
François Bayrou à l'université de rentrée du MoDem, le 26 septembre 2025 à L'Isle-sur-la-Sorgue (Vaucluse) ( AFP / MIGUEL MEDINA )
Une longue défense de son bilan à la tête de son éphémère gouvernement et une nouvelle salve sur l'endettement : trois semaines après son départ de Matignon, François Bayrou a continué de tailler sa stature lors de la rentrée du MoDem, sans aborder, ou presque, l'équation de son successeur Sébastien Lecornu.
Le dirigeant centriste, renversé par l'Assemblée lors d'un vote de confiance qu'il avait lui-même suscité, n'a pas cité nommément son successeur lors de son discours de clôture de l'université de rentrée du MoDem, dimanche à L'Isle-sur-la-Sorgue (Vaucluse).
Tout juste a-t-il consacré une minute d'une intervention de près d'une heure pour réaffirmer le "soutien" du Modem à un gouvernement qui n'est pas encore constitué.
"Je note avec satisfaction que le Premier ministre a dit, en matière de retraites, qu'on ne pouvait pas entrer dans des démarches aventurées, qu'en matière de fiscalité, on ne pouvait pas entrer dans des démarches qui chassent les investisseurs", a-t-il déclaré après l'entretien de M. Lecornu au Parisien, dans lequel ce dernier a signifié son opposition aux principales revendications du Parti socialiste.
"Ce sont des rappels utiles. Et en même temps, il est utile de rappeler que ce sont des rassemblements qui permettront d'aller de l'avant", a sobrement ajouté M. Bayrou.
Derrière l'estrade, pourtant, le MoDem n'est guère rassuré par la sortie de M. Lecornu, interprétée comme la fin de la recherche d'un accord avec le PS. Un choix qui referait du Rassemblement national l'arbitre de la situation pour éviter la censure.
Le compromis, "c'est avec le PS qu'il faut le nouer, parce que personne ne pourra accepter que nous soyons dans les mains du Rassemblement national", a explicité à la tribune le président des députés démocrates, Marc Fesneau, comme l'avait fait la veille le patron de Renaissance Gabriel Attal.
M. Fesneau a également voulu placer le PS devant ses responsabilités, l'enjoignant "d'accepter la main tendue et de chercher le compromis". "Défenseur de l'impératif de justice fiscale", le MoDem portera, comme depuis 2017, des propositions pour un "impôt sur la fortune improductive", un des principaux points de désaccord avec l'allié Emmanuel Macron.
Le MoDem, qui a réuni son Conseil national vendredi, se prépare à une nouvelle dissolution de l'Assemblée, dont "François Bayrou est bien conscient qu'elle serait préjudiciable aux intérêts du parti", glisse un dirigeant.
-"Fierté"-
Pour le reste, le discours de François Bayrou, première grande prise de parole depuis la chute de son gouvernement, a été l'occasion pour lui d'en dresser le bilan et de marteler une nouvelle fois son credo sur la gravité de la situation des finances publiques.
Il a notamment mentionné l'adoption d'un budget en février, après la chute du gouvernement Barnier, les lois d'orientation agricole, sur le narcotrafic, sur le scrutin à Paris, Lyon et Marseille ou encore le fait d'avoir "changé le principe de la formation des enseignants".
"Nous avions un texte prêt sur la proportionnelle" qui "pourra peut-être resservir", a-t-il glissé, alors qu'un travail est mené entre plusieurs groupes parlementaires sur une réforme inspirée du système allemand (une partie des députés élus sur leur nom, l'autre à la proportionnelle).
Surtout, "je suis très fier de ce que nous avons décidé ensemble de placer le pays et les formations politiques du pays devant leurs responsabilités, devant le problème fondamental, historique, vital de la dette", a réaffirmé François Bayrou.
Un problème "ignoré pendant des décennies", a-t-il dit, englobant poliment la présidence d'Emmanuel Macron, qu'il a grandement contribué à faire élire en 2017 et sous les mandats duquel l'endettement public s'est nettement aggravé.
Mais au MoDem, alors que "les politiciens préparent la prochaine élection", "j'ai la fierté de dire que (...) nous sommes occupés sans cesse de la prochaine génération", a-t-il lancé sous les applaudissements.
Au terme d'un discours largement consacré au "basculement de l'histoire" depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie, M. Bayrou a également adressé un mot de soutien à Nicolas Sarkozy, dont il fut un opposant obstiné, après sa condamnation rendant inévitable son incarcération dans l'affaire libyenne. Le leader centriste a ainsi estimé que "la généralisation de l'exécution provisoire" revenait à ce qu'il n'y ait "plus d'appel possible".
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