
Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (D) discute à la sortie du conseil des ministres avec son ministre délégué François-Noël Buffet, le 30 juillet 2025 à Paris ( AFP / Thomas SAMSON )
Bruno Retailleau a exprimé son "désaccord", mercredi lors du conseil des ministres, avec le projet de loi initial de révision constitutionnelle sur la Corse n'intégrant pas les modifications suggérées par le Conseil d'Etat, a appris l'AFP dans son entourage.
"Je voudrais dans un souci de transparence, mais également de cohérence avec ce que je crois - et que j'ai toujours cru - vous faire part de mon désaccord quant à ce texte sur la Corse, dans sa version originelle", a dit le ministre de l'Intérieur et président du parti Les Républicains (LR), lors d'une déclaration en conseil des ministres et dont l'AFP a eu copie.
Bruno Retailleau a regretté que n'aient pas été retenues "les modifications suggérées par le Conseil d'Etat", selon lui "salutaires, compte tenu du risque de fuite en avant que ce texte comporte et qui, du point de vue de nos principes républicains, marquerait un recul".
L'avis du Conseil d'Etat, consulté par l'AFP, enlevait notamment la notion de "communauté" corse, "de lien singulier (de cette communauté) à sa terre" et refusait un pouvoir législatif autonome à la Collectivité de Corse.
"Je crains que ce projet de loi ne suscite, en définitive, que des frustrations", a ajouté M. Retailleau, arguant qu'"il n'existe pas, au Parlement, de majorité qualifiée pour adopter cette révision constitutionnelle".
"Que la République fasse une promesse tout en sachant ne pas pouvoir la tenir, ce n'est pas la bonne manière de renforcer le lien de confiance entre les citoyens et leurs institutions, et le lien d'appartenance entre nos compatriotes corses et la patrie française", a-t-il poursuivi.
"Je crois à l'enracinement mais je ne pense pas que la force d'un sentiment d'appartenance repose uniquement sur des transferts de compétences", a relevé le ministre de l'Intérieur, évoquant un "équilibre républicain fragilisé à travers ce projet de loi".
Bruno Retailleau a "fait connaître sa position" qui "n'a pas changé", a déclaré à la presse à l'issue du conseil des ministres le ministre de l'Aménagement du territoire, François Rebsamen, chargé du dossier corse.
Le projet de révision constitutionnelle visant à octroyer à l'île "une autonomie dans la République" a été lancé en 2022 par Gérald Darmanin, alors ministre de l'Intérieur, et ce à la demande d'Emmanuel Macron, pour mettre un terme aux violences sur l'île provoquées par la mort en prison du militant indépendantiste Yvan Colonna.
Le texte a été adopté à l'unanimité moins une voix par l'Assemblée de Corse.
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