Les chefs d'Etat et de gouvernement de huit pays du flanc oriental de l'Europe, réunis mardi lors d'un sommet à Helsinki, ont plaidé pour la mise en oeuvre rapide des projets de défense de l'Union européenne face à la "menace russe" en dépit des réticences d'Etats comme la France ou l'Allemagne, plus enclins à travailler en dehors du cadre communautaire.
La Russie est "la plus importante, la plus directe et la plus durable des menaces à la sécurité, la paix et la stabilité de la zone Euro-Atlantique", ont estimé dans un communiqué conjoint la Finlande, pays-hôte, la Suède, les républiques baltes (Estonie, Lettonie, Lituanie), la Pologne, la Bulgarie et la Roumanie.
A deux jours du Conseil européen de Bruxelles, les huit pays ont estimé dans leur communiqué qu'une action urgente était nécessaire pour mobiliser des fonds publics et privés afin de sécuriser le flanc oriental de l'Europe.
"Les régions frontalières de l'Est doivent jouer un rôle majeur dans les projets de défense de l'UE. Notre tâche est de nous assurer que cette question reste une priorité et soit bien comprise au niveau de l'UE", a déclaré le Premier ministre finlandais Petteri Orpo dans un communiqué.
La "Surveillance du Flanc Est", destinée à "fortifier les frontières orientales de l'UE sur terre, dans l'air et en mer" fait partie de quatre grands projets "phares" de défense à l'horizon 2030 dévoilés en octobre par la Commission européenne, avec une initiative européenne de défense contre les drones, un bouclier aérien européen et un bouclier spatial européen.
Pour l'exécutif européen, la Surveillance du Flanc Est devrait être pleinement opérationnelle d'ici fin 2028.
Ces quatre projets n'ont toutefois pas encore été endossés par les Etats membres et ne le seront sans doute pas lors du sommet de Bruxelles en raison notamment du scepticisme des poids lourds de l'UE - France, Allemagne, Italie -, qui disposent d'une industrie de défense conséquente et préfèrent travailler en coalition pour développer leurs capacités sécuritaires.
"Certains Etats membres sont contre cette idée, d'autres veulent continuer", a déclaré un responsable de l'UE s'exprimant sous le sceau de l'anonymat.
La feuille de route de la Commission européenne préconise que les Etats membres approuvent ces grands projets d'ici la fin de l'année.
L'exécutif européen promet de "continuer à oeuvrer avec les Etats membres pour concrétiser ces projets phares car ils sont essentiels à la préparation de l'Europe d'ici 2030".
La Commission propose que les quatre programmes soient désignés comme projets européens de défense d'intérêt commun, ce qui les rendrait éligibles à un financement européen. Mais des responsables européens ont indiqué que les coalitions de pays pourraient également proposer des projets d'intérêt commun et que la décision finale concernant le financement européen reviendrait aux gouvernements de l'UE.
"Je pars du principe que les projets phares ont été approuvés. La question suivante est donc de savoir comment ils seront priorisés au sein de l'UE, notamment en matière de répartition des financements", a déclaré Petteri Orpo à la presse.
(Andrew Gray, Lili Bayer, Essi Lehto et Anne Kauranen, Jean-Stéphane Brosse pour la version française, édité par Blandine Hénault)

3 commentaires
Vous devez être membre pour ajouter un commentaire.
Vous êtes déjà membre ? Connectez-vous
Pas encore membre ? Devenez membre gratuitement
Signaler le commentaire
Fermer