(Actualisé tout du long avec éléments supplémentaires; photo à disposition)
La Cour suprême brésilienne a décidé lundi d'assigner à résidence l'ancien président Jair Bolsonaro dans l'attente de son procès pour des accusations de tentative de coup d'Etat, une démarche illustrant la détermination de la cour à ne pas céder face aux sanctions du président américain Donald Trump.
Le juge Alexandre de Moraes, visé la semaine dernière par des sanctions du département américain du Trésor, a ordonné le placement en résidence surveillée de Jair Bolsonaro, lui reprochant de n'avoir pas respecté des ordonnances restrictives imposées en juillet après que l'ancien dirigeant d'extrême droite a été accusé de favoriser l'ingérence de Donald Trump.
Jair Bolsonaro, qui a revendiqué par le passé être un admirateur de Donald Trump, est jugé devant la Cour suprême pour un complot présumé avec des alliés destiné à faire annuler, dans la violence, sa défaite électorale face au socialiste Luiz Inacio Lula da Silva lors de la présidentielle d'octobre 2022.
Donald Trump, qui a dénoncé une "chasse aux sorcières" à l'encontre de Jair Bolsonaro, a décidé d'imposer des droits de douane américains de 50% sur les produits importés en provenance du Brésil. Cette mesure doit prendre effet mercredi.
Le département d'Etat américain a condamné lundi soir la décision de la Cour suprême brésilienne, déclarant qu'il "demandera des comptes" à tous ceux ayant joué un rôle dans ces démarches. Aucune précision n'a été donnée sur les potentielles mesures envisagées. Donald Trump a menacé récemment d'alourdir encore davantage les taxes douanières imposées au Brésil.
Alexandre de Moraes a également interdit lundi à Jair Bolsonaro de recevoir de quelconques visites, à l'exception de ses avocats et de personnes ayant reçu l'autorisation de la Cour suprême, et d'utiliser tout téléphone portable - directement ou via une tierce partie.
Un porte-parole de l'ancien président a confirmé que celui-ci a été placé lundi soir en résidence surveillée à Brasilia et que la police a également saisi son téléphone portable.
Les avocats de Jair Bolsonaro ont exprimé dans un communiqué leur intention d'interjeter appel de la décision, niant toute infraction aux décisions de la cour.
Dans une interview à Reuters en juillet, Jair Bolsonaro a qualifié Alexandre de Moraes de "dictateur", estimant que les ordonnances le visant relevaient de la "lâcheté" du juge.
Certains alliés de Jair Bolsonaro s'inquiètent que la stratégie de Donald Trump s'avère contre-productive, avec pour potentiel effet de nuire à l'ancien président et de faire basculer l'opinion publique derrière le gouvernement de Lula.
Reste que les manifestations pro-Bolsonaro survenues dimanche au Brésil, les plus importantes depuis des mois, ont montré aussi que les attaques de Donald Trump et les sanctions américaines contre Alexandre de Moraes ont ravivé la base électorale de l'ex-dirigeant d'extrême droite.
Un parallèle avait été dressé entre les émeutes à Brasilia en janvier 2023 et l'assaut meurtrier du Capitole américain le 6 janvier 2021 par des partisans de Donald Trump refusant de reconnaître la défaite électorale du républicain.
La justice brésilienne a agi vite face à Jair Bolsonaro, déjà frappé d'une interdiction de mandat public jusqu'en 2030 et dont la carrière politique pourrait être menacée.
Donald Trump a partagé publiquement le mois dernier une lettre qu'il a adressée à Jair Bolsonaro dans laquelle il écrit que le procès "doit prendre fin immédiatement", déplorant le "traitement terrible" que reçoit Bolsonaro de la part d'un "système injuste tourné contre (lui)".
(Ricardo Brita, avec la contribution de Luciana Magalhaes à Sao Paulo et Daphne Psaledakis à Washington; version française Jean Terzian)
1 commentaire
Vous devez être membre pour ajouter un commentaire.
Vous êtes déjà membre ? Connectez-vous
Pas encore membre ? Devenez membre gratuitement
Signaler le commentaire
Fermer