
AU LIBAN, LA DÉMISSION DU GOUVERNEMENT N'APAISE PAS LA COLÈRE
BEYROUTH (Reuters) - La colère des Libanais ne semble pas retomber mardi au lendemain de la démission du gouvernement, une réaction jugée insuffisante à la catastrophe du port de Beyrouth et au rejet de l'ensemble d'une classe politique considérée comme corrompue et coupable des multiples crises dont souffre le pays.
Une manifestation avec pour mot d'ordre "Enterrez d'abord les autorités" était prévue dans la journée près du port, où ont explosé le 4 août quelque 2.750 tonnes de nitrate d'ammonium, faisant au moins 163 morts et 6.000 blessés en détruisant une partie de la ville.
Le Premier ministre, Hassan Diab, en annonçant lundi la démission de l'ensemble du gouvernement après celles de quatre ministres en deux jours, a accusé la corruption généralisée d'être à l'origine de la catastrophe.
"J'avais dit auparavant que la corruption était enracinée à tous les échelons de l'Etat mais j'ai découvert que la corruption était plus forte que l'Etat", a-t-il dit lors d'une allocution télévisée en accusant l'élite politique d'avoir empêché des réformes.
Les discussions engagées en mai entre son gouvernement et le Fonds monétaire international (FMI) pour tenter de résoudre la crise économique et financière qui affaiblit le Liban depuis plusieurs années ont échoué faute d'accord sur l'ampleur des pertes à faire supporter aux banques et à leurs actionnaires.
"La démission du gouvernement n'est pas le point final", estime le tract appelant à manifester qui circule sur les réseaux sociaux. "Il y a encore (le président Michel) Aoun, (celui du Parlement, Nabih) Berri et l'ensemble du système."
Pour Avedis Anserlian, un bijoutier dont la boutique a été détruite par l'explosion, "le fait que le gouvernement ait démissionné est une bonne chose. Mais on a besoin de sang neuf, sinon ça ne marchera pas."
Michel Aoun doit consulter les différents groupes du Parlement avant de désigner un nouveau Premier ministre et il sera contraint de réunir le candidat assuré du soutien le plus large. Une tâche d'autant plus ardue que la situation dans laquelle se trouve le pays risque de dissuader certains candidats potentiels au poste.
(Ghaida Gantous, version française Marc Angrand, édité par Jean-Stéphane Brosse)
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