
( AFP / GUILLAUME SOUVANT )
Les représentants du personnel du génériqueur français Biogaran, ont alerté mardi les parlementaires sur les risques d'une éventuelle mise en vente par sa maison-mère Servier dans un contexte de flou politique.
"En cette période transitoire pour nos institutions, nous craignons que le processus de cession soit irrémédiablement engagé dans les prochaines semaines, voire les prochains jours par les laboratoires Servier", écrivent les membres du comité économique et social (CSE) de Biogaran dans cette lettre ouverte adressée aux parlementaires dont l'AFP a obtenu copie.
"Pas de décision durant cette période où ni l'Assemblée nationale n'est vraiment installée ni le gouvernement n'a été trouvé", insiste un membre du CSE auprès de l'AFP qui comme ses homologues a requis l'anonymat.
Dans leur missive, les représentants du personnel redoutent des risques de "perte de souveraineté si la production est délocalisée", "moins de réactivité face à des crises sanitaires", "plus de ruptures de stocks en pharmacies" et "la suppression d’emplois au sein de Biogaran et de ses sous-traitants".
Des craintes énumérées dans une pétition lancée vendredi pour mobiliser l'opinion publique, qui a recueilli 26.000 signatures à ce jour.
"Dans le flou politique actuel, cette pétition tombe à pic pour interpeller sur la situation de Biogaran", explique un autre membre du CSE, qui déplore les "difficultés d’information sur la réalité du projet ou ses modalités".
Servier, qui n'a pas officiellement affiché son intention vis-à-vis de sa filiale qui délivre en France une boite de médicament sur 8 en pharmacie, s'est refusé mardi à tout commentaire.
"Servier veut tout faire pour vendre au plus cher et le plus vite possible", glisse une source proche du dossier.
Le dossier est politiquement sensible. L’État s'est engagé à œuvrer en faveur de la souveraineté sanitaire, s'efforçant de relocaliser des médicaments essentiels et d'attirer des investissements supplémentaires dans la santé.
Le fonds britannique BC Partners associé à Bpifrance a déposé une offre de rachat en juin à l'instar de la société française Benta Lyon.
Ces deux candidats sont en attente de nouvelles de la part de Servier, selon des sources proches du dossier.
Deux génériqueurs indiens, Torrent Pharmaceuticals et Aurobindo Pharma, sont aussi identifiés comme candidats au rachat de Biogaran.
"A ce stade, aucun dossier n'a été déposé à Bercy" pour faire intervenir la procédure de contrôle des investissements étrangers en France, selon le cabinet du ministre de l'Industrie.
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