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Dans l'Arctique, des ours polaires plus en forme que prévu mais jusqu'à quand ?
information fournie par AFP 22/07/2025 à 08:31

Un ours polaire sur la banquise près des glaciers de l'est du Spitzberg, dans l'archipel du Svalbard, le 9 avril 2025 ( AFP / Olivier MORIN )

Un ours polaire sur la banquise près des glaciers de l'est du Spitzberg, dans l'archipel du Svalbard, le 9 avril 2025 ( AFP / Olivier MORIN )

"Polluants éternels", fonte de la banquise : les ours polaires du Svalbard en Arctique arrivent à faire face aux ravages de l'homme sur la planète mieux que prévu, ont constaté des experts de l'Institut polaire norvégien (NPI), mais pour combien de temps ?

"Jusqu'à présent, ils ont l'air d'aller bien. Il y a des changements notables dans leur comportement mais ils restent en bonne santé et en bonne condition physique, ils se reproduisent, ils vont mieux que nous ne le craignions. Mais il y a une limite et l'avenir risque de ne pas être aussi radieux", résume le Norvégien Jon Aars, responsable du programme "ours polaires" au NPI.

Il base son constat sur l'étude de 50 à 70 ours polaires capturés chaque année sur deux décennies.

Le directeur du programme pour les ours polaire, Jon Aars, vérifie l'état d'une ourse polaire sédatée avec ses deux oursons, dans l'archipel du Svalbard, le 6 avril 2025 ( AFP / Olivier MORIN )

Le directeur du programme pour les ours polaire, Jon Aars, vérifie l'état d'une ourse polaire sédatée avec ses deux oursons, dans l'archipel du Svalbard, le 6 avril 2025 ( AFP / Olivier MORIN )

Depuis quarante ans le NPI observe ce mammifère au Svalbard, où il est touché à la fois par les "polluants éternels" produits au bout du monde et par le réchauffement climatique trois à quatre fois plus important en Arctique que la moyenne mondiale.

Environ 300 ours polaires vivent au Svalbard toute l'année, selon l'Institut polaire.

En avril, huit scientifiques ont participé à une expédition sur le brise-glace de recherche Kronprins Haakon, au cours de laquelle de nouvelles méthodologies ont été expérimentées.

Le responsable du programme "ours polaires" de l'Institut polaire norvégien (NPI), Jon Aars, à bord du brise-glace de recherche "Kronprins Haakon" dans l'est du Spitzberg, dans l'archipel du Svalbard, le 10 avril 2025 ( AFP / Olivier MORIN )

Le responsable du programme "ours polaires" de l'Institut polaire norvégien (NPI), Jon Aars, à bord du brise-glace de recherche "Kronprins Haakon" dans l'est du Spitzberg, dans l'archipel du Svalbard, le 10 avril 2025 ( AFP / Olivier MORIN )

Les experts ont pour la première fois prélevé des tranches de tissus graisseux où les PFAS viennent se loger pour évaluer leur impact sur la santé de l'ours.

Ils ont également relevé les données de capteurs cardiaques implantés l'an passé sur des femelles et qui, couplés avec des GPS, doivent donner des informations sur leurs dépenses énergétiques selon une nouvelle technologie.

Entre deux sorties, ils ont fait part de leur constat à un photographe de l'AFP qui les a accompagnés pour cette mission.

- Moins de concentration, plus de polluants -

"Au cours des années, il y a des ours que nous avons recapturés à plusieurs reprises, parfois six ou huit fois, et nous avons observé une diminution des niveaux de polluants chez certains d'entre eux. Cela reflète le succès des réglementations au cours des dernières décennies", relève l'écotoxicologue finlandaise Heli Routti qui travaille sur ce programme depuis 15 ans.

Les toxicologues belge Laura Pirard (d) et finlandaise Heli Routti dans un laboratoire à bord du brise-glace de recherche "Kronprins Haakon" dans l'est du Spitzberg, dans l'archipel du Svalbard, le 6 avril 2025 ( AFP / Olivier MORIN )

Les toxicologues belge Laura Pirard (d) et finlandaise Heli Routti dans un laboratoire à bord du brise-glace de recherche "Kronprins Haakon" dans l'est du Spitzberg, dans l'archipel du Svalbard, le 6 avril 2025 ( AFP / Olivier MORIN )

Les experts du NPI contribuent au Programme de surveillance et d'évaluation de l'Arctique (Amap), sous la houlette du Conseil de l'Arctique, dont les conclusions sont prises en compte pour l'adoption de règlementations contre différents types de polluants.

