
Agnès Buzyn, alors ministre de la Santé, le 24 janvier 2020 à Paris ( POOL / Alain JOCARD )
"Pourquoi la France a besoin absolument de trouver un coupable pour un évènement de cette ampleur que personne au monde n'a pu prévoir, en tous les cas dans son ampleur ?", s'est interrogée l'ex-ministre de la Santé Agnès Buzyn, mise en examen pour sa gestion des premières semaines de l'épidémie de Covid-19, sur le plateau de RTL ce vendredi 28 octobre.
L'ex-ministre de la Santé Agnès Buzyn est mise en examen pour sa gestion des premières semaines de l'épidémie de Covid-19. L'ancien Premier ministre Edouard Philippe a un statut de témoin assisté, tandis qu'Olivier Véran, qui l'a succédée au ministère de la Santé, n'a toujours pas été entendu par les autorités.
Au micro de RTL ce vendredi 28 octobre, Agnès Buzyn n'a pas trouvé cela "injuste". "Je suis ravie pour l'ex-Premier ministre et j'espère qu'Olivier Véran échappera également à une mise en examen."
"Peut-être que mes 600 pages de PV d'audition, mes explications précises, rigoureuses, scientifiques, que je donne maintenant depuis plus d'un an commencent à porter leurs fruits, et peut-être aussi que c'est le résultat de ce que j'ai fait comme travail d'explication devant les magistrats instructeurs", a-t-elle expliqué.
"Ce qui est troublant, c'est que nous soyons le seul pays au monde à attaquer ses dirigeants pour la crise du Covid. Sur 198 pays, personne au monde n'est mis en examen pour cette pandémie mondiale", a-t-elle souligné, s'interrogeant : "Pourquoi la France a besoin absolument de trouver un coupable pour un évènement de cette ampleur que personne au monde n'a pu prévoir, en tous les cas dans son ampleur ?"
Elle n'avait "pas l'impression d'être entendue"
Selon un article du Monde publié mardi, l'ex-ministre de la Santé a affirmé qu'elle a alerté dès janvier 2020 Emmanuel Macron et Edouard Philippe, mais qu'elle n'avait "pas l'impression d'être entendue" . "Non seulement j'avais vu mais prévenu. J'ai été, de très loin en Europe, la ministre la plus alerte. Mais tout le monde s'en foutait", selon des propos rapportés par le média qui dit avoir eu accès à un journal rédigé par l'ex-ministre pendant la pandémie.
Le quotidien a fait état de nombreux textos adressés au chef de l'Etat et à son ancien Premier ministre, le premier le 11 janvier 2020 à propos de l'épidémie apparue en Chine, qui n'apparaît alors "pas encore dans les médias" mais qui "peut monter", écrit-elle.
Malgré ces éléments - qui constituent désormais une pièce de l'enquête instruite par la Cour de justice de la République (CJR) -, "je n'avais pas l'impression d'être entendue", ajoute Agnès Buzyn, qui "n'arrivai(t) pas à avoir de rendez-vous" avec le président de la République, jusqu'à un entretien téléphonique le 8 février. Soit une semaine avant son départ du ministère pour remplacer au pied levé Benjamin Griveaux dans la course à la mairie de Paris. "Je n'aurais jamais dû partir", estime-t-elle, ajoutant qu"on (la) poussait au mauvais endroit au mauvais moment".
Jusqu'à sa défaite cuisante au second tour, elle a continué à alerter l'exécutif. Ainsi ce message le 29 février à Emmanuel Macron : "On perd du temps sur l'épidémie (...) Le pays n'est pas prêt !". Ou encore celui-ci, le 10 mars à Edouard Philippe, à qui elle enjoint "de tout arrêter, comme en Italie, le plus vite possible", prédisant que "ça va être la bérézina dans les hôpitaux".
"J'ai senti que je ne pesais plus rien et que je parlais dans le vide. Je n'étais plus aux affaires et on me le faisait sentir", ajoute-t-elle aujourd'hui dans des propos au Monde.
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