Ministre de l'Intérieur au moment où éclatait l'affaire de Creil, Pierre Joxe raconte comment le pouvoir analyse et tente de gérer cette affaire de jeunes filles voilées et exclues de leur collège en septembre 1989. Les socialistes, confrontés depuis des années à des phénomènes de voiles dans les écoles, semblent pris de court et ne s'attendent pas à un tel retentissement. L'ancien ministre retient les intentions politiques du proviseur du collège Gabriel-Havez, qu'il décrit comme l'artisan d'une opération politique orchestrée par la droite, une droite qui découvrirait alors dans la laïcité un paravent à son racisme historique. Devenu avocat engagé dans la défense de mineurs, l'ancien ministre de François Mitterrand détaille ses positions et dénonce l'« islamophobie latente » qui continue de sévir en France. Entretien.Le Point : Quelle a été votre réaction sur cette affaire de Creil ?Pierre Joxe : Elle a éclaté à la rentrée, après les grandes vacances. Il y avait à Creil, comme presque partout ailleurs en France, des collégiennes voilées, sans que cela suscite un scandale national. J'ai tout de suite informé Mitterrand et je me suis fait sermonner? car il semblait découvrir que ce phénomène était assez courant ! J'ai alors convoqué l'ambassadeur du Maroc et mon intervention fut assez efficace. Car, à l'époque, le réseau consulaire contrôlait de près la communauté marocaine en France. Je lui ai dit : « Je...
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