Le président Vladimir Poutine a exhorté les Russes à croire en la victoire en Ukraine mercredi lors de son discours annuel du nouvel an, après presque quatre ans de conflit.
L'année 2026 va débuter alors qu'une issue diplomatique au conflit en Ukraine, le plus meurtrier en Europe depuis le Deuxième Guerre mondiale, semble toujours très incertaine, du moins à court terme, malgré les pressions américaines.
Sur le front, les troupes du Kremlin, plus nombreuses, continuent d'attaquer et de grignoter du terrain, et Moscou accuse Kiev d'avoir mené une attaque de drones contre une résidence du président russe, faisant craindre un blocage des pourparlers.
L'envoyé spécial américain Steve Witkoff a annoncé mercredi avoir discuté avec de hauts responsables ukrainiens, dont le négociateur en chef de Kiev, Roustem Oumerov, et des conseillers européens en matière de sécurité de la façon de relancer les efforts de paix pendant la nouvelle année, affirmant qu'un "travail important" restait à accomplir.
Dans son allocution télévisée, qui a duré un peu plus de trois minutes, M. Poutine s'est adressé aux soldats russes participant à "l'opération militaire spéciale" en Ukraine lancée en février 2022.
"Nous croyons en vous et en notre victoire!", a-t-il lancé, assurant que ses troupes combattaient "pour leur terre natale, la vérité et la justice".
Cette allocution marquait symboliquement les 26 ans de son arrivée au pouvoir : le 31 décembre 1999, son prédécesseur, Boris Eltsine, avait annoncé sa démission et la nomination de Vladimir Poutine comme président par intérim.
- "Dérailler" -
Mercredi, l'armée russe a réitéré ses accusations affirmant que l'Ukraine avait attaqué avec des drones une résidence de Vladimir Poutine, publiant une vidéo montrant un appareil qui aurait été abattu lors de cette attaque - vidéo que Kiev dénonce comme mensongère.
Moscou accuse Kiev d'avoir visé avec 91 drones, dans la nuit de dimanche à lundi, une résidence hautement sécurisée de Vladimir Poutine située à Valdaï, entre Moscou et Saint-Pétersbourg.
L'Ukraine a démenti, pointé une absence de preuve et soutenu que Moscou cherchait par ce biais à justifier un blocage des négociations visant à mettre fin au conflit.
La cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, a accusé mercredi la Russie de chercher à faire "dérailler" les efforts de paix en avançant des accusations "infondées".
Ces accusations jettent en effet le doute sur la poursuite des tractations diplomatiques engagées depuis novembre.
Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a prévenu mardi que "les conséquences (de cette attaque) se traduir(aie)nt par un durcissement de la position de négociation de la Fédération de Russie".
L'armée russe a publié mercredi une carte montrant la trajectoire des engins lancés lors de cette attaque présumée, ainsi que le témoignage d'un homme présenté comme un habitant d'un village situé près de cette résidence du président russe.
Pour sa part, l'Institut américain pour l'étude de la guerre (ISW), qui documente les combats entre la Russie et l'Ukraine, a également mis en doute la véracité de cette attaque.
Il a indiqué mardi n'avoir pas vu d'images amateurs ou de médias russes qui sont "d'habitude" publiées après "des frappes ukrainiennes en profondeur" en Russie, comme celle qui aurait visé l'une des résidences de Vladimir Poutine.
En riposte aux bombardements russes, Kiev mène régulièrement des attaques de drones en Russie, parfois très loin de ses frontières. Ces attaques sont habituellement corroborées sur place par des médias locaux ou des chaînes Telegram.
- "Qu'il y ait de la lumière" -
Cet automne, les frappes russes ont à nouveau dévasté le réseau énergétique ukrainien, déjà endommagé lors de précédentes vagues de bombardements depuis 2022.
Des centaines de milliers de personnes subissent régulièrement des coupures de courant et de chauffage, parfois sur de longues périodes.
A Vychgorod, près de Kiev, Daria Louchtchyk, a raconté mercredi à l'AFP avoir été privée d'électricité, d'eau et de chauffage pendant cinq jours, par des températures allant jusqu'à -13°C.
Elle tient un salon de beauté où elle a continué à accueillir des femmes souhaitant se faire belles pour le réveillon, utilisant le mode "torche" de téléphone et des bougies comme source d'éclairage.
"Tout le monde s'est adapté et comprend que s'arrêter n'est pas une option", dit-elle. Récemment, un drone russe a survolé son commerce, suscitant une brève "crise de panique" parmi ses clientes.
Neolina, une retraitée ukrainienne vivant à Vychgorod, confie n'avoir qu'un seul souhait pour 2026: "Qu'il y ait de la lumière. Puis tout le reste suivra".

2 commentaires
Vous devez être membre pour ajouter un commentaire.
Vous êtes déjà membre ? Connectez-vous
Pas encore membre ? Devenez membre gratuitement
Signaler le commentaire
Fermer