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Bourse : mieux comprendre les risques du copy-trading
information fournie par Boursorama 22/10/2021 à 11:20

Le copy-trading consiste à copier automatiquement l'activité d'un ou plusieurs traders. L'AMF met en garde les investisseurs qui pensent avoir découvert la martingale avec cette méthode d'investissement.

Le copy-trading consiste à copier automatiquement l'activité d'un ou plusieurs traders. L'AMF met en garde les investisseurs qui pensent avoir découvert la martingale avec cette méthode d'investissement.

Dans son rapport de 2020, le médiateur de l'AMF met en garde les investisseurs particuliers contre les risques du copy-trading, qui cause des pertes importantes aux épargnants. Les régulateurs s'inquiètent également des pratiques de « social trading », à savoir des recommandations de trading sur les réseaux sociaux, souligne Claire Castanet, directrice des relations avec les épargnants à l'AMF. L'occasion de faire le point sur les risques liés à cette pratique.

Le copy-trading consiste à copier automatiquement l'activité d'un ou plusieurs traders. Cette méthode d'investissement, encadrée en Europe, permet de dupliquer des choix d'investissement sur un compte de trading. Présenté parfois comme la martingale, le copy-trading minimise les efforts à faire pour apprendre les bases de l'investissement boursier et comprendre ce dans quoi on investit. Ce qui est «déresponsabilisant et problématique», pointe Claire Castanet, directrice des relations avec les épargnants au sein de l'Autorité des marchés financiers (AMF).

1. Une pratique strictement encadrée

Qui dit activité à risque, dit réglementation de fer. Les courtiers proposant du copy-trading sont strictement encadrés en Europe et doivent obtenir un agrément de gestion de portefeuilles pour compte de tiers pour exercer. Cet agrément est délivré par l'autorité de réglementation française ou par une de ses homologues européennes. Différents critères doivent être respectés comme des compétences dument établies ou la présentation d'un programme d'activité pour chacun des services engagés.

Une fois cet agrément obtenu, le prestataire de services doit répondre à plusieurs obligations comme la conduite d'un «test d'adéquation», qui permet de déterminer le profil du client, son expérience, son appétence au risque... Un mandat de gestion doit aussi être signé pour s'assurer que les limites en termes de prise de risque sont bien respectées. Le courtier est par ailleurs tenu de prévenir son client si la valeur de son portefeuille baisse de 10%.

2. Des investissements à l'aveugle potentiellement très risqués

En copiant automatiquement les investissements d'un trader, voire d'un robot, les épargnants peuvent acheter, sans en avoir conscience, des produits financiers très risqués, à effet de levier, comme les CFD («contracts for difference»).

Ces produits financiers sont tellement risqués que l'autorité européenne des marchés financiers, l'Esma (European Securities and Markets Authority) a jugé bon de mettre en place en 2018 des mesures de protection pour les épargnants européens, mesures pérennisées par l'AMF en France en 2019. Par exemple, les effets de levier sont plafonnés et un avertissement doit indiquer le pourcentage de clients perdants sur ce type de produits chez ce courtier.

«Il faut savoir que ce pourcentage varie en général entre 70 à plus de 80% », souligne Claire Castanet. « La majorité des investisseurs perdent donc de l'argent en investissant dans ces produits».

A savoir

L'effet de levier

L'effet de levier est un moyen de démultiplier ses gains - ou ses pertes – en bourse. L'investisseur est invité à ne déposer qu'une partie de son investissement initial (appelée «la marge»), le reste étant fourni par le prestataire de services. Si la marge est de 5% et que l'investissement initial devait être de 40.000 €, alors seulement 2.000 € seront requis. L'effet de levier sera ici de 20. Ce qui signifie que l'investisseur peut potentiellement multiplier ses gains par 20, mais aussi ses pertes.

Les limites des effets de levier sur les CFD en Europe sont de :

- 30 pour les principales devises sur le Forex

- 20 sur les principaux indices et l'or

- 10 pour les matières premières (hors l'or)

- 5 pour les actions

- 2 pour les crypto-monnaies.

