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Les banques européennes, risque majeur du scénario ? (Cercle des analystes indépendants)
information fournie par Boursorama 06/10/2016 à 08:56

En cette déjà fin 2016, Il y a sur la cartographie des risques financiers de nombreux sujets. Par définition, ces différents risques peuvent se réaliser, ou non. Ils peuvent catalyser une phase corrective de plus de 20% du cours des actions, que nous souhaitons éviter. Parmi ces risques, on peut citer l’explosion de la bulle du crédit en Chine, une crise politique majeure entre pays de la zone €, le dégonflement de la bulle immobilière britannique, l’élection de Donald Trump, ou encore une nouvelle spirale baissière des cours du pétrole.

Et si, finalement, le risque majeur du scénario était bancaire ?  Cette question mérite d’être posée au  moment où Deutsche Bank est l’objet d’une défiance majeure. Certains acteurs financiers ne veulent plus travailler avec la première banque allemande, considérant qu’il existe désormais un risque de contrepartie. On sait par ailleurs que les banques italiennes doivent gérer un niveau très élevé de créances douteuses, que la structure de défaisance « Atlante » aurait toutes les peines du monde à absorber…

Lorsqu’on procède à une analyse exhaustive de toutes les dimensions de ce qu’est une banque, on comprend mieux pourquoi leur valorisation par le marché est aussi faible. Il y a dans les banques cotées, une problématique et des risques, particulièrement importants dans le contexte général actuel. Nous les rappelons en 4 points.

1/Une banque n’est pas une entreprise comme les autres . Sous la supervision de la banque centrale, la banque commerciale est le seul acteur économique dont le métier de base consiste à créer de la monnaie, par l’acte d’octroyer un crédit à son client. Les banques, en plus, reçoivent et sécurisent les dépôts des clients, et gèrent le système des paiements. La banque est en relation avec tous les acteurs de l’économie : ménages, entreprises, Etat. A ce titre, elle gère des montants astronomiques : 9 banques européennes gèrent un total bilan supérieur à 1 000 milliards d’Euros. Le bilan total de BNP PARIBAS est équivalent au PIB de la France, 2 000 milliards d’€…Les banques européennes cotées gèrent 22 000 milliards d’actifs, soit environ 2 fois le PIB européen…

(données en Euros) - Source : Factset et Valquant

(données en Euros) - Source : Factset et Valquant

On l’aura compris, le rôle «systémique » des banques est majeur. On peut même dire, d’une certaine façon, qu’elles exercent une activité de « service public ». C’est pour cela que les états viennent à leur rescousse en cas de difficulté majeure….

2/De par leur situation au sein du système des paiements et du crédit, elles ont besoin d’une matière première essentielle à toute l’économie et à la finance : la confiance . C’est cette confiance qui fait que le système fonctionne bien, mais peut aussi s’effondrer  en quelques jours. Les situations de « bank run » observées notamment en Grande Bretagne pendant la crise de 2008-2009 peut arriver finalement à tout moment. Sans évoquer ces cas extrêmes, la confiance se mesure simplement, par le rapport entre la valeur de marché et les fonds propres de la banque. De ce point de vue, le verdict est sans appel : les cours des banques sont largement inférieurs à la valeur des fonds propres comptables des banques actuellement, comme depuis 8 ans. Cela signifie que la confiance est à un niveau très bas.

Source : Factset et Valquant

Source : Factset et Valquant

3/ Les défis que les banques doivent affronter sont considérables et très variés. Au niveau économique , la transition numérique met à mal le modèle économique lui-même. Le financement non bancaire de l’économie monte en puissance et prend des parts de marché. Le financement participatif (« crowdfunding »), dans ses développements futurs, pourrait menacer le crédit bancaire. Le système des paiements est lui aussi investi par de nouveaux entrants. Au niveau réglementaire , les dispositions des réglementations dite de Bale (2,3 et bientôt 4) obligent les banques à détenir toujours plus de fonds propres prudentiels, qui, en quelque sorte, garantissent les actifs. Or, la valorisation des banques, largement inférieure aux fonds propres rend très compliquée la levée de fonds propres auprès des actionnaires, en raison des problèmes de dilution des données financières réduites à une action. Au niveau judiciaire , les banques ont payé des montants considérables aux USA et en Europe : les déboires de BNP PARIBAS sont bien connus, et désormais ceux de Deutsche Bank Outre Atlantique…. Au niveau financier , la chute des taux a atteint un tel niveau qu’on se demande comment une banque peut vivre en proposant, en France, des taux de crédit immobilier sur 10 ans à un taux de 1,2 %... Le poids des créances douteuses (« non performing loans ») sont considérables dans certains cas, comme le montre le tableau suivant…

Source : Factset et Valquant

Source : Factset et Valquant

4/Enfin, les banques sont au cœur de la seule dynamique européenne des dernières années : l’Union Bancaire Européenne . Elle a trois piliers : la supervision des banques nationales par la BCE, la mise en place de règles de « résolution » des banques  (que fait-on en cas de faillite bancaire ?) et la garantie mutuelle des dépôts. Un des objectifs est de « briser le lien » entre les banques et les Etats et d’éviter de faire payer les contribuables en cas de faillite bancaire, par des règles dite de « bail-in » plutôt que de « bail out ». Le « bail in » consiste à faire porter le coût de la faillite aux créanciers de la banque, avant de faire intervenir éventuellement l’Etat (« bail-out »). Cela signifie implicitement que,  selon ces nouvelles règles, l’Etat retire son soutien aux banques. C’est bien d’ailleurs ce qu’a dit Mme Merkel  au sujet de la Deutsche Bank . Une difficulté aggravée de Deutsche Bank, de Commerzbank ou de certaines banques italiennes se traduirait nécessairement par une intervention étatique, en contravention avec les règles nouvellement décidées et non encore appliquées.

Cela constituerait un nouveau formidable camouflet pour la construction politique européenne…

Tous les sujets sont liés, et tous convergent vers les banques. Sur la cartographie des risques, la situation des banques européenne devient le sujet majeur. Elle pourrait catalyser une correction importante des cours dans les prochaines semaines.

Eric Galiègue

Le Cercle des analystes indépendants est une association constituée entre une douzaine de bureaux indépendants à l'initiative de Valquant, la société d’analyse financière présidée par Eric Galiègue, pour promouvoir l'analyse indépendante.

6 commentaires

  • 07 octobre 06:35

    Et on laisse entrer dans cette activité, n'importe qui. Les opérateurs de téléphonie mobile certains endettés jusqu'au déraisonnable, les grandes surfaces etc. Tout cela est trop vulnérables financièrement parlant pour exercer durablement les professions de la finance. Il faut réformer l'organisation de la finance internationale C'est la responsabilité du G20. En attendant l'UE doit s'intéresser de près à cette question il y a des risques d'explosion en Italie, portugal, allemagne ...


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