Les besoins de réarmement du Vieux Continent, poussés par les volontés de désengagement affichées par les Etats-Unis, mettent l'UE face à un mur d'investissement.

Ursula von der Leyen et Emmanuel Macron, en juin 2024, à Bruxelles ( POOL / OLIVIER HOSLET )
Comment concilier règles européennes et urgence défensive? Quelques heures après les déclarations d'Emmanuel Macron, qui a jugé "caduques" la règle du déficit public à 3% du PIB, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a annoncé vendredi 14 février qu'elle allait proposer un assouplissement des règles budgétaires afin de permettre aux Européens d'investir beaucoup plus dans leurs industries de défense.
"Je peux annoncer que je vais proposer d'activer la clause de sauvegarde pour les investissements dans la défense. Cela permettra aux Etats membres d'augmenter substantiellement leurs dépenses en matière de défense", a-t-elle déclaré dans un discours devant la Conférence de Munich sur la sécurité.
La clause de sauvegarde est un mécanisme du Pacte de stabilité budgétaire autorisant les pays de la zone euro à déroger aux règles encadrant les déficits et les dettes publics en raison de circonstances exceptionnelles. Les règles actuelles prévoient de limiter le déficit public à 3% du Produit intérieur brut (PIB) et la dette à 60% du PIB.
Cette clause avait été activée pendant la pandémie de Covid pour aider les pays de l'UE à faire face à des dépenses exceptionnelles liées à l'impact de cette épidémie sur leurs économies.
Il s'agit cette fois, face à la menace russe, mais aussi en raison des demandes américaines répétées pour que l'Europe dépense beaucoup plus pour sa défense, de permettre aux pays de la zone euro d'investir de façon significative, y compris en aggravant les déficits budgétaires.
500 milliards sur 10 ans, Macron espère des évolutions côté allemand après les élections
Ces règles budgétaires sont "caduques" pour une Europe qui doit "accélérer" si elle veut éviter "la sortie d'autoroute", a déclaré Emmanuel Macron dans un entretien publié vendredi par le Financial Times .
Ursula von der Leyen a estimé à quelque 500 milliards d'euros sur dix ans les investissements nécessaires pour renforcer la défense européenne. La Commission européenne doit publier d'ici la mi-mars un "livre blanc" sur la Défense dans lequel elle fera ses propositions, notamment en ce qui concerne le financement de ces investissements.
Face à la France, le camp allemand s'oppose pour l'heure aux propositions d'Emmanuel Macron, mais le président français a dit espérer que cette position évolue après les élections législatives allemandes du 23 février. Le favori du scrutin, Friedrich Merz, s'est ainsi montré en novembre dernier ouvert à l'idée d'une réforme du "frein de la dette", inscrit dans la Constitution allemande, qui limite le déficit public à 0,35% du PIB hors effets de conjoncture. Le chef de file des conservateurs de la CDU, qui vise le poste de chancelier, n’exclut pas de modifier les règles pour autoriser l’Allemagne à accroître ses dépenses.
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