
Les introductions en bourse reprennent depuis le début du printemps. Mais quels sont les avantages et les inconvénients d'une telle opération pour une entreprise ?
Après un arrêt quasi-total des introductions en Bourse (IPO) au premier trimestre 2016 à cause de la chute des indices boursiers, les nouveaux projets d’IPO sont de nouveau nombreux en France depuis le début du printemps. Quels sont les avantages et les inconvénients d’une IPO pour une entreprise ? Les réponses de Pierre d’Agrain, associé au sein du cabinet de conseil et d’expertise comptable Exco.
Les lecteurs de Boursorama connaissent bien la Bourse du point de vue des investisseurs. Mais quels sont, pour une entreprise, les principaux avantages d’une introduction en bourse ?
Les avantages de ce type d’opération sont bien connus : cela offre une certaine notoriété à l’entreprise qui arrive sur le marché, et cela lui donne accès à une nouvelle source de financement en procédant à une augmentation de capital pour assurer une croissance plus rapide de ses activités.
Ce qu’on dit moins souvent, mais qui est très important, c’est que les marchés peuvent permettre de faire ce que les banques ne feraient pas, notamment en termes de financement de l’innovation. Par exemple, dans le domaine des biotechs et de la santé, les entreprises pourront facilement trouver des financements sur les marchés que les banques ne seraient pas prêtes à leur offrir.
En-dehors des biotechs et de la santé, puisque les taux sont actuellement très bas, pourquoi une entreprise voudrait-elle lever des fonds en bourse au lieu de réaliser un grand prêt bancaire ?
C’est vrai qu’étant donné les taux actuels, il serait moins coûteux pour une entreprise de réaliser un prêt que de lever des fonds en bourse, les intérêts bancaires pouvant être moins élevés que les éventuels dividendes à verser.
La raison pour laquelle les entreprises ne le font pas, c’est que l’usage des fonds levés n’est pas le même. Les banques refusent généralement d’accorder un prêt bancaire si celui-ci n’a pas pour but de financer un projet précis associé à un plan de mise en œuvre. Ainsi, si l’entreprise veut par exemple lever des fonds pour financer plus facilement son besoin en fond de roulement (BFR), sa banque risque de rester frileuse. Donc pour financer le développement de l’activité de manière générale et se donner des leviers pour croître, la meilleure solution reste d’augmenter son capital en s’introduisant en bourse.
Quel est le coût d’une introduction en bourse pour une entreprise ?
Cette opération a en effet un coût pour l’entreprise, qui peut vite atteindre plusieurs dizaines de milliers d’euros en frais de communication, en prestations et conseils bancaires, ou encore en frais d’avocats. Ces coûts sont bien sûrs variables en fonction des établissements choisis. Mais on peut dire qu’une introduction en Bourse pour une capitalisation de 15 millions d’euros coûtera au minimum 100.000 euros à l’entreprise qui s’introduit.
Il y a par ailleurs des coûts internes à une entrée en Bourse, surtout si l’entreprise adopte à cette occasion les normes comptables internationales IFRS qui sont obligatoires si l’entreprise choisit d’entrer sur Euronext.
Comment une entreprise de petite taille choisit-elle justement de s’introduire plutôt sur Alternext ou plutôt sur Euronext compartiment C ?
La différence, au-delà de la capitalisation boursière, tient vraiment aux contraintes réglementaires : Alternext est un marché seulement réglementé , alors qu’Euronext est un marché régulé . Le rapport entre avantage et inconvénients n’est donc pas le même.
Euronext va permettre à une entreprise cotée d’accéder à une meilleure visibilité et une meilleure liquidité, mais son cadre de développement sera plus exigeant en termes de communication des résultats.
Sur Alternext, malgré une plus faible liquidité, le cadre est plus souple, le processus d’introduction en bourse est plus simple, plus rapide, et l’entreprise n’a pas l’obligation de publier ses résultats en utilisant les normes comptables IFRS. En général, Alternext est un cadre qui convient bien aux PME, ainsi qu’aux start-up puisqu’il n’est requis que deux années de comptes, contre trois sur Euronext.
Pour une petite entreprise, faut-il éviter une introduction sur le Marché libre, que l’on sait très spéculatif avec des variations de +10% / -10% sans raisons particulières ?
Le Marché libre est en effet un marché très à part. C’est un marché non régulé, d’où le fait qu’il est spéculatif.
En général, une PME peut voir un intérêt à s’introduire sur le Marché libre si elle veut simplement accéder à une liquidité qui permettra à un associé de vendre sa participation dans une entreprise jusqu’alors non cotée. Une introduction sur le Marché libre peut donc se faire par cession de parts déjà existantes mais non cotées, sans forcément procéder à une augmentation de capital.
Dans une certaine mesure, le Marché libre peut également permettre à une entreprise de bénéficier d’une forme « d’apprentissage » des marchés avant de transférer sa cotation sur Alternext.
Une fois que l’entreprise est cotée en Bourse, dans quelle mesure la hausse ou la baisse du cours de Bourse peut-elle avoir un impact sur l’activité de l’entreprise ?
Tout d’abord, il est toujours utile bien rappeler que la hausse ou la baisse du cours de bourse d’une entreprise n’a aucune conséquence financière sur son activité, ni aucun impact comptable. La hausse du cours de bourse d’une entreprise ne fait pas « gagner de l’argent » à cette dernière.
Néanmoins, les variations du cours peuvent avoir un impact indirect sur le moral du dirigeant et des collaborateurs de l’entreprise, surtout si ceux-ci sont entrés au capital de l’entreprise lors de son entrée en bourse.
Si une entreprise cotée voit son cours baisser, cela peut également donner un mauvais signal sur le plan financier, et l’entreprise pourrait ensuite avoir plus de difficultés à se refinancer quand elle en aura besoin. En revanche, si le cours progresse fortement, cela peut être une porte ouverte pour procéder facilement à une nouvelle augmentation de capital de manière à poursuivre l’accélération de la croissance de l’entreprise.
Propos recueillis par Xavier Bargue
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