
La première alliance syndicale agricole FNSEA-Jeunes Agriculteurs appelle ses troupes à se mobiliser jeudi et vendredi, contre les importations "aberrantes" qui minent selon elle l'agriculture française ( AFP / LOIC VENANCE )
Blocage d'un Buffalo Grill, tracteurs et bennes devant la Maison de l'Europe... Quelques rassemblements symboliques se sont tenus jeudi à l'appel de la première alliance syndicale agricole FNSEA-Jeunes Agriculteurs, contre les importations "aberrantes" qui minent selon elle l'agriculture française.
D'autres actions sont annoncées pour vendredi, loin malgré tout des grandes journées de blocage des deux hivers derniers alors que vendanges et récoltes occupent encore le monde paysan.
Dans le viseur des agriculteurs, le projet d'accord de libre-échange entre l'Union européenne et des pays latino-américains du Mercosur dont Bruxelles a lancé début septembre le processus de ratification. La France, hier très opposée, semble depuis se montrer moins défavorable.
Plus globalement, il s'agit de se mobiliser contre "le Mercosur, les taxes imposées par Donald Trump et le flot des importations internationales qui ne respectent pas les normes qui sont les nôtres", a indiqué Arnaud Rousseau, le président de la FNSEA, qui dans un premier temps avait prévu des mobilisations plus tard dans l'automne.
"N’importons pas ce qu’on ne veut pas qu’on produise. C’est ça, l’hypocrisie de l’Europe. Sous couvert d’écologie, on importe ce qu’on ne produit pas ici, avec aucune norme environnementale et sociale", déplorait ainsi jeudi Dominique Noury, éleveur de vaches charolaises et de volailles, lors d'une action à Dijon.

Le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau, devant l'Assemblée nationale à Paris le 26 mai 2025 ( AFP / Thomas SAMSON )
L'accord avec le Mercosur doit permettre à l'UE d'exporter davantage de voitures, machines, vins... Mais l'accord facilitera aussi l'entrée de bœuf, volaille, sucre, miel, riz, exemptés de droits de douane.
Bruxelles insiste sur la faiblesse des volumes attendus, mais les filières européennes concernées crient au risque de déstabilisation et de baisse des prix, et surtout à la concurrence déloyale du fait de normes de production moins-disantes sur le plan sanitaire et environnemental et de contrôles défaillants.
- Ordre syndical dispersé -
Jeudi, une cinquantaine d'agriculteurs, selon des représentants syndicaux, ont bloqué l'entrée d’un Buffalo Grill à Pusey, près de Vesoul (Haute-Saône), pour la défense de la viande française. Avec une charolaise devant la porte d'entrée, ils ont tagué sur la devanture "Je suis français, je mange français".
A Plérin (Côtes d’Armor), une cinquantaine de manifestants étaient réunis au marché au porc, selon un photographe de l'AFP.
Dans le centre de Dijon, 150 agriculteurs sont venus, avec 41 tracteurs et bennes, déverser fumier, terre et paille devant la Maison de l'Europe. "On importe de la viande qu’on n’a pas le droit de produire chez nous, alors qu’on a l’agriculture la plus durable au monde", a expliqué à l'AFP Antoine Fauchet, président des JA d’Is-sur-Tille (Côte d’Or).
La mobilisation se poursuivra vendredi sous diverses formes: mobilisations en supermarchés, défilés devant des préfectures, présentation de produits jugés "aberrants" (pommes du Chili, noix des Etats-Unis, etc), ou manifestation régionale avec tracteurs place d'Armes, devant le château de Versailles.

Des éleveurs et des membres de la Fédération nationale bovine manifestent près de l'ambassade du Brésil à Paris, le 9 juillet 2025 ( AFP / Dimitar DILKOFF )
Mais pour les agriculteurs interrogés par l'AFP en Occitanie, cette date du 26 septembre ne convient pas, en période de vendange et de récolte céréalière, "maïs, tournesol, soja, sorgho", énumère Jérôme Barthès, président de la FDSEA de l’Aude: "c’est trop tôt dans la saison. Il peut y avoir un manque d’agriculteurs impliqués" dans la mobilisation.
Son syndicat prévoit une action vendredi aux abords de Carcassonne. Ce sera "surtout de la communication, des distributions de tracts", dit-il.
"Les gens sont épuisés, [cette mobilisation] c'est vraiment pour soutenir", confirme Enzo Rodriguez, président des JA des Pyrénées-Orientales.
En Haute-Garonne, la FDSEA souligne que la "base, elle suit. Même s’il n’y a pas de gouvernement, on veut que la copie soit déjà sur le bureau du, ou de la, prochaine ministre”, explique Luc Mesbah, secrétaire général.
Le texte sur le Mercosur doit encore être approuvé par les États membres puis par le Parlement européen, la Commission espérant leur aval d'ici fin décembre.
Les syndicats agricoles expriment leur opposition au traité dans un rare mouvement d'unanimité. Mais ils se mobilisent en ordre dispersé.
La Coordination rurale (CR), dans une volonté de se démarquer, veut être reçue par le Premier ministre Sébastien Lecornu pour lui présenter ses propositions, avant une mobilisation "avant la fin de l'année".
Le 3e syndicat, la Confédération paysanne, pour sa part a annoncé une manifestation à Paris, "tracteurs en tête", le 14 octobre.
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