"Les systèmes de défense aérienne actuellement disponibles dans le monde et les systèmes de défense antimissile créés par les Américains en Europe n'interceptent pas ces missiles. Ceci est exclu", a martelé le président russe.
Vladimir Poutine à Astana, au Kazakhstan, le 28 novembre 2024. ( POOL / MIKHAIL TERESHCHENKO )
"Ce n'est pas une arme atomique", mais c'est "comparable". Vladimir Poutine a vanté jeudi 28 novembre la puissance du missile expérimental hypersonique de portée intermédiaire Orechnik. Une arme qu'il a menacé d'utiliser sur des cibles militaires ou sur la capitale ukrainienne, Kiev.
"Nous n'excluons pas l'utilisation d'Orechnik contre des cibles militaires, des installations militaro-industrielles ou des centres de décision, y compris à Kiev ", a-t-il dit lors d'une conférence de presse retransmise à la télévision russe en marge d'une visite au Kazakhstan.
À la demande d'un journaliste, il a également vanté de nouveau la puissance de feu de cette arme de portée intermédiaire capable de frapper partout en Europe, même si celle-ci n'est pas équipée d'ogives nucléaires. "Si l'on utilise plusieurs de ces systèmes en une frappe - deux, trois, quatre - alors, du point de vue de sa puissance, c'est comparable à l'usage d'une arme nucléaire" , a-t-il dit. "Ce n'est pas une arme atomique car elle est A- de haute précision et B- pas équipée d'une charge explosive nucléaire, et ne pollue pas l'environnement. Mais du point de vue de la puissance, c'est comparable", a dit le président russe, qui avait déjà comparé ce missile à "une météorite" et la chaleur dégagée au moment de l'explosion à la température de la surface du Soleil.
Vladimir Poutine n'a pas précisé si ce missile était exclusivement conventionnel ou s'il pouvait être équipé d'une charge nucléaire, ce qu'il avait laissé entendre la semaine dernière après une frappe d'essai en Ukraine, présentée comme une réponse à des tirs de missiles américains ATACMS et britanniques Storm Shadow sur le sol russe.
Selon Vladimir Poutine, il s'agit d'un missile balistique "à portée intermédiaire", qui peut atteindre des cibles comprises entre 3.000 et 5.500 km. Une source haut placée au sein de l'état-major ukrainien a affirmé que la Russie n'en possède que "quelques unités". D'après Vladimir Poutine, le tir du 21 novembre était un essai en condition de combat, sous-entendant donc que cette arme est encore en développement.
L'Orechnik n'entre donc pas dans la catégorie des missiles intercontinentaux (d'une portée de plus de 5.500 km). Mais, s'il était tiré depuis l'Extrême-Orient russe, il pourrait théoriquement toucher des cibles sur la côte ouest des États-Unis.
La "quasi-totalité" de l'Europe menacée
"L'Orechnik peut (également) menacer la quasi-totalité de l'Europe" , a relevé Pavel Podvig, chercheur à l'Institut des Nations unies pour la recherche sur le désarmement (Unidir) à Genève (Suisse), dans un entretien au média Ostorozhno Novosti. Jusqu'en 2019, la Russie et les États-Unis ne pouvaient mettre en service de tels missiles, en vertu du traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (FNI) signé en 1987 pendant la Guerre froide. Mais en 2019, le président américain Donald Trump avait retiré Washington de ce texte, accusant Moscou de le violer, ce qui ouvrait la voie à une nouvelle course aux armements.
Le 22 novembre, lors d'une réunion télévisée avec des responsables militaires, Vladimir Poutine a assuré que Moscou avait une réserve de ces missiles "prêts à l'emploi".
Le commandant des forces russes de missiles stratégiques, Sergueï Karakaïev, a affirmé que "l'usage massif" de ce missile "serait comparable à l'emploi d'une arme nucléaire". Selon Sergueï Karakaïev, il a été élaboré après un ordre donné par Vladimir Poutine en juillet 2023.
Selon Vladimir Poutine, le missile Orechnik, tiré le 21 novembre sans charge nucléaire, peut atteindre la vitesse de Mach 10 , "soit 2,5 à 3 kilomètres par seconde" (environ 12.350 km/h). D'après le renseignement militaire ukrainien (GUR), la vitesse atteinte par le missile "sur la partie finale de la trajectoire" était "supérieure à 11 Mach" (environ 13.600 km/h).
"La température des éléments percutants atteint 4.000°C", s'est vanté jeudi Vladimir Poutine, soit presque autant selon lui qu'"à la surface du soleil", entre "5.500 et 6.000 degrés". "Des centres de prise de décision à Kiev" pourraient être la cible de futurs tirs d'Orechnik, a-t-il ajouté.
Plusieurs têtes
Enfin, l'Orechnik serait aussi muni de charges manœuvrantes, ce qui accroîtrait encore la difficulté d'interception.
"Les systèmes de défense aérienne actuellement disponibles dans le monde et les systèmes de défense antimissile créés par les Américains en Europe n'interceptent pas ces missiles. Ceci est exclu", a affirmé Vladimir Poutine.
L'Ukraine a demandé aux Occidentaux de lui fournir de nouveaux systèmes antiaériens de dernière génération. Les Ukrainiens ont identifié certains des nouveaux systèmes qui leur permettraient toutefois de les contrer, a indiqué un diplomate de l'Otan mardi.
Une vidéo du tir russe du 21 novembre, diffusée sur les réseaux sociaux, montrait six puissants flashs successifs tombant du ciel au moment de l'attaque, signe, d'après le GUR ukrainien, que le missile "était équipé de six ogives". Cette configuration consiste à équiper un missile de plusieurs têtes, nucléaires ou conventionnelles, qui suivent chacune une trajectoire indépendante lors de leur entrée dans l'atmosphère.
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