"La concentration de nombreux polluants, soumis à règlementation, a diminué en quarante ans dans l'eau de l'Arctique. Mais la variété des polluants a augmenté. Nous observons maintenant davantage de types de substances chimiques", poursuit Mme Routti évoquant des pesticides organochlorés interdits mais retrouvés dans les tissus adipeux ou des composés perfluorés identifiés dans le sang du mammifère.

La toxicologue belge Laura Pirard montre des tranches de biopsie d'échantillons de tissu adipeux d'ours polaires, dans un laboratoire à bord du brise-glace de recherche "Kronprins Haakon" alors qu'il navigue dans l'est du Spitzberg, dans l'archipel du Svalbard, le 9 avril 2025 ( AFP / Olivier MORIN )

La toxicologue belge Laura Pirard montre des tranches de biopsie d'échantillons de tissu adipeux d'ours polaires, dans un laboratoire à bord du brise-glace de recherche "Kronprins Haakon" alors qu'il navigue dans l'est du Spitzberg, dans l'archipel du Svalbard, le 9 avril 2025 ( AFP / Olivier MORIN )

Quasi indestructibles et présents dans quantité d'objets et produits comme les poêles antiadhésives ou les cosmétiques, les "polluants éternels" sont des substances chimiques per- et polyfluoroalkylés qui s'accumulent dans l'air, le sol, l'eau, la nourriture et, in fine, dans le corps humain, notamment dans le sang et les tissus du rein ou du foie. Ces PFAS inquiètent pour plusieurs effets toxiques sur la santé, incluant notamment des cancers pour certains.

- Recul de la banquise, diversification alimentaire -

La scientifique française Marie-Anne Blanchet prélève des biopsies de tissus graisseux et des échantillons de sang sur un ours polaire sous sédatif, dans l'est du Spitzberg, dans l'archipel du Svalbard, le 11 avril 2025 ( AFP / Olivier MORIN )

La scientifique française Marie-Anne Blanchet prélève des biopsies de tissus graisseux et des échantillons de sang sur un ours polaire sous sédatif, dans l'est du Spitzberg, dans l'archipel du Svalbard, le 11 avril 2025 ( AFP / Olivier MORIN )

En ce qui concerne le réchauffement climatique, "ce qu'on voit clairement, c'est que l'environnement change, la banquise recule. Les ours ne peuvent plus l'utiliser comme il y a 20 ou 30 ans. Il y a aussi une variabilité inter-annuelle importante : d'une année à l'autre, les conditions changent beaucoup, ce qui rend l'environnement de plus en plus imprévisible. C'est difficile à suivre pour les animaux", explique la Française Marie-Anne Blanchet, spécialiste d'écologie spatiale.

"Mais les ours ont un avantage : ils vivent longtemps, accumulent de l'expérience et apprennent tout au long de leur vie. Cela leur donne un certain potentiel d'adaptation. Par exemple, ces dernières années, les ours locaux de Svalbard ont commencé à chasser davantage de rennes", poursuit Mme Blanchet.

La scientifique française Marie-Anne Blanchet montre un enregistreur graphique cardiaque implanté indiquant le pouls cardiaque et la température corporelle d'une ourse polairedans un laboratoire à bord du brise-glace de recherche "Kronprins Haakon" dans l'est du Spitzberg, dans l'archipel du Svalbard, le 8 avril 2025 ( AFP / Olivier MORIN )

La scientifique française Marie-Anne Blanchet montre un enregistreur graphique cardiaque implanté indiquant le pouls cardiaque et la température corporelle d'une ourse polairedans un laboratoire à bord du brise-glace de recherche "Kronprins Haakon" dans l'est du Spitzberg, dans l'archipel du Svalbard, le 8 avril 2025 ( AFP / Olivier MORIN )

"Est-ce parce que la population de rennes augmente ? Ou bien parce qu'ils n'arrivent plus à attraper de phoques à cause du recul de la glace ? Difficile à dire. Mais cette diversification alimentaire peut les aider à s'adapter." Tant que l'on n'atteint pas un point de bascule "au-delà duquel les ours ne pourraient plus faire face aux changements", ajoute-t-elle.

L'Institut polaire norvégien (Norsk Polarinstitutt), basé à Tromso, est un organisme public chargé de la recherche scientifique et de la gestion des zones polaires. Il est principalement financé par l'Etat norvégien avec des compléments provenant de projets nationaux et internationaux.

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