
(Crédits: Pixabay / Pexels - Jonathan Borba)
Le groupe investit près de 70 millions d'euros dans son site nordiste, pour augmenter d'un tiers sa production de Fuze Tea, Tropico et Powerade.
Après avoir investi 1 milliard d'euros entre 2020 et 2025 en France, dans la décarbonation de ses usines et les capacités de production, le géant américain Coca-Cola poursuit son aventure tricolore. CCEP, l'embouteilleur de Coca-Cola en Europe, va investir 68 millions d'euros dans son usine dunkerquoise de Socx (Nord). Et ce, malgré un environnement de consommation assez morose et l'augmentation de la taxe soda cette année, qui a renchéri de 18 centimes par litre le Coca original.
Une part de cette enveloppe sera consacrée à la construction d'une nouvelle ligne de production aseptique, pour ses marques de boissons plates comme Fuze Tea, Powerade ou pour les boissons aux fruits Tropico, rachetées par Coca-Cola Company en 2018 . Une autre partie sera dévolue à la construction d'une nouvelle siroperie pour stocker les concentrés servant de base à ses boissons, ainsi qu'à la modernisation des zones logistiques. Cinquante emplois seront créés autour de cette nouvelle ligne, opérationnelle d'ici un an.
« Étant donné la croissance dans la catégorie des boissons plates (hors jus de fruits), nous anticipons la hausse à venir des volumes à Dunkerque, qui est notre site de production de référence pour les boissons non gazeuses » , explique François Gay-Bellile, le PDG de CCEP France (2,3 milliards d'euros de chiffre d'affaires). Avec 470 salariés, l'usine d'embouteillage de Socx produit actuellement 580 millions de litres par an, sur 8 lignes. « Nous augmenterons d'un tiers cette production, en petits et grands formats, essentiellement pour le marché français, ajoute le dirigeant . Cela va dans la continuité de nos investissements de ces dernières années, visant à accélérer notre diversification au-delà de nos boissons historiques (75 % de l'activité, NDLR) » .
Diversification du portefeuille
Connu pour ses marques iconiques Coca-Cola, Fanta, ou Sprite, le groupe veut développer en France son portefeuille au-delà de ses sodas historiques. Notamment en misant sur le marché dynamique des boissons énergisantes (Monster, Coca-Cola Energy), des boissons pour sportifs (Powerade) ou des thés glacés (Fuze Tea…). Ces initiatives n'ont pas toujours été couronnées de succès dans l'Hexagone. Les boissons gazeuses alcoolisées aromatisées ont fait un tabac aux États-Unis mais n'ont pas percé de ce côté-ci de l'Atlantique. La marque Topo Chico a été arrêtée en 2023 dans l'Hexagone, trois ans après son lancement. À l'inverse, d'autres innovations ou rachats ont trouvé leur public, comme Fuze Tea, lancé en 2018 en France. Avec 19 % de part de marché, la marque est désormais un solide numéro 2, derrière le leader Lipton (45 % de part de marché).
À moyen terme, le groupe estime pouvoir continuer à tirer parti de la puissance de ses marques pour naviguer dans un environnement complexe pour les géants des boissons sans alcool, entre la pression de la taxe soda et les contraintes sur le pouvoir d'achat. En 2024, le chiffre d'affaires de CCEP a été stable. Et le groupe a vu le nombre de ses produits écoulés en grandes surfaces augmenter de 2,2 % sur les neuf premiers mois de 2025, selon la panéliste NielsenIQ. « La météo a été plus favorable que l'an dernier. Cependant, le climat d'instabilité dans le pays joue sur les comportements d'achat, avec des consommateurs qui arbitrent par exemple pour des formats plus petits » , explique le dirigeant. Si le chiffre d'affaires en sortie de caisse a augmenté de 6,3 % en France lors de ces neuf mois, cette hausse a surtout été tirée par les effets de la hausse de la taxe soda.
Consommation à la traîne
En outre, les Français délaissent quelque peu les bars et restaurants, qui constituent 30 % des débouchés du groupe. « Depuis fin août, un ralentissement se fait sentir, notamment dans les circuits hors du domicile, confirme François Gay-Bellile . À 19 %, le niveau d'épargne des Français est désormais presque aussi élevé que pendant la pandémie » .
Dans ce contexte, nombre d'acteurs se mettent en ordre de marche pour gagner de la compétitivité. Jeudi, le japonais Suntory Beverage and Food (Orangina, Schweppes, Oasis) s'est résolu à fermer d'ici à fin 2026 son usine d'embouteillage de La Courneuve en Île-de-France , pour concentrer sa production tricolore sur trois usines. En cause : la baisse de 10 % de ses volumes. La concurrence des marques de distributeur est forte sur les boissons aux fruits et les jus.
De son côté, CCEP a aussi lancé l'an dernier la réorganisation de son outil industriel en France. Il achèvera d'ici à la fin de l'année le déménagement de la production de son site francilien de Clamart vers celui, voisin, de Grigny . Dans ce dernier, il vient d'investir 32 millions d'euros pour déployer une ligne flambant neuve de bouteilles en verre consigné. Avec huit usines dans l'Hexagone, dont un centre de recyclage du plastique (PET), le groupe continue à faire de la France un axe majeur pour ses investissements industriels.
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