant le lancement d'un missile balistique intercontinental non armé lors d'un essai, le 5 février 2020 depuis la base de l'armée de l'air de Vandenberg, en Californie ( US AIR FORCE / Clayton WEAR )

Photo fournie par l'armée américaine montrant le lancement d'un missile balistique intercontinental non armé lors d'un essai, le 5 février 2020 depuis la base de l'armée de l'air de Vandenberg, en Californie ( US AIR FORCE / Clayton WEAR )

Donald Trump n'a pas précisé la nature des tests, mais Washington est signataire du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires (Tice) et l'explosion d'ogives en constituerait une violation flagrante.

Il a en revanche pointé la course aux armements de ses rivaux. "S'ils font des essais, j'imagine qu'on doit en faire", a-t-il déclaré à bord d'Air Force One, l'avion présidentiel. Interrogé sur les dates et lieux des essais, il a simplement répondu: "Cela sera annoncé. Nous avons des sites".

- Pékin défend la "non-prolifération" -

Ces déclarations répondent à une série d'annonces récentes du président russe, Vladimir Poutine. Dimanche, il s'était félicité de l'essai final réussi du missile de croisière Bourevestnik, selon lui d'"une portée illimitée" et capable de tenir en échec quasiment tous les systèmes d'interception.

Photo distribuée par l'agence d'Etat russe Sputnik montrant le président russe Vladimir Poutine en visoconférence le 29 octobre 2025 à Moscou ( POOL / Alexander KAZAKOV )

Photo distribuée par l'agence d'Etat russe Sputnik montrant le président russe Vladimir Poutine en visoconférence le 29 octobre 2025 à Moscou ( POOL / Alexander KAZAKOV )

Et mercredi, il avait fait état de l'essai d'un drone sous-marin Poséidon, compatible avec des charges atomiques. Après les déclarations de Donald Trump, Moscou a précisé qu'il s'agissait d'essais d'armes capables de porter une ogive nucléaire, et non de bombes nucléaires elles-mêmes.

"En ce qui concerne les essais du Poséidon et du Bourevestnik, nous espérons que le président Trump en a été informé correctement. Cela ne peut pas être considéré comme un essai nucléaire", a déclaré le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov.

Peu avant, Pékin avait émis le souhait que Washington respecte "sérieusement" les obligations du Tice et prenne "des mesures concrètes pour préserver le système mondial de désarmement et de non-prolifération nucléaires".

Répartition des stocks estimés de têtes nucléaires, par pays, à 2025, selon le Sipri ( AFP / Paz PIZARRO )

Répartition des stocks estimés de têtes nucléaires, par pays, à 2025, selon le Sipri ( AFP / Paz PIZARRO )

Donald Trump et Vladimir Poutine ont souvent affiché une certaine proximité, mais leurs relations se sont considérablement rafraîchies, sur fond de blocage des discussions sur le dossier ukrainien.

La semaine dernière, le président américain a reporté un projet de rencontre tout juste annoncé avec son homologue russe à Budapest, avant d'imposer de nouvelles sanctions sur les hydrocarbures russes.

Mais au-delà de ces développements récents, la rhétorique nucléaire a fait son retour dans la diplomatie mondiale depuis le début de l'invasion russe en Ukraine, en février 2022.

Le chiffon rouge de l'arme suprême est souvent agité par Moscou qui avait ordonné juste après le début de la guerre de "mettre les forces de dissuasion de l'armée russe en régime spécial d'alerte au combat".

Une menace prise à la fois avec distance et sérieux par les Occidentaux. Interrogé sur le risque d'un dérapage, Donald Trump a répondu: "Je ne pense pas. Je crois que c'est assez bien verrouillé".

La semaine dernière, l'Otan a pour autant organisé aux Pays-Bas, exceptionnellement en présence de journalistes, un exercice pour tester son dispositif si l'arme devait être employée un jour.

Washington et Moscou restent liés en principe par le traité de désarmement New Start, qui limite chaque partie à 1.550 ogives stratégiques offensives déployées et prévoit un mécanisme de vérifications, interrompues depuis deux ans.

Le traité doit expirer en février prochain. Moscou a proposé de le prolonger d'un an, mais sans mentionner d'inspections des arsenaux.

7 commentaires

  • 15:23

    Triste époque où quelques "Dr Folamour (1964 Kubrick), semblent vouloir et être prêts à passer du rire et de la satire du film, à la réalité de la folie. Et pourtant, il y a bien d'autres problèmes qui nous menacent. Mais que ce soit Poutine ou Trump, ils s'en moquent. Seul leur importent la puissance et donc la menace nucléaire. Au risque de l'humanité.


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