« Qu'est-ce que je peux faire ? J'sais pas quoi faire… » se morfond Anna Karina, traînant les pieds dans l'eau, dans Pierrot le fou (Godard, 1965). « Rien n'est plus insupportable à l'homme que d'être dans un plein repos, relevait Pascal, sans passion, sans affaire, sans divertissement, sans application. Il sent alors son néant, son abandon, son insuffisance, sa dépendance, son impuissance, son vide. Incontinent, il sortira du fond de son âme l'ennui, la noirceur, la tristesse, le chagrin, le dépit, le désespoir. » « Taedium vitae » des Anciens, « nausée » pour Sartre, « mal sans forme » chez Alain, « brouillard silencieux » pour Heidegger, « longs corbillards sans tambour ni musique » sous la plume de Baudelaire, l'ennui n'a cessé d'inspirer auteurs, penseurs, poètes et philosophes. Jean d'Ormesson lui dédia en 2008 un très beau texte – « L'ennui est la marque en creux du talent, le tâtonnement du génie ». Autrice d'un Petit Éloge de l'ennui (Éditions Jouvence, 2011), la psychothérapeute et naturopathe Odile Chabrillac revient sur les vertus de ce mal que l'on cherche aujourd'hui à tuer à tout prix.
Le Point : Nous avons une perception négative de l'ennui, souvent assimilé au vide, au néant, au désœuvrement, au temps perdu… Pourtant, vous en faites l'éloge et appelez à en tirer tous les bienfaits. Que peut-on gagner à s'ennuyer ?
Odille
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