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Cisjordanie-L'espoir d'un État palestinien se heurte aux bulldozers israéliens
information fournie par Reuters 02/10/2025 à 12:17

PRÈS DE RAMALLAH, CISJORDANIE, 2 octobre (Reuters) - A lors que le président américain Donald Trump annonçait cette semaine un plan visant à mettre fin à la guerre à Gaza et suggérait une voie possible vers un État palestinien, Ashraf Samara, qui vit en Cisjordanie occupée, regardait les bulldozers autour de son village diminuer ses espoirs d’indépendance.

Entourés de gardes armés, les bulldozers sont à l'oeuvre pour créer de nouvelles routes pour les colonies juives, redessinant les alentours du village de Beit Ur al Fauqa, à Samara, et bloquant la circulation des Palestiniens.

"Cela vise à empêcher les habitants d'accéder à ces terres et de les utiliser", a déclaré Ashraf Samara, membre du conseil municipal de son village.

Il a déclaré à Reuters que cette mesure "enfermerait les villages et les communautés résidentielles" en les confinant exclusivement aux zones où ils vivent.

Avec chaque nouvelle route qui facilite les déplacements des colons juifs, les Palestiniens de Cisjordanie, qui sont généralement interdits d'accès à ces voies, se retrouvent confrontés à de nouveaux obstacles pour se rendre dans les villes, les lieux de travail ou les terres agricoles voisines.

LES COLONIES CONTINUENT DE S’ÉTENDRE

Alors que plusieurs pays européens, dont la France et la Grande-Bretagne, ont rejoint en septembre la liste croissante des nations reconnaissant un État palestinien, les colonies israéliennes en Cisjordanie ont continué de s'étendre à un rythme toujours plus rapide sous le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu.

Les Palestiniens et la plupart des pays considèrent ces colonies comme illégales au regard du droit international. Israël conteste cette affirmation.

Pour Hagit Ofran, membre du groupe militant israélien Peace Now, les nouvelles routes en cours de construction autour de Beit Ur al Fauqa et au-delà sont une tentative d'Israël de contrôler davantage de terres palestiniennes.

"Ils le font afin d'imposer un fait accompli. Tant qu'ils en auront le pouvoir, ils dépenseront de l’argent", a-t-elle déclaré, ajoutant qu'Israël a alloué sept milliards de shekels (1,80 milliard d'euros) à la construction de routes en Cisjordanie depuis les attaques du Hamas en octobre 2023 qui ont déclenché la guerre à Gaza.

Les colonies israéliennes, dont la taille et le nombre ont augmenté depuis la conquête de la Cisjordanie par Israël lors de la guerre de 1967, s'étendent profondément dans le territoire, soutenues par un réseau routier et d'autres infrastructures sous contrôle israélien.

Dans un rapport publié en 2004, l'organisation israélienne de défense des droits de l'homme B'Tselem a qualifié ce réseau de routes et de déviations, construit au fil de plusieurs décennies, de "régime routier discriminatoire d’Israël". L'organisation a déclaré que certaines routes avaient pour objectif de créer une barrière physique afin de bloquer le développement urbain palestinien.

Le bureau de Benjamin Netanyahu, l'armée israélienne et le Conseil de Yesha, un organisme qui représente les colons de Cisjordanie, n'ont pas répondu aux demandes de commentaires dans l'immédiat.

Avant l'annonce du plan de Donald Trump pour Gaza, Benjamin Netanyahu avait déclaré : "Il n'y aura jamais d'État palestinien", alors qu'il approuvait le mois dernier un projet d'extension de la construction entre la colonie cisjordanienne de Maale Adumim et Jérusalem.

Son ministre des Finances, Bezalel Smotrich, a déclaré à propos du même projet qu'il "enterrerait" l'idée d'un État palestinien.

Le plan de Donald Trump pour Gaza visant à mettre fin à la guerre, approuvé par Benjamin Netanyahu, esquisse une voie potentielle vers la création d'un État palestinien, mais les conditions qu'il impose pour y parvenir signifient qu'un tel résultat est loin d'être garanti, selon les analystes.

"Ce que fait actuellement le gouvernement, c'est mettre en place les infrastructures nécessaires pour accueillir le million de colons qu'il souhaite attirer en Cisjordanie", a déclaré Hagit Ofran. "Sans routes, cela est impossible. Si vous avez une route, les colons finiront par venir, presque naturellement".

(Reportage Mustafa Abu Ganeyeh, Ammar Awad et Mohammed Torokman, rédigé par Nayera Abdallah ; Mara Vîlcu pour la version française, édité par Kate Entringer)

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