Cette liste donne aussi une mesure du risque de chaque investissement, du moins risqué au plus risqué. A noter que l'effet de levier permet toutefois d'investir de grande somme d'argent sans devoir immobiliser une part conséquente de son capital.

3. Des acteurs qui contournent les règles

Par un jeu de sociétés filiales, les ordres peuvent être exécutés dans des pays hors de l'Union européenne, donc non-soumis à la législation en vigueur. Exit donc les limites sur les effets de levier et toutes les règles de protection. Les épargnants se retrouvent alors sans la moindre protection.

Le droit européen permet aux sociétés d'investissement européennes, agréées dans leur pays, d'exercer leur activité dans toute l'Union Européenne. C'est ce qu'on appelle le « passeport européen ». On dit que ces acteurs agissent en libre prestation de services. Ils sont supervisés par l'autorité de leur pays d'origine.

L'AMF a constaté un nombre significatif de réclamations envers des courtiers en libre prestation de service, notamment ceux établis à Chypre. Le contournement des règles de protection européennes est le principal problème.

«La majorité des acteurs qui délivrent des prestations de copy-trading en France interviennent en libre prestation de services», explique Claire Castenet. «Ils ne sont pas agréés ni suivis par l'AMF, qui n'exerce aucun pouvoir de contrôle sur eux. Si demain un litige a lieu avec une société en libre prestation de services, l'AMF n'a pas les compétences pour intervenir». En cas de problème, le client devra s'adresser au médiateur du pays d'origine, donc dans une langue étrangère.

4. Toujours être à la manœuvre sur ses investissements

A côté du copy-trading, totalement automatisé, se développent aussi des pratiques de «social trading» : le partage de recommandations de trading informelles sur les réseaux sociaux ou sur des forums. L'Esma avait tiré la sonnette d'alarme en février dernier sur les risques que posent ces pratiques, comme celui de la fiabilité de l'information.

«Attention aux nombreux influenceurs sur les réseaux sociaux dont on ignore les réelles compétences en finance et s'ils sont rémunérés», avertit Claire Castanet. «Un investisseur doit toujours être à la manœuvre sur ses investissements. Il est important de se construire progressivement une culture boursière, se constituer un portefeuille diversifié, de se former et de s'informer plutôt que de suivre les modes.»

5. Bien choisir son courtier et éviter les arnaques

Investir en bourse nécessite de bien choisir son prestataire de service d'investissement et de «ne pas céder aux fausses promesses du trading facile, aux formations qui vous font croire que vous deviendrez trader en quelques heures», met en garde la directrice des relations avec les épargnants.

Un registre des prestataires des services d'investissement existe et recense tous les fournisseurs agréés par l'AMF et ceux en libre prestation de services. Il s'agit du Registre des agents financiers, Regafi.

Mais récemment, une vague d'usurpation des sociétés agréés s'est abattue, renseigne l'AMF dans son rapport de l'année 2020. «Dans un dossier, un épargnant a indiqué que l'escroc lui avait même enjoint de vérifier que la société pour laquelle il travaillait figurait bien sur le registre des agents financiers (Regafi)». La meilleure des solutions pour se tenir à l'écart des arnaques reste de ne pas donner suite aux tentatives de démarchage et de choisir soi-même son prestataire.

Encadré

L'application AMF Protect Epargne

Fin 2019, l'autorité de réglementation française a développé une application, AMF Protect Epargne. Elle propose une rubrique « Suis-je victime d'une arnaque ? » qui, à la suite d'un questionnaire, indique la probabilité d'être confronté à une escroquerie. Le questionnaire propose des questions à choix multiples et se complète en une minute.

L'application inclut aussi les listes noires de l'AMF. Elle recense tous les acteurs non-autorisés par l'AMF par catégorie (crypto-actifs, Forex, usurpations…). Une liste noire n'est jamais exhaustive puisqu'il il existe toujours un délai entre son apparition et le moment où elle est inscrite sur cette liste.

Toutes les plateformes de copy-trading ne sont néanmoins pas des arnaques. Certaines sont dument agréées par l'AMF, sans que cela n'élude pour autant les risques associés. D'autres contournent les règles établies et sont à surveiller. Le maître mot reste la prudence.

Auguste Grignon Dumoulin (redaction@boursorama.fr)

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