De la monnaie dEtat à la monnaie privée
Létape décisive menant à labandon de la monnaie dEtat a été la fondation, en 1913, du Système fédéral de réserve des Etats-Unis. Bien que la constitution américaine ne prévoie que lor et largent comme monnaies légales, un cartel fondé par des banques privées et dirigé par les deux grands groupes financiers Rothschild et Rockefeller a créé une banque centrale privée ayant droit démettre sa propre monnaie, devenue moyen légal de paiement et garantie initialement par le gouvernement des Etats-Unis. Après la Première Guerre mondiale, cette banque privée a racheté les réserves dor mondiales. Il en est résulté que de nombreuses autres monnaies nont plus pu maintenir leur étalon-or et ont sombré dans la déflation (première crise économique mondiale).
A la fin de la Deuxième Guerre mondiale, linstauration dun nouvel étalon dollar-or a été donc décidée en 1944 à Bretton Woods. Pendant la guerre mondiale, les Etats-Unis ont exigé des belligérants le paiement darmements en or. Lor de lAllemagne a dû être remis comme butin. Ainsi, plus de 30000 tonnes dor venant du monde entier se sont accumulées aux Etats-Unis, soit davantage que dans tous les autres pays réunis. Cet or a servi de couverture au dollar. Mais comme les banques centrales du monde détenaient une grande partie des dollars à titre de réserves monétaires, les Etats-Unis ont pu émettre davantage de monnaie que leur quantité dor. Létranger avait en effet besoin de dollars pour acheter les matières premières traitées uniquement en cette monnaie. Outre lor, le dollar est donc devenu toujours davantage une réserve monétaire des autres banques centrales. Le règne du dollar sur le monde avait commencé.
En 1971, le président des Etats-Unis, Richard Nixon, a supprimé lobligation de convertir le dollar en or (étalon dollar-or) et, simultanément, la responsabilité de lEtat à propos du cours du dollar. Depuis lors, la devise américaine nest plus couverte ni par de lor ni par la garantie de lEtat, mais demeure la monnaie privée libre du Système fédéral de réserve (la Fed). Le dollar et toutes les autres monnaies du monde ne conservent par conséquent plus de valeur, mais est un simple moyen de paiement imprimé et légalisé.
Si la loi peut obliger à accepter une monnaie non couverte comme moyen déchange, il ne peut en faire de même comme moyen de conservation de la valeur. Dans ce cas, la confiance du détenteur de billets que la valeur de sa monnaie est assurée à long terme est nécessaire. A son tour, le cours à long terme la confiance dune monnaie flexible dépend uniquement de la rareté de cette monnaie ou du volume de la masse monétaire. Le problème est que la masse des biens na que quadruplé durant les trente dernières années alors que la masse monétaire sest multipliée par quarante.
Or, une augmentation de la masse monétaire implique toujours de linflation. Et linflation entraîne une dévalorisation de la monnaie. On a recouru à trois solutions pour résoudre ce problème:
Dès la fondation de la Banque fédérale dAllemagne, la science financière allemande avait exigé létablissement dun «quatrième pouvoir» en faveur de linstitut démission pour permettre à celui-ci de résister aux pressions visant à un excès de masse monétaire et, partant, de se fier au maintien de la valeur monétaire. En fait, la Banque fédérale était tenue, de par la loi, de préserver la valeur du mark (théorie de la monnaie neutre) et était indépendante de lEtat dans une forte mesure. Dans ces conditions, le mark, monnaie la plus stable du monde, a été utilisé toujours davantage comme monnaie de réserve et monnaie de placement.
La plupart des autres Etats ont préféré une monnaie axée sur la quantité. Ils ont obligé leurs banques centrales à déterminer leurs masses monétaires daprès certains objectifs, tels la croissance économique ou le plein-emploi. La politique nationale a profité de cette évolution pour exercer son influence sur la banque centrale et sur la monnaie, ce qui a régulièrement entraîné une inflation de la masse monétaire (exemples: France, Italie, Espagne).
En revanche, la plupart des dictatures des pays en voie de développement et la Fed ont préféré une «monnaie quantitativement libre», cest-à-dire une monnaie dont les excès par la politique ou les propriétaires privés du Système de réserve ne sont pas limités par la loi. Une «monnaie quantitativement libre» a toujours signifié «monnaie dont on peut abuser librement» et na jamais fonctionné à long terme.
