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"Le marché ne brille pas par sa patience ou son sang-froid" (Pictet AM)
information fournie par Boursorama 02/10/2015 à 17:18

Frédéric Rollin, conseiller en stratégie d’investissement chez Pictet AM.

Frédéric Rollin, conseiller en stratégie d’investissement chez Pictet AM.

Alors que les marchés boursiers sont toujours aussi mouvementés, nous avons demandé à Frédéric Rollin, conseiller en stratégie d’investissement chez Pictet AM, ce qu'il pense de la situation actuelle.

Les marchés européens ont continué d'être chahutés en septembre. Faut-il en profiter pour réaliser des achats à bon compte, ou faut-il rester prudent pour les semaines et mois à venir ?

Frédéric Rollin : Nous restons neutres sur les actions mondiales, avec une préférence pour la zone euro par rapport aux Etats-Unis. Nous ne profitons pas actuellement de la baisse des marchés pour prendre une position globalement surpondérée.

La principale raison de notre prudence est le ralentissement dans les pays émergents, celui de la Chine en particulier.

Afin de résorber les excès de crédit accumulés depuis 2009, le gouvernement chinois a mis en place en 2014 une politique monétaire peu accommodante. C’est la raison principale du ralentissement actuel. La banque centrale a depuis relâché sa politique monétaire, mais seulement très modestement, ceci pour deux raisons. Le gouvernement semble accepter une croissance plus faible, et le yuan est actuellement attaqué. Il serait plus difficile pour la banque centrale de défendre sa monnaie si elle baissait en même temps les taux.

Le manque de force dans la relance monétaire pèse sur l’économie. Quelques signes d’amélioration se font jour, notamment dans l’activité immobilière, mais ceci nous semble insuffisant pour rassurer les investisseurs. Mais ce n’est pas tout. Le ralentissement chinois à de fortes conséquences négatives sur les pays émergents dans leur ensemble.

D’une part, le ralentissement chinois touche particulièrement l’investissement. Le pays consomme en conséquence moins de matières premières. Pour les exportateurs comme le Brésil, les prix et les volumes baissent, plongeant le pays dans la récession. D’autre part, la crainte d’un ralentissement mondial fait monter la volatilité de marché et pousse les investisseurs internationaux à réduire leurs risques. Les pays à comptes courants négatifs, qui font face à des besoins de financement récurrents, trouvent plus difficilement du financement et doivent accepter un coût d’emprunt plus élevé. Sur le sujet, la potentielle hausse de taux de la Fed n’aide pas. La Turquie en particulier est touchée.

Ralentissement chinois, récession dans les pays exportateurs de matières premières et montée des coûts de financement dans les pays à comptes courants négatifs, nous restons prudents.

Après le minikrach de cet été, beaucoup de sociétés de gestion ont affirmé que les inquiétudes sur la Chine étaient exagérées. Rejoignez-vous ce point de vue ?

F. R. : Notre scénario principal reste un atterrissage en douceur de la Chine. Les craintes d’atterrissage brutal sont exagérées.

Toutefois, les dernières enquêtes auprès des entreprises montrent une baisse des perspectives. Le rebond de l’économie chinoise risque donc de tarder, et les marchés ne sont guère patients. Nous attendons des signes plus clairs de rebond de l’économie avant de réinvestir. Les mesures budgétaires de cette semaine, comprenant une baisse des taxes sur les achats de voitures est encourageante mais encore insuffisante de notre point de vue pour susciter un rallye.

À propos d'achats de voitures, l’affaire Volkswagen a récemment été un sujet de crispation sur les marchés. Tout le secteur automobile a été lourdement pénalisé. N’est-ce pas complètement excessif ?

F. R. : Depuis cet été, le marché ne brille pas par sa patience ou son sang-froid. La rentrée a été difficile pour beaucoup d’investisseurs et les marchés sont nerveux. Le ralentissement émergent nourrissait déjà une certaine défiance sur le secteur automobile. Le cas de Volkswagen, que l’on peut jusqu’à maintenant considérer comme particulier, a fait perdre patience au marché et entrainé injustement l’ensemble du  secteur à la baisse. La baisse brutale de Glencore (matières premières et énergie) de ces derniers jours procède de ma même mécanique : de mauvaises nouvelles dans des marchés fragiles mènent souvent à des exagérations.

La question est maintenant de savoir si nous avons atteint un point maximum de pessimisme. Ce serait alors, même dans des circonstances économiques peu favorables, l’occasion de reconsidérer notre position et d’acheter. De notre point de vue, il est clair que les investisseurs sont devenus généralement pessimistes, mais pas encore à un niveau suffisamment extrême pour déclencher un achat.

Lors de la dernière réunion de la Fed, le statu quo sur les taux a été décidé à neuf voix contre une. Avec une telle majorité, peut-on vraiment envisager que la Fed remonte ses taux avant 2016 ?

F. R. : La croissance américaine reste solide et le relèvement des taux en décembre 2015 est largement possible. Toutefois, la Fed a affirmé à maintes reprises que sa politique monétaire dépendrait des données économiques à venir. Aucune décision n’a été prise et les dernières statistiques sont médiocres. Le dernier ISM notamment, enquête sur les perspectives des entreprises, a baissé fortement en septembre, s’approchant dangereusement du niveau de 50 en dessous duquel le risque de récession devient matériel. Nous n’anticipons pas de récession, mais il devient clair que le ralentissement chinois commence à peser sur l’économie globale. La probabilité d’une première hausse des taux en 2016 s’accroit.

Sur les marchés actions, quels sont vos secteurs favoris pour la fin de l’année ?

F. R. : Nous privilégions des thèmes d’investissement plus que des secteurs.

Parmi ces thèmes, les valeurs opérant dans la sécurité informatique, des biens et des personnes ont notre préférence. L’urbanisation galopante des pays émergents nécessite la sécurisation de nombreuses infrastructures. Dans le but de protéger les populations, la réglementation est toujours plus présente. Les entreprises de testing et de contrôle en bénéficient. Enfin, l’innovation dans le secteur informatique ne cesse de créer de nouveaux besoins dans ce domaine. Les récents piratages de grandes bases de données et du cloud en sont une démonstration flagrante.

Nous pensons par ailleurs que la baisse récente des valeurs de la santé et de la biotechnologie en particulier nous offre un bon niveau d’achat. La volonté d’Hillary Clinton de baisser les prix de certains médicaments procède en premier lieu de la volonté de capter des auditeurs et des votes dans le cadre de la présidentielle américaine. Le sénat reste aujourd’hui républicain et il est peu probable que nous assistions à de drastiques baisses de prix des médicaments dans un avenir proche. L’innovation dans le secteur est dynamique, et le vieillissement de la population, l’attention croissante portée par les individus à leur santé et le développement économique émergent, qui amène dans ces pays les maladies chroniques comme le diabète, restent un moteur puissant.

Propos recueillis par Xavier Bargue

7 commentaires

  • 09 octobre 10:46

    Il faut quand même relativiser cette histoire de robot sur les marchés : https://www.en-bourse.fr/le-hft-trading-haute-frequence-va-t-il-tuer-les-petits-porteurs/


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