Aller au contenu principal Activer le contraste adaptéDésactiver le contraste adapté
Fermer

Bientôt un monument "Aux avortées inconnues" à Paris?
information fournie par AFP 24/09/2025 à 13:54

Des femmes devant un bus qui les a ramenées d'Amsterdam, où elles sont allées avorter, lors d'une manifestation réclamant plus d'informations sur la contraception et le droit à l'avortement en France, à l'appel du MLAC (Mouvement pour la libération de l'avortement et de la contraception), le 22 mars 1974 à Paris  ( AFP / - )

Des femmes devant un bus qui les a ramenées d'Amsterdam, où elles sont allées avorter, lors d'une manifestation réclamant plus d'informations sur la contraception et le droit à l'avortement en France, à l'appel du MLAC (Mouvement pour la libération de l'avortement et de la contraception), le 22 mars 1974 à Paris  ( AFP / - )

Vers la fin d'un "trou noir de l'Histoire"? : un projet de monument dédié aux milliers de femmes décédées des suites d'un avortement clandestin avant 1975 refait surface à l'initiative de personnalités et d'associations féministes cinquante ans après la loi Veil.

Baptisé "Aux avortées inconnues", ce projet, que ses initiatrices souhaitent voir implanter à Paris, sera officiellement présenté dimanche à la Maison de la Poésie à l'occasion de journée internationale du droit à l'avortement.

"Il s'agit de rendre hommage à toutes ces femmes qui se battaient pour leur liberté et pour vivre leur vie", explique à l'AFP la cinéaste Mariana Otero, fille de la peintre Clotilde Vautier morte en 1968 à la suite d'un avortement illégal.

"Il n'existe aucun monument de ce type dans le monde, ce serait un signal fort envoyé à toutes les femmes qui sont dans le monde entier en train de se battre pour accéder à l'avortement", ajoute la réalisatrice qui a raconté l'histoire de sa mère dans un documentaire "Histoire d'un secret" sorti en 2003.

Dans le sillage du film, l'écrivaine franco-canadienne Nancy Huston salue alors dans une tribune un film "bouleversant" et émet l'idée d'une "Fondation Clotilde-Vautier, une sorte de monument à l'Avortée inconnue (martyre de sa société au même titre que le soldat inconnu)".

Cette idée est reprise par Mariana Otero, rejointe par une dizaine de personnalités parmi lesquelles l'actrice Laure Calamy, l'écrivaine Annie Ernaux, ou encore la présidente du Planning familial Sarah Durocher.

"Tous les hommes morts à la guerre ont eu droit à leur monument, dans chaque ville, chaque village. Et c’est légitime pour se souvenir d’eux et de leurs souffrances (...) Mais qu’en est-il de toutes ces femmes qui ont eu à se battre contre" la "loi inique" de 1920 pénalisant l'avortement ?, s'interrogent-elles en mai dernier en lançant une pétition.

- Données parcellaires -

Pour les initiatrices du projet, "on est face à un tournant mémoriel".

"Les derniers témoins sont de plus en plus âgés et vont disparaître, il y a une certaine urgence à recueillir leur mémoire", souligne l'historienne des féminismes Bibia Pavard.

Manifestation à l'appel du MLAC (Mouvement pour la libération de l'avortement et de la contraception) pour revendiquer la liberté sexuelle, la gratuité de la contraception et la liberté de l'avortement, le 21 avril 1974 à Paris ( AFP / - )

Manifestation à l'appel du MLAC (Mouvement pour la libération de l'avortement et de la contraception) pour revendiquer la liberté sexuelle, la gratuité de la contraception et la liberté de l'avortement, le 21 avril 1974 à Paris ( AFP / - )

Car au-delà de l'hommage en lui même, le projet, qui sera associé à un site internet, se veut également la porte d'entrée à une collecte d'informations sur le profil des victimes et plus largement sur ce "trou noir de l'Histoire".

"Les décès liées à l'avortement étaient déclarés sous d'autres noms, par exemple péritonite ou complications gynécologiques, donc c'est difficile d'avoir les chiffres exacts mais on estime à plusieurs milliers de décès par an", explique Bibia Pavard. Quant au profil des victimes, il reste encore "parcellaire".

Pour Mariana Otero, "ce monument va permettre que les familles, où il y a eu une mère, une sœur, une grand-mère décédée d'avortements clandestins, se disent, +c'est bon je peux raconter cette histoire+".

La question du lieu où pourrait être érigé ce monument n'a pour l'heure pas été tranchée, mais le jardin du Luxembourg au Sénat, "là où la loi féminicide de 1920", qui a interdit l'avortement, a été votée, serait "symbolique".

Reste à savoir si le projet se concrétisera - et quand. Un vœu allant dans ce sens a été déposé par la majorité municipale de gauche et adopté en Conseil de Paris en juin. Sollicité par l'AFP, le groupe d'opposition de droite mené par Rachida Dati a indiqué qu'il s'agissait d'un "sujet consensuel", rappelant "avoir voté pour ce vœu".

Opposée à l'IVG, l'association La Marche pour la Vie a estimé quant à elle que ce projet n'était "absolument pas la priorité du moment".

0 commentaire

Signaler le commentaire

Fermer

A lire aussi

Pages les plus populaires