Point essentiel, il ne faut pas sous-estimer les tensions auxquelles sont soumis les cours des changes lorsque évoluent parallèlement des monnaies, tel le mark, dont les banques dEtat émettrices préservent la valeur, et des monnaies de banques dEtat assujetties, voire de banques privées, qui sont manipulées selon les objectifs de lémetteur: comme la Banque fédérale dAllemagne a maintenu la valeur du mark relativement stable et que celle dautres monnaies importantes a diminué toujours plus fortement en raison de laugmentation de la masse monétaire et de linflation, les détenteurs de monnaie se sont efforcés tout naturellement dinvestir à long terme en monnaies fortes et déviter les monnaies faibles.
Depuis lors, aucune monnaie du monde na plus quelque base de valeur que ce soit, la monnaie mondiale sest détachée de toute valeur réelle, les billets sont imprimés sans arrêt et leur valeur diminue continuellement en raison de leur augmentation constante. Si les gens croient toujours que le papier-monnaie quils détiennent a une valeur fixe, cela résulte de manipulations habiles des changes donnant lillusion dun rapport de valeurs. De fait, les changes sont manipulés par les groupes qui engendrent aussi laugmentation de la masse monétaire.
Pratiquement, le Système fédéral de réserve privé guidé par la haute finance des Etats-Unis et appartenant à celle-ci a atteint limportance dun système de monnaie mondiale:
Le dollar, monnaie privée de la Fed, domine déjà le monde de par sa masse monétaire. Plus de 75% de la monnaie mondiale sont des dollars.
La haute finance des Etats-Unis a obligé aussi les marchés des matières premières quelle contrôle à ne vendre leurs produits quen dollars. Qui ne vend pas son pétrole contre des dollars sans valeur est déclaré terroriste (Saddam).
Les banques centrales des autres pays ont été également forcées daccepter des dollars comme réserves monétaires dans des proportions croissantes (plus de 90% dans le cas de la Banque centrale européenne). La valeur des autres monnaies tel leuro découle donc à raison de plus de 90% de billets en dollars sans valeur, ne reposant que sur la puissance et la volonté de la haute finance américaine.
Les banques centrales étrangères ont été amenées avec ou sans douceur (Suisse) à céder ou à «prêter» leurs réserves dor contre des dollars. Ainsi, lor du monde sest de nouveau concentré, comme avant la première crise économique mondiale, chez les propriétaires de la Fed, de sorte quun système de létalon-or ne pourrait être réinstauré que conformément à leur volonté et quils feraient laffaire du siècle du simple fait dune réforme monétaire entraînant une nouvelle fixation du prix de lor (Greenspan: «peut-être jusquà 6000 dollars»).
La haute finance des Etats-Unis détermine donc par lintermédiaire de la Fed, qui lui appartient, la monnaie et les changes du monde entier. Le dollar est la monnaie privée de cette haute finance. Il nest garanti par personne dautre, mais est maltraité autant que faire se peut, accru et modelé en instrument de sa domination sur le monde et du vol de toutes les matières premières et valeurs réelles importantes.
En augmentant sans scrupules la masse des dollars, la haute finance des Etats-Unis sest procuré des liquidités illimitées, qui lui permettent dacheter le monde entier. Par cette émission, lEtat américain peut émettre davantage de dollars quil nen reçoit (endettement débridé). Aussi bien la haute finance dominatrice des Etats-Unis que le gouvernement quelle domine profitent donc de laugmentation de la masse monétaire. Par conséquent, le volume des dollars sest accru toujours plus vite ces dix dernières années.
De même, les dettes de lEtat ont augmenté considérablement envers létranger. Le gouvernement des Etats-Unis commande donc de plus en plus de biens réels à létranger, quil paie par des billets sans valeur la forme moderne du tribut.
Il faut attribuer à une mise en scène et à un chantage habiles le fait que cet accroissement sans limite des dollars na pas entraîné depuis longtemps la chute de cette monnaie et le refus des clients de laccepter: la haute finance et le gouvernement des Etats-Unis forcent économiquement et politiquement depuis des années les principales banques centrales du monde (Banque centrale européenne, Banque du Japon, Banque de Chine, etc.) à garder des dollars sans valeur accumulés lors dexportations ou dachats de valeurs réelles et à les détenir comme réserves de devises constituant soi-disant de la valeur. Cela signifie pratiquement que les banques centrales de Chine, du Japon et dEurope accumulent en quantités toujours plus fortes, comme réserves monétaires prétendument de valeur, les dollars sans valeur leur parvenant à la suite des livraisons de biens de leurs ressortissants. La monnaie des Etats satellites est donc déjà garantie par des dollars dont la valeur diminue toujours davantage; elle a aussi perdu pratiquement sa valeur. Ainsi, toutes ces monnaies naviguent sur le même bateau de la dévaluation, les promoteurs de laugmentation de la masse monétaire à New York et Washington ainsi que leurs aides augmentant la masse monétaire dans les banques centrales des Etats satellites.
Toutefois, le débiteur que sont les Etats-Unis décide lui-même dans quelle mesure il plumera finalement ses financiers par une dévaluation officielle du dollar et se débarrassera de son endettement à leurs frais. Létranger, qui détient 80% des dollars, subira surtout les effets de la dévaluation de cette monnaie. Le débiteur a toute latitude pour déterminer dans quelles proportions il dévaluera ses dettes et dépouillera ainsi ses créanciers.
Cependant, la manipulation des cours fait croire au public que les monnaies manipulées et accrues sans limite ont toujours un cours solide.
Si les détenteurs de monnaies savaient quils nont au fond que du papier en mains, mais que tout dépend des manipulations, des abus, de la puissance et des objectifs de la haute finance des Etats-Unis, la vitesse de circulation de la monnaie augmenterait davantage en raison du refus daccepter la monnaie, une fuite dans les valeurs réelles aurait lieu, il sensuivrait une inflation saccélérant dramatiquement, voire galopant, la dévalorisation accomplie depuis longtemps des investissements en valeur nominale (papiers monétaires, obligations, fonds de placement, etc.) entraînerait un deuxième krach, la dévalorisation entraînerait la ruine du secteur financier, qui devrait faire face à des procès en dommages-intérêts, si bien quune réforme monétaire deviendrait inévitable.
Malgré une dévalorisation dramatique, lillusion de la valeur de la monnaie est encore maintenue artificiellement par lobligation de considérer les billets comme moyens de paiement légaux. Les profiteurs de ce système sont non seulement la haute finance de Etats-Unis qui, par sa Fed, place dans le monde des masses de dollars toujours plus considérables, mais aussi des banques centrales menant le même jeu, telles la Banque centrale européenne (BCE) et la Banque du Japon. Les directions de ces instituts savent fort bien à quel point le dollar a perdu toute valeur, mais confortent toujours lillusion du dollar moyen de paiement légal, se sont tues pour des raisons politiques et ont couvert leur propre monnaie par des réserves monétaires libellées en dollars sans valeur. Si une réforme monétaire avait lieu, la BCE notamment serait dépourvue de valeurs. La présence de lor se limite vraisemblablement à une simple créance et ne consiste donc plus en or réel. La plupart du temps, il est prêté prétendument en nature à la Fed, qui le prête à son tour, si bien quil nest plus saisissable en cas deffondrement. Le système repose sur le fait quun abus nest ni discuté ni ne fait lobjet dune publication.
Fait n°1: Les masses monétaires mondiales ont été tellement accrues et ont une base si fragile (dollars, euros, yens, etc.) que les monnaies correspondantes nexercent plus de véritable fonction de conservation de la valeur, si importante aux yeux du citoyen.
Fait n°2: Seules la manipulation et la tromperie à propos dune valeur de la monnaie qui nexiste plus préservent artificiellement la fonction déchange des monnaies.
Fait n°3: Le dollar, monnaie privée de la haute finance américaine, a rompu depuis longtemps tous ses liens avec une valeur réelle (lor) ou avec une masse monétaire déterminée. Il a donc non seulement perdu sa fonction de conservation de la valeur, mais ne trompe plus le monde, à propos dune valeur déchange prétendue de la monnaie privée dévalorisée par une augmentation sans limite, que par des manipulations de cours sur lensemble de la planète. Seules cette tromperie et la puissance de la haute finance des Etats-Unis alimentent encore une «confiance» artificielle dans le dollar. En revanche, si les participants au marché savaient quils nont en main, avec la valeur nominale du billet, que la promesse sans valeur de particuliers dans lesquels ont ne peut depuis longtemps plus avoir confiance, qui abusent constamment de leur pouvoir de manipuler la valeur de la monnaie, cette confiance se serait effondrée depuis longtemps.
Il en va des actions comme de la monnaie. La plupart de ces titres nont plus de substance et ne recèlent que de lespoir. Celui qui a cru avoir beaucoup gagné lors de la hausse fulgurante des actions a appris par le krach que laction ne comporte, outre la valeur du papier, que de lespoir, mais que celui-ci peut disparaître facilement. Le gain ou la perte dans le jeu de la Bourse sont de simples espérances et non des valeurs réelles. Tel est aussi le cas de la monnaie. La seule valeur réelle est celle du papier. Le reste est une confiance dans des puissances financières mondiales corrompues, mais fortes.