
( AFP / HECTOR RETAMAL )
La Chine devrait annoncer lundi que sa croissance s'est tassée au troisième trimestre, au plus bas depuis un an, selon les prévisions d'un groupe d'économistes interrogés par l'AFP, un nouveau signal préoccupant pour son économie.
Le géant asiatique peine à se remettre pleinement de la pandémie de Covid-19, qui a fortement affecté la confiance des ménages. L'économie est lestée par une faible demande et une crise dans le secteur immobilier.
La situation s'est encore compliquée cette année avec le retour au pouvoir du président américain Donald Trump, dont la salve de droits de douane et de restrictions commerciales a particulièrement touché la Chine.
Dans ce contexte, le Parti communiste chinois (PCC) au pouvoir ouvrira lundi une grande réunion, destinée notamment à définir les orientations politiques des cinq prochaines années.
Le Bureau national des statistiques (BNS) publiera le même jour le chiffre du Produit intérieur brut (PIB) sur la période juillet-septembre.
Nouveau signe de ralentissement, il devrait avoir augmenté de 4,8% sur un an, selon la médiane d'un groupe de 11 experts interrogés par l'AFP.
Ce taux, qui serait le plus faible depuis un an, se situerait dans la fourchette basse de l'objectif de croissance pour 2025, fixé par le gouvernement à "autour de 5%".
Bien que sujet à caution, le chiffre officiel du PIB est toujours scruté de près compte tenu du poids économique de la Chine.
"L'économie connaît un net ralentissement. Pas de façon drastique (...) mais de manière notable", indique à l'AFP Alicia Garcia-Herrero, économiste chez Natixis.
Le "principal problème" est la faible consommation, ajoute-t-elle, qualifiant les récents indicateurs économiques maussades de signes d'une "pression déflationniste vraiment forte".
"A cela s'ajoutent des fragilités croissantes du côté des finances publiques, notamment pour les collectivités locales", souligne Mme Garcia-Herrero, en référence à l'endettement massif qui empêche plusieurs provinces de régler certaines dépenses.
- L'immobilier malade -
Des données officielles publiées cette semaine montrent que les prix à la consommation ont continué de baisser en septembre sur un an.
Selon nombre d'économistes, la Chine doit ainsi urgemment rebalancer son modèle de croissance au profit de la consommation intérieure, en se détournant des investissements massifs dans les infrastructures et l'immobilier – des leviers historiques aujourd'hui essoufflés.
Cette transition devrait figurer à l'ordre du jour de la réunion du PCC la semaine prochaine, prédit Teeuwe Mevissen, économiste chez Rabobank.
Autre épine dans le pied des décideurs politiques chinois: le secteur immobilier. Moteur de croissance durant des décennies grâce à l'urbanisation, à l'exode rural et au développement économique, il est plongé depuis 2020 dans une crise de la dette.
Ce ralentissement a refroidi les acheteurs potentiels dans un contexte de baisse des prix, freiné les investissements et laissé de nombreux projets inachevés après la faillite de plusieurs grands groupes.
Les autorités ont multiplié ces dernières années les mesures de soutien, notamment en assouplissant certaines restrictions sur l'achat de biens. Mais les résultats restent mitigés.
- De nouvelles mesures? -
L'année 2025 a apporté de nouveaux vents contraires avec la guerre commerciale lancée par Donald Trump.
Les deux puissances se sont infligé au début de l'année une série de droits de douane punitifs. Même si une trêve fragile a depuis été conclue, les tensions restent vives.
Malgré cela, les exportations du géant chinois se montrent résilientes, profitant de la redirection de nombre d'entre elles vers d'autres marchés - notamment en Asie du Sud-Est.
Les exportations ont bondi de 8,3% sur un an le mois dernier, soit plus qu'attendu par les économistes. Il s'agit même de leur plus forte hausse depuis mars.
"Si les échanges avec les Etats-Unis ont reculé, la présence de la Chine sur d'autres marchés s'est renforcée", note Heron Lim, de Moody's Analytics.
Ces nouveaux débouchés à l'export ont "permis de maintenir les usines en activité", souligne-t-il.
Mais selon Guo Shan, du cabinet Hutong Research, "même si les chiffres des exportations sont solides, atteindre l'objectif (d'environ 5% de croissance, ndlr) nécessitera des mesures de politique économique supplémentaires".
Elle s'attend à ce que la réunion du PCC se focalise sur des mesures de stimulation de la consommation, des services et de l'innovation.
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