Frédéric Péchier, le 8 septembre 2025, à Besançon, dans le Doubs ( AFP / SEBASTIEN BOZON )
Persuadée de son innocence, la famille de Frédéric Péchier a fait bloc lundi derrière l'anesthésiste de Besançon, accusé de 30 empoisonnements dont 12 mortels, à l'orée d'une semaine dominée par son étude de personnalité.
"Jamais, jamais on n'a pu douter de son innocence", a martelé devant la cour d'assises du Doubs la mère de l'accusé, Marie-José Péchier, une petite dame aux cheveux blonds coupés court.
"Je sens au fond de mon cœur que mon fils est innocent. Il a eu une enfance heureuse et je ne comprends pas pourquoi il se serait transformé en serial killer du jour au lendemain".
Les parents de Frédéric Péchier et son ex-femme se sont succédé à la barre pour dessiner le portrait d'un homme "altruiste, généreux", d'un père aimant, d'un mari "attentionné" et d'un médecin anesthésiste-réanimateur qui "aimait son métier".
Vendredi, à l'audience, Lionel Doury, un chirurgien qui a côtoyé Frédéric Péchier à la clinique Saint-Vincent, un des deux établissements où ont eu lieu les empoisonnements, avait évoqué au contraire son "absence d'empathie assumée" pour ses patients.
D'autres témoins ont décrit un praticien "humain, proche de ses patients".
Le commandant de police Laurent Dumont avait évoqué de son côté les "failles personnelles" de Frédéric Péchier, dominé par son père puis par sa femme, évocatrices selon lui d'un "tueur en série".
"Frédéric, je l'ai fait peut-être un peu plus travailler que les autres", a dit lundi le père de l'accusé, Jean-Michel Péchier.
Cet homme de 78 ans, à la carrure imposante comme son fils, s'est dit "fier" de son héritier, devenu anesthésiste, comme lui, avec qui il a assuré n'avoir "jamais eu de contentieux".
- "Un homme détruit" -
Frédéric Péchier a vécu chez ses parents jusqu'à ses 24 ans, avant de partir à Besançon pour ses études.
Revenu vivre chez eux à Poitiers après sa mise en cause judiciaire, en 2017, Frédéric Péchier, 53 ans, a perdu son emploi, sa femme -dont il est divorcé- et son statut social.
C'est chez ses parents que, fortement alcoolisé, il s'est défenestré en 2021.
"Frédéric est un homme détruit. Il n'a pour lui que sa famille et l'amour inconditionnel de ses propres enfants", a déclaré sa mère.
Selon le directeur d'enquête Olivier Verguet, "la seule personne qui aurait les clés pour le déverrouiller, c'est Mme Péchier". Il a estimé que son ex-femme, avait une "emprise sur son époux"
"Je n’étais pas une épouse soumise et Frédéric n’était pas un mari soumis, nous étions juste un couple qui travaillait, avec de jeunes enfants", a rétorqué lundi devant la cour Nathalie Péchier. Cette femme élégante aux cheveux blonds dénoués sur la nuque, avait demandé à son mari de moins travailler pour être plus présent dans la vie de famille.
L'avocate générale Christine de Curraize s'est interrogée sur ce mari "écartelé": "comment pouvait-il s'en sortir? Il fallait qu'il soit plus à la maison et en même temps qu'il soit le meilleur au travail".
Son ex-épouse a raconté un "couple très fusionnel" qui s'est "beaucoup aimé", et dépeint une vie de famille aisée idyllique, malgré une tentative de suicide en 2014, le suivi psychologique de son mari dépressif et l'ombre du divorce qui a plané plusieurs années au-dessus d'eux.
"J'ai divorcé pour une question de survie et rester proches des enfants", a-t-elle expliqué.
"Si j'avais le moindre doute quant à la culpabilité de Frédéric, je ne serais pas là pour le défendre. Si j'avais le moindre doute, il n'approcherait pas mes enfants", a affirmé cette brillante cardiologue.
"Quand bien même l'épouse du Dr Péchier, ce qui n'est absolument pas le cas, serait une personnalité despotique, tyrannique, qui tiendrait son mari sous emprise, comment vous faites le lien entre ça et aller empoisonner des gens?", a balayé devant des journalistes l'avocat de Frédéric Péchier, Randall Schwerdorffer.
L'ensemble des proches de l'accusé entendus lundi ont fait part de leur "besoin de vérité" et ont dénoncé "une enquête à charge contre lui depuis le départ, sans aucune preuve".
Il encourt une peine de réclusion criminelle à perpétuité. Le verdict est attendu d'ici au 19 décembre